Livre : « De Marquette à Veracruz» de Jim Harrison

Par Creachriss
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Amateurs de grands espaces, de personnages exacerbés, et de littérature, Jim Harrison est pour vous.

Les premières  phrases : « Je m’appelle David Burkett. Je suis en fait le quatrième d’une lignée de David Burkett  qui remonte aux années 1860 quand mon arrière-grand-père émigra de Cornouailles, en Angleterre, vers la péninsule Nord du Michigan qui constitue la frontière sud du Lac Supérieur, cette vaste mer intérieure d’eau douce. »

Le Résumé de l’éditeur : C’est pour régler de vieux comptes avec sa famille fortunée, compromise depuis trois générations dans l’exploitation forestière éhontée du Michigan, que David Burkett décide de s’exiler dans un chalet de la Péninsule Nord. Son père est une sorte d’obsédé sexuel, un prédateur qui s’attaque à de toutes jeunes filles, tandis que sa mère se réfugie dans l’alcool et les médicaments. Au cours de son passage à l’âge adulte – car il s’agit bel et bien d’un roman d’éducation contemporain -, David fera la connaissance d’un inoubliable triumvirat de jeunes femmes : Riva la Noire, qui a décidé de consacrer sa vie aux enfants miséreux ; Vernice, la poétesse affranchie des conventions, et Vera, la jeune Mexicaine violée par le père de David alors que le jeune homme en était amoureux.

L’Auteur : Scénariste, critique gastronomique et littéraire, journaliste sportif et automobile, Jim Harrison, né dans le Michigan en 1937, décide de devenir écrivain à l’âge de douze ans. D’abord enseignant à l’université de New York, il retourne dans sa région natale et connaît ses premiers succès avec sa poésie, puis bifurque vers le roman. Depuis, il a publié des recueils de poésie et de nouvelles – dont Légendes d’automne, En route vers l’Ouest -, huit romans – dont Dalva, Un bon jour pour mourir, La Route du retour, De Marquette à Veracruz – et une autobiographie, En marge. Jim Harrison partage aujourd’hui son temps entre le Michigan et le Montana.

Mon avis : C’est le roman tourmenté d’une tragédie familiale se déroulant sur fond de ces grands espaces du Nord Est américain, dans ces rudes contrées forestières, pays de trappeurs où le temps semble s’être arrêté.

Rempli de haine pour son père, monstrueux prédateur sexuel, débordant d’amour pour les femmes en se sentant coupable de n’avoir su protéger celle qu’il considère comme son seul véritable amour et qui a été violée par son père, envahi de culpabilité vis-à-vis de ses ancêtres qui ont participé à la déforestation sauvage de la forêt du Michigan, David part dans un chalet au fond de la forêt, entouré de ces souches qui sont autant de traces des forfaits de ses ancêtres, et décide de retracer l’histoire de cette région pour dénoncer et tenter d’expier ces fautes.

Comme toujours chez Jim Harrison, les paysages sont remarquablement bien décrits et en lisant, on revoit des images de grands films tels Le dernier trappeur, La captive aux yeux clairs, Into the wild ou Et au milieu coule une rivière…

L’atmosphère de paix qui se dégage de ces paysages, notamment dans ces longues parties de pêche, n’en rend que plus tourmenté le personnage de David qui côtoie la violence et la folie.

Autour de lui, vont et viennent des personnages de femmes magnifiques dont sa sœur qui a su se débarrasser du poids énorme de cette famille, sa mère réfugiée dans diverses addictions, et ses maîtresses qui laisseront toutes une nette empreinte, plus profonde que celle qu’il leur laissera.

L’écriture est tortueuse, complexe et ce n’est pas facile à lire mais on sort époustouflé de ce qui est vraiment un chef d’oeuvre.

 Infos pratiques : Editions BOURGEOIS – 2004 – 485 pages – 25 € ; existe aussi en Poche 9,60 € et se trouve également en occasion

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