Le lien entre sur-assurance santé et reste à charge : Un séminaire de l’IRDES

Publié le 13 janvier 2012 par Damienamselem

Le prochain séminaire inscrit dans le cadre des « Mardi de l’IRDES » (Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé) aura pour thème L’Impact d’une sur-assurance santé sur le reste à charge des patients.

Complémentaires santé et restes à charge

L’objet essentiel de la souscription d’une assurance complémentaire santé pour les individus, c’est en premier lieu la réduction du risque financier en association avec la maladie et la pathologie. En théorie (hypothèse qualifiée de « naïve » par les rédacteurs de la présentation du séminaire), la souscription d’une assurance santé est censée introduire une diminution du reste à charge (RAC) pour les patients. Mais les auteurs font l’hypothèse que le fait pour l’individu de disposer d’une assurance induit une modification à la hausse de sa consommation de soin :

-    Il peut s’agir d’aléa moral (l’assuré augmente sa prise de risque par rapport au cas où il supporterait entièrement les conséquences négatives de la réalisation du risque – ce versant de l’hypothèse laisse plutôt sceptique pour l’assurance santé)
-    ou plus vraisemblablement d’accès aux soins : L’individu qui différait, ou renonçait à se soigner en raison des coûts dispose d’une incitation suffisante à le faire (pour rentabiliser son assurance d’une part, et aussi car le rapport coût du nouveau reste à charge/risques est en faveur des soins.

Lien entre consommation de soin et assurance santé

Cette consommation de soins à la hausse va donc  avoir une incidence sur le reste à charge des patients, en vertu notamment des dépassements d’honoraires, et de toute la partie de la consommation de santé qui n’est couverte ni par l’assurance maladie obligatoire, ni par l’assurance complémentaire santé.  L’IRDES conclue que «  Le lien entre assurance et RAC n’est donc pas si clair ».

L’objet du séminaire est de présenter les résultats de l’enquête suivante :

Les chercheurs ont constitué un panel d’individus auxquels a été offerte une sur-complémentaire d’assurance, et ont testé l’hypothèse d’un lien de causalité entre assurance et réduction du reste à charge lié aux dépenses de santé. L’autre hypothèse testée non moins intéressante consiste à  mesurer le lien entre  l’évolution des RAC et l’amélioration de l’accès aux soins.

Résultats de l’étude

Les résultats de l’étude mettent en évidence que la sur-complémentaire (SHI) ne réduirait pas le RAC mais l’augmenterait pour ceux qui souscrivent tardivement (cela tombe au coin du bon sens, puisque plus l’on a retardé l’accès aux soins, plus l’état de santé s’est dégradé d’ordinaire). La hausse s’explique par une hausse du recours aux soins, et non une « hausse de la dépenses supportée en cas de recours ». Autre résultat mis en évidence : Une solvabilisation (logique) et plus intéressant une diversification de la demande de soins.
Toute la question étant bien sûr – la chose sera à vérifier à la lecture de l’étude – de connaître les niveaux de couvertures  des sur-complémentaires : S’ils sont insuffisants (comme la majorité des contrats souscrit dans le cadre de l’aide à la complémentaire santé par exemple), il est bien évident que l’augmentation du reste à charge (puisque les dépassements d’honoraires sont insuffisamment pris en charge) ne peut tendre qu’à augmenter…  (Pour ne parler que des soins…).

Sources

L’Impact d’une sur-assurance santé sur le reste à charge des patients
Franc C., Gosselin A., Perronnin M., Pierre A.
Mardi 24 janvier 2012 à 13h30 à l’Irdes
http://www.irdes.fr/EspaceRecherche/Seminaires.html

à lire aussi la revue de presse de Janvier de l’IRDES / http://www.irdes.fr/EspaceDoc/LuPourVous.html