[Critique] SLIPSTREAM d’Anthony Hopkins

Par Celine_diane

Attention, expérience. Le troisième film d’Anthony Hopkins joue la carte de l’ovniesque, et ce dès les premières secondes du film. Avec ses superpositions d’images, bégaiements, bidouillages de sons, flashs subliminaux et autres étrangetés visuelles, Slipstream a tout du trip hallucinatoire, tordant le temps entre passé, futur et présent, fiction et réel. De quoi parle le film au juste ? On ne le comprend que bien tard, après un long (très long) délire d’une heure et demie, mélange improbable entre un récit éclaté à la Lynch et la démesure criarde d’un Bay ou d’un Tony Scott. Soit le fouillis mental d’un scénariste, Felix Bonhoeffer (incarné par Hopkins lui-même) à l’aube d’une mort imminente. Le pétage de câble d’un artiste au bord du rouleau. D’où le morcellement voulu de l’ensemble du script, qui écartèle ses personnages (mêmes acteurs, différents rôles) et ses niveaux de narration. De temps en temps, Hopkins ose même l’incursion d’images de vieux films des années 50, signifiant la dérive progressive d’un esprit au cœur de ses souvenirs.
A l’image du cerveau dans lequel il effectue une plongée toute aussi fatigante que singulière, Slipstream est un film malade, qui ne fonctionne pas. Pourtant, Hopkins possède une certaine maîtrise esthétique lors de passages à la lisière du rêve et du cauchemar, et d’un goût pour le cynisme assez réjouissant. Car au-delà du désastre de la première lecture (tout y est confus, éreintant, tape-à-l’œil, inutile), il propose une réflexion piquante sur la création et la mort du 7ème art. Ce scénario qui ne veut rien dire, cet homme qui se laisse submerger par la folie furieuse de ce que semble être le nouveau cinéma (s’il copie Scott et consorts, c’est aussi pour mieux les vomir), ce sont surtout des symboles d’une décadence cinématographique à laquelle Hopkins oppose la nostalgie d’un vieux cinéma en noir et blanc, plus sincère et moins corrompu. Le message passe, oui. Mais à quel prix ?!

Dispo en DVD.