Les Celtes à la Une

Par Amaury Piedfer
Les Gaulois d'aujourd'hui sont de plus en plus avides de redécouvrir leurs racines et de cultiver leur spécificité, cela est de plus en plus évident, malgré les injonctions de plus en plus insupportables de la propagande d'Etat à participer au grand métissage final (qui, soit dit en passant, ne concerne que la France et l'Europe, le reste du monde observant goguenard les anciens maîtres s'effondrer dans leurs propres délires idéologiques). C'est ainsi que fleurissent depuis quelques années les ouvrages sur l'histoire de France et, chose nouvelle, en particulier sur l'Anquité celtique ou gallo-romaine de notre pays. J.-L. Brunaux, V. Kruta, S. Fichtl, O. Buchsenschutz, D. et Y. Roman, J. Lacroix, ont ainsi récemment publié d'excellents ouvrages de synthèse sur la civilisation celtique en général ou sur la Gaule en particulier, et tous les éditeurs veulent désormais avoir leur ouvrage sur la question, tant leur succès est croissant.
Ce mois-ci, paraissent deux grandes revues nationales qui, une nouvelle fois, font leur une sur la strate celtique de notre civilisation.
Ainsi, l'excellente revue L'Archéologue -Archéologie Nouvelle, dans son numéro de février-mars 2008, consacre un imposant dossier à "La découverte des Celtes", à l'occasion des 150 ans de la découverte du site de La Tène. C'est en effet en 1857 que sur les bords du lac de Neuchâtel (Suisse), fut découvert puis fouillé un très important site de l'âge du Fer, site dont la période d'apogée se situe au IIIème siècle av. J.-C. On y découvrit tout d'abord des armes de fers (épée, fourreaux, pointes de lances). Des structures construites en bois, préservées par l'humidité de l'environnement, révèlèrent ensuite que le site avait été le lieu d'aménagements importants, en fait deux ponts qui permettaient de franchir le cours d'eau alimenté par le lac. Les fouilles ont alors révélé une grande richesse dans le matériel conservé sur place : armes de fer, mais aussi objets de bois, de céramique, de cuir, vannerie et textile ; ces centaines d'objets ont été déterminants pour connaître la civilisation matérielle des Celtes des IIIème-Ier siècles av. J.-C.En 1872, le Suédois H. Hildebrand, qui venait d'établir une périodisation de l'âge du Fer (premier âge du Fer de 800 à 500 av. J.-C. environ, second âge du Fer de 500 à 50 av. J.-C. environ), décide de nommer la seconde période d'après le site de La Tène, tant celui-ci paraissait représentatif de la période dans son ensemble. Ces années 1854-1872 sont donc le début d'une grande aventure intellectuelle, scientifique mais aussi politique, qui allait en 150 ans faire passer les anciens Celtes du rang de barbares arriérés au rang de grande civilisation européenne. C'est cette aventure qui est racontée à travers une série d'articles passionnant, écrits par des spécialistes de la question, comme Patrice Méniel ou J.-L. Brunaux.

Sur le cours d'eau qui alimenté par le lac de Neuchâtel, les Celtes du IIIème siècle av. J.-C. ont construit un monumental pont de bois, dont les techniques de construction impressionnent encore les archéologues aujourd'hui. Son rôle a pu être pratique, en un lieu qui joignait voies de terre et voies d'eau, mais aussi cultuel, car de nombreuses offrandes furent découvertes dans les environs.

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La revue Les Dossiers d'archéologie (Editions Faton) de mars-avril 2008 se consacre intégralement au thèmes "Les Celtes et la Loire". Plus de 90 pages rédigées par d'éminents spécialistes, dont S. Fichtl, O. Buchsenschutz, K. Gruel, E. Vial ou P.-Y. Milcent, qui nous offrent de découvrir l'histoire, les techniques, les habitats, l'occupation du territoire, les villes et les activités des Celtes du Centre de la France. Un article de P. Bailly s'attache également à retracer l'histoire des fouilles et de la redécouverte des Gaulois du Centre depuis 150 ans, c'est-à-dire depuis le temps de la découverte de ... La Tène. Une très riche illustration, faite de cartes, de plans et de schémas, mais aussi de nombreuses photographies, aident à comprendre les problématiques et à se familiariser avec les vestiges de notre antiquité celtique. Une revue dont la découverte devrait apporter beaucoup non seulement aux descendants des Turons, des Carnutes et des Bituriges, mais aussi à tous les Gaulois désireux d'aller au fond des choses et de prendre toute la mesure de ce que furent nos ancêtres, d'après les toutes dernières avancées des recherches archéologiques.

Amaury Piedfer.