Top Films 2011

Publié le 15 janvier 2012 par Boustoune

Bon, maintenant que 2012 est lancé sur de bons rails, il serait temps de dresser un petit bilan de l’année cinématographique écoulée et de vous présenter le classement des films qui nous ont le plus marqué en 2011.

Comme d’habitude, nous nous rendons compte que nous avons plutôt mis l’accent sur des coups de coeur personnels et des oeuvres un peu moins exposées médiatiquement plutôt que sur certains gros films “évidents” plébiscités par les critiques et/ou le public.

Vous n’y trouverez pas Intouchables, par exemple, l’énorme succès populaire de l’année. On a aimé le film, on l’a défendu et on continue de penser qu’il s’agit d’une comédie réussie. Mais pas au point de la propulser dans le haut de notre classement… On pourrait citer une bonne cinquantaine de films qui mériteraient plus d’y figurer.
Et puis, avouons-le, l’ampleur du phénomène nous agace un peu. Attention, nous ne sommes pas de ceux qui s’ingénient à fustiger tout ce qui rencontre un succès populaire. Le film cartonne au box-office et c’est tant mieux pour les deux réalisateurs, pour les acteurs, pour le cinéma français et la fréquentation des salles…
Le problème, c’est que dès qu’un film commence à faire un peu parler de lui, les média s’en emparent pour amplifier artificiellement le phénomène. On “force” un peu la main aux spectateurs potentiels en ne parlant que du film à voir absolument, ce qui, évidemment, se fait au détriment des autres films, perdus au milieu des blockbusters hollywoodiens, des films pour jeune public et du film-événement surmédiatisé de l’année…
Et on s’énerve aussi quand on entend des gens déclarer joyeusement qu’ils vont retourner voir le fameux film pour la troisième ou quatrième fois, en passant totalement à côté de véritables pépites cinématographiques… Quitte à aller au cinéma trois fois dans l’année, autant aller voir trois films différents plutôt que trois fois le même film, non?

Vous n’y trouverez pas non plus certains des grands films adulés par nos confrères du web, comme Drive ou Tree of life.
Avant de recevoir les vives protestations de nos amis critiques, rappelons-leur que nous avons beaucoup aimé ces films, même si nous sommes un peu moins dithyrambiques qu’eux.
Le premier est un beau mélange de film d’action et de cinéma d’auteur, qui impose de manière définitive trois indéniables talents : Nicolas Winding Refn, Ryan Gosling et Carey Mulligan. Mais Drive n’a pas été un choc de même amplitude que la découverte, il y a deux ans, de Bronson, du même auteur…
On ne le met donc pas dans notre Top, pour privilégier d’autres oeuvres qui nous ont plus transportés, mais il aurait pu y figurer. (Ne serait-ce que pour sa bande-originale assez envoûtante)
Le second, Palme d’or à Cannes, est un grand film, intense, profond, bien maîtrisé et assez audacieux, mais il a beaucoup divisé à cause de sa longue séquence de big-bang placée au coeur du métrage, qui a fait fuir plus d’un spectateur. On pense que Terrence Malick aurait pu condenser un peu son récit et le rendre un peu moins froid, moins austère. Donc, même chose, on choisit délibérément de ne pas le glisser dans notre classement alors que ses qualités artistiques sont indéniables…

On peut ajouter à cette liste de “recalés” de très bons films de très bons auteurs : Kaurismaki pour Le Havre, Cronenberg pour A dangerous method, Woody Allen pour Minuit à Paris, Pedro Almodovar pour La Piel que habito, les frères Dardenne pour Le Gamin au vélo
Plus quelques belles confirmations : Polisse de Maïwenn, Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Love, La dernière piste de Kelly Reichardt ou Tomboy  de Céline Sciamma…
On les aime tous, à des degrés divers, mais on préfère mettre en avant des auteurs qui nous ont surpris, émus, transportés, époustouflé.

Alors, trêve de blablas, place à notre Top 20 des meilleurs films de 2011. Roulement de tambour… Et les lauréats sont…

TOP 20 2011 : 

1. Une séparation (Iran) d’Asghar Farhadi
2. Donoma (France) de DjinnCarrenard
3. Incendies (Canada) de Denis Villeneuve
4. The Artist (France/Etats Unis) de Michel Hazanavicius
5. Il était une fois en Anatolie (Turquie) de Nuri Bilge Ceylan

6. Mélancholia de Lars Von Trier (Danemark)
7. Shame de Steve McQueen (Royaume-Uni)
8. Et maintenant, on va où? (Liban) de Nadine Labaki
9. Ni à vendre, ni à louer (France) de Pascal Rabaté
10. Black Swan (Etats-Unis) de Darren Aronofsky

11. Poulet aux prunes (France) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
12. The Future (Etats-Unis) de Miranda July
13. La Guerre est déclarée (France) de Valérie Donzelli
14. La Source des femmes (France) de Radu Mihaileanu
15. True Grit (Etats-Unis) de Joel & Ethan Coen

16. We need to talk about Kevin (Royaume-Uni) de Lynne Ramsay
17. Carancho (Argentine) de Pablo Trapero
18. Chico & Rita (Espagne) de Javier Mariscal et Alfonso Cuaron
19. Le Voleur de lumière (Kirghiztan) de Aktan Arym Kubat
20. Ha ha ha (Corée du Sud) de Hong Sang-Soo

suivent : Balada triste, D’un film à l’autre, Hanna, L’exercice de l’Etat, Drive, Polisse, Tree of life

Bon, oui, on le sait, notre n°1, Une séparation n’appartient pas à cette catégorie de films n’ayant pas eu de vitrine médiatique ou de succès public. On peut même dire que c’est tout le contraire : Ours d’Or à Berlin en 2009, pluie de louanges critiques et incroyable succès public en salles pour un film d’art & essai iranien sans stars et sans gros budget publicitaire!
Mais voilà, il s’est imposé assez naturellement en haut de notre palmarès, tant il nous a conquis par ses qualités d’écriture, de mise en scène, d’interprétation… Et il est assez emblématique du cinéma qui nous enthousiasme : des oeuvres qui arrivent à parler à la fois de sujets particuliers tout en touchant à l’universel, portées par une narration forte et suscitant autant l’émotion que la réflexion, ouvertes sur le monde et des problématiques contemporaines complexes, et proposant, dans le même temps, de véritables idées de cinéma…

Le second film, Donoma, nous a bluffés.
On ne s’attendait pas à être aussi enthousiasmés par un premier film, tourné sans budget, avec une caméra numérique et une équipe de bénévoles amateurs, d’autant que Djinn Carenard, le jeune cinéaste, avait opté pour la forme d’un film choral, genre particulièrement “casse-gueule”. Et pourtant, les différents récits s’entrecroisent avec brio, les acteurs jouent tous juste, bien plus que certains “grands” acteurs ronronnant tranquillement dans des films médiocres au budget plus confortables (des noms! des noms!). Et surtout, le metteur en scène ose, expérimente, bouscule certain,es conventions narrative. C’est notre plus belle surprise de l’année et elle se devait figurer en bonne place dans notre top.

Sur la troisième marche du podium, Incendies, l’un des premiers films que nous avons vus l’an passé et l’un des premiers chocs, aussi. Il a continué à nous hanter au cours des mois suivants et se retrouve logiquement parmi nos favoris.

Ensuite, on retrouve trois films de la sélection cannoise, victime d’injustices flagrantes – de notre part ou de la part des autres :
Quand on a vu que The Artist était programmé en compétition officielle, on a un peu ricané : “mouais, c’est juste pour que Dujardin fasse le pitre sur les marches”. Et puis on l’a vu et on a été complètement emballés. Voilà encore un film qui parvient à mettre d’accord la critique et le public, à proposer une oeuvre esthétiquement sublime avec un fond intelligent… C’était notre palme de coeur, sincèrement…
Quand on a vu Il était une fois en Anatolie, on arrivait en fin de festival et c’était de surcroît à une séance de deuxième partie de soirée qui n’est pas l’idéal pour une oeuvre aussi contemplative. Mais on lui a donné une seconde chance et cette fois, on a pu apprécier à sa juste valeur ce beau film, à la mise en scène remarquable.
Enfin, on attendait beaucoup de Melancholia, le nouveau Lars Von Trier, et on n’a pas du tout été déçus, ne serait-ce que pour son introduction, belle à euh…mourir. Le jury cannois aussi a aimé le film, qui se dirigeait probablement vers la Palme ou au moins un Grand prix du Jury… Seulement voilà, il y a eu la polémique autour des propos du cinéaste danois sur Hitler et le nazisme, une blague mal comprise en réponse à une remarque débile d’une journaliste imbécile.
LVT a été banni, déclaré persona non grata au festival de Cannes et le film a dû “se contenter” d’un prix d’interprétation pour Kirsten Dunst. Une sorte de punition… Mais il y a eu double peine. Les distributeurs, suite à ce scandale, ont boudé le film, qui a fini par sortir en catimini, à la fin de l’été et n’est resté que peu de temps à l’affiche. Alors, cette place dans notre Top 10 est une façon de réhabiliter un film qui n’a pas bénéficié des meilleures conditions pour trouver son public.

Shame a, lui, eu plus de soutien. Mais son sujet, un brin “sulfureux”, a effarouché certains spectateurs.
Le film de Steve McQueen est pourtant un petit bijou de subtilité et de pudeur, parfaitement maîtrisé et orchestré. On attendait avec impatience la nouvelle réalisation de l’auteur de Hunger. Là encore, on n’a pas été déçus.
Ensuite, deux gros coups de coeur.
Déjà pour Et maintenant, on va où? , fable magnifique, drôle et touchante, qui prône par l’humour la réconciliation entre les différentes communautés religieuses cohabitant au Moyen-Orient. Une oeuvre qui confirme tout le bien que l’on pensait de la délicieuse Nadine Labaki (Caramel)
Ensuite pour Ni à vendre, ni à louer, le nouveau film de Pascal Rabaté, une comédie façon Tati, quasiment sans dialogues, pleine de charme, d’humour mais aussi d’une pointe de mélancolie et de nostalgie.

Pour fermer le Top10, on a choisi Black Swan, le terrifiant thriller de Darren Aronofsky, porté par une Natalie Portman en état de grâce. Certes, il s’agit d’une grosse machine hollywoodienne, mais c’est un film inhabituellement noir pour le public américain, et cela fait plaisir de voir que, même en ayant mis un pied dans le “système”, l’un auteurs les plus doués de sa génération continue de réaliser les films sans se fixer de barrières.

Viennent ensuite Poulet aux prunes, oeuvre qui est passée trop inaperçue à notre goût et qui s’est attirée les foudres de quelques ayatollahs de la bande-dessinée pour cause de trop grande fidélité au scénario du roman graphique éponyme. Pourtant, il s’agit d’une oeuvre forte, poétique, drôle, sensible, visuellement splendide et portée par une distribution magnifique. Puis The Future, film atypique, peu aimable car générant un certain malaise et procurant un très profond sentiment de mélancolie. Mais c’est justement en cela qu’il nous a durablement marqués, et la voix déchirante de ce curieux chat plâtré qui assure la narration du film nous trotte encore dans la tête, plusieurs mois après la projection.
On ne pouvait pas non plus ne pas citer La Guerre est déclarée, qui réussit la gageure de traiter de sujets on ne peut plus graves et douloureux – la maladie d’un enfant, la fin d’un couple – avec fantaisie, douceur, et une exceptionnelle énergie vitale. Un film qui ressemble à ses auteurs, Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm, généreux, humaniste, humble. Des qualités qui coulent aussi de La Source des femmes de Radu Mihaileanu, belle fable féministe illuminé par un casting féminin exceptionnel, Leïla Bekhti en tête.

On aime Jeff Bridges, on aime les frères Coen quand ils traitent de la société américaine actuelle en convoquant les fantômes du passé, on aimait 100 $ pour un shérif, le film d’Hathaway avec John Wayne dans le rôle principal. On ne peut qu’aimer ce remake, plus noir, plus cynique, où notre Dude préféré livre une grande performance. Le film ayant été un peu oublié dans la plupart des tops de nos potes, on répare quelque peu cette injustice.

On soutient aussi très fort We need to talk about Kevin, l’une de nos plus belles surprises cannoises. Le long-métrage de Lynn Ramsey n’est pas totalement abouti, mais c’est une des mises en scènes les plus inspirées et les plus audacieuses de l’année. Et là aussi, il s’agit d’un film passé relativement inaperçu, noyé dans les sorties de la rentrée.
Idem pour Carancho, l’un des meilleurs films noirs de l’année, sorti dans un circuit de salles assez restreint.

On a choisi Chico & Rita pour représenter le cinéma d’animation, car dans ce secteur particulier, l’année a été très riche : The Prodigies, Rango, Un monstre à Paris, Arrietty, Kung-fu panda 2, Le Chat du rabbin… Il y en a eu pour tous les goûts. Celui-là est assez atypique de par son dessin – sous la plume de Mariscal – son sujet, plus adulte, et son positionnement au confluent de plusieurs arts : cinéma, dessin, musique…

On a aussi voulu rendre hommage à un cinéaste kirghize, Aktan Arym Kubat, qui nous a enthousiasmés avec son Voleur de lumière. Un film… euh… lumineux.

Et pour finir, on se réconcilie définitivement avec Hong Sang-Soo, dont on a pu redécouvrir l’oeuvre lors du dernier festival du film asiatique de Deauville et qui signe cette année, avec Ha ha ha et Oki’s movie, ses deux films les plus aboutis en matière de complexité narrative, tout en conservant cette patte reconnaissable (les fameuses scènes de repas en plan fixe, cadrées au millimètre).

Ouf! Voilà pour ce top 20 annuel…
Cette année, on peut même vous proposer un flop 10 des plus gros nanars, puisque même si on essaie de les éviter, on en a quand même subi un bon paquet en 2011…

FLOP 10 2011  :

10. Les Boloss
9. Low cost
8. Dream house
7. Switch
6. Père Noël : origines
5. Escalade
4. La Croisière
3. Green Lantern
2. Hallal Police d’Etat
1. L.A. Zombie

Voilà, c’est tout pour cett…
Miaohhh! Kssssss! Crok! Griff!

Non mais oh! Tu as écrit un pavé sur tes tops & flops et je n’ai plus de place pour m’exprimer…

Chalut les humains,

Rassurez-vous, je vais faire plus bref que Boustoune. Moi aussi, je vous propose mon top. Un Top Cat des quatre meilleurs films de l’année, c’est-à-dire ceux avec un félin en tête d’affiche…

TOP CAT 2011 : 

1. Le Chat Potté (Puss in boots, quoi. La classe totale…)
2. Le Chat du Rabbin (Un chat philosophe qui a tout compris à la nature humaine)
3. The Future (M’a fait chialer, ce con là…)
4. Kung-Fu Panda 2 (pour la tigresse, hein, parce que moi, les gros pandas, bof…)

Plein de ronrons et bonne channée à tous.

Scaramouche