Mode in France

Publié le 16 janvier 2012 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

J'avais pris goût au journalisme d'investigation, après ma dernière enquête.

J'ai donc ouvert ma penderie.

Je n'allais pas m'arrêter au prix des appareils à raclette sur la voie du civisme, du nationalisme, du protectionnisme et pourquoi pas du souverainisme.

Ces insolentes étiquettes "Made in China" qui trônaient sur la moitié de mes effets conçus en Suède, je n'en voulais plus.

A ma grande surprise, j'avais déjà à mon insu accompli quelques actes citoyens, telle cette veste Sandro :

ou cette blouse Maje :

Contrairement à ce que professaient ces imbéciles libéraux ("Peut-on vraiment définir ce que signifie "acheter français" ? Est-ce acheter les produits d'entreprises françaises ? Ou bien n'est-ce pas plutôt acheter des produits fabriqués en France par une entreprise étrangère au lieu d'acheter des produits fabriqués à l'étranger par des entreprises françaises") il était on ne peut plus simple de soutenir l'économie française, il suffisait de choisir une marque française made in France et d'y mettre le prix pour aider le pays.

Tiens : APC. On checke, on achète.

Y avait quand même quelques ratés parmi les marques française et ce parmi les plus honéreuses.

Prenez Paul & Joe et Isabel Marant.

Il apparaissait que nos amis bridés avaient participé au processus de production de ce manteau.

Et les indiens avaient été sollicités pour augmenter les marges de la styliste star.

Pas de quoi casser 3 pattes à un canard, il suffisait de boycotter les vilains, ceux qui boîtaient, et se rabattre sur les marques 100% french comme Sandro et Maje.

Bien.

Bon, tant que ça reste européen.

OK.

Mais ce sont nos cousins.

APC ?

Je ne sais pas ce qu'ils sont allés foutre chez les transalpins.

Et je me rappelais que les articles de ces 3 maisons produits en France avaient été acquis il y a presque une dizaine d'années.

Une décade pour délocaliser.

Ils ne s'en cachent même plus car la mention "made in china" est maintenant en première ligne.

Nos tristes sires n'avaient donc pas tout à fait tort quand ils nous expliquaient la nécessité de "déterminer ceux des produits ou des segments de production qui ont le plus de contenu en emplois des résidents".

Un économiste atterré pourrait-il me calculer tout ça pour m'aider à me décider ?

Ca va être coton, ah ! ah !

Et même, si je m'abonnais à Maje, en me gavant de nouilles pour y arriver...

"Cet effort de patriotisme économique, s'il devait se concrétiser, constituerait une forme d'attachement de la clientèle à certains types de produits, en l'occurrence désignés par leur nationalité, qui aurait pour effet de réduire l'intensité de la concurrence. Il pourrait conduire les entreprises concernées à s'exonérer des efforts nécessaires pour améliorer leur compétitivité-prix ou hors-prix".

... est-ce que sa créatrice continuerait à se décarcasser pour se démarquer d'H&M ?