DEB | Gérard Huber est mort

Publié le 01 décembre 2011 par Dominique-Emmanuel Blanchard @DEBEMMANUEL

Psychanalyste et spécialiste de la bioéthique, Gérard Huber a publié de nombreux ouvrages notamment L’Homme Dupliqué, Editions de l’Archipel (2000), Guérir de l’antisémitisme, Le Serpent à Plumes (2005), Ce quelque chose de juif qui résiste et Si c'était Freud  Le Bord de l'eau.

Je ne dis pas cela souvent, mais là, je le redis : cet homme avait un immense talent.

Son dernier livre est sorti le 14 octobre 2011

Dans La Résistance comme alibi de la résistance à Israël, Gérard Huber déconstruit les sophismes de trois champions de l’anti-israélisme primaire : Edgar Morin, Stéphane Hessel et Alain Badiou. Il démontre notamment comment, chacun à sa manière, instrumentalise le discours de la « Résistance » pour tenter de saper les fondements de la légitimité de l’État d’Israël.
Outre l’originalité du sujet, il situe aussi la controverse dans l’histoire des idées qui mit en présence la Résistance et la Résistance juive, dès 1940, ainsi que dans l’histoire politique qui, au lendemain de la guerre de 39-45, vit les Résistants accompagner l’Etat d’Israël (dans lequel ils voyaient bien souvent une continuation de l’action de « Résistance ») jusqu’en 1967, date à laquelle, certains prirent de la distance, pour, finalement, se parjurer, au prétexte qu’Israël devenait une puissance d’occupation.

Il avait également fait paraître chez le même éditeur :

Ce quelque chose de juif qui résiste

Luther, Kant, Marx, Heidegger : autant de figures majeures de l’esprit allemand dont la caractéristique est de penser le rapport au vivant en mettant le Juif à la place du mort.
L’hallucination du fantôme juif devient le moteur interne d’un discours qui, progressivement, tente de donner ses lettres de noblesse à la détestation, l’euthanasie, la dissolution puis l’abolition du judaïsme. Il n’en faut pas plus mais pas moins non plus pour que l’extermination des Juifs se prépare dans les universités allemandes.
Après Hitler, la Shoah, puis la chute du IIIe Reich, le fantôme court toujours. Chez les néo-marxistes et les post-heideggeriens, mais aussi chez les Islamistes : inexistence des Juifs, utopie du peuple juif, destruction de l’État d’Israël convergent dans la tête de ceux qui – négationnistes et anti-négationnistes ici étrangement réunis – ne s’expliquent pas que le judaïsme ne soit pas mort.
Des penseurs qui refusent de soumettre l’esprit allemand à une critique radicale, tentent d’arraisonner le fantôme et même de lui dire adieu : Levinas, Lyotard, Derrida, Badiou ; mais en vain, car ils évitent l’essentiel du problème : expliquer pourquoi il était dans la nature acritique de l’esprit allemand de justifier le meurtre, et comment il faut y renoncer.
Une nouvelle fois, c’est à l’esprit du judaïsme, mais à nouveaux frais, de donner le courage de ce détournement

 

Raconter Freud, au jour le jour, entre feu et cendre, bonheur et souffrance ; peindre, sur le vif, le petit Juif errant dans la maison natale de Freiberg, puis, chez lui, à Vienne ; camper le jeune ambitieux au lycée, à l’Université, puis dans son cabinet médical, où il découvre l’inconscient et invente la psychanalyse, écrire l’histoire affective et intellectuelle d’un créateur qui se veut au-delà de Goethe et de Nietzsche, mais aussi de Darwin et de Charcot ; préciser ses enjeux et décrire ses combats, ses alliances et ses ruptures ; montrer comment il ouvre son esprit aux pulsions de vie, puis de mort ; dire sa judéité, son combat contre l’antisémitisme, contre la maladie, et sa mort. Voici quelques traits majeurs de cette première biographie psychanalytique de Freud.
Soixante-dix ans après sa mort, cette vaste enquête qui croise les souvenirs, les lettres, les archives, les textes autobiographiques, les biographies de nombreux auteurs et toute l’œuvre publiée à ce jour fait tomber les clichés. Elle tient compte de nombreuses informations et documents que ni Ernest Jones ni Peter Gay (pour ne citer que les plus importants) n’avaient pu ou voulu utiliser pour écrire leurs biographies.
De nouveaux thèmes s’imposent qui ont trait à son vécu : l’angoisse de séparation, la peur de l’abandon, l’obsession de la masturbation, la dénonciation de l’attentat sexuel contre l’enfant ; la défense de l’homosexualité ; sa relation duelle avec sa femme et sa belle-sœur ; les sources juives de sa pensée; la genèse de son autoanalyse, l’analyse de sa fille Anna, sa manière toute personnelle de pratiquer la psychanalyse, l’art de dissimuler, son ambivalence devant le féminin, la mise en garde devant la pulsion d’auto-anéantissement de l’humanité, la lutte contre la barbarie, son rapport au politique, la déconstruction du « grand homme » ; l’anti-antisémitisme, le sens du sionisme, l’avenir de la dramaturgie humaine qui dépasse l’opposition entre le classicisme grec revu et corrigé par l’idéologie allemande et le judaïsme émancipé de son traditionalisme...
Dans cette biographie, chaque article, chaque essai de l’œuvre de Freud est situé dans la structure de sens qui domine sa vie affective et intellectuelle, au moment où il l’écrit, ce qui la fait apparaître comme une création accompagnée d’une auto-interprétation, comme un roman psychanalytique à visée universelle. En même temps, l’ensemble de ses écrits est relu comme une anticipation et une construction des principales questions de notre temps qui vont de l’avenir de la mémoire à la maîtrise de la technique, en passant par la division intérieure de l’individu, l’avenir de la sexualité et de la mort, la survie de l’espèce humaine et la protection de la petite enfance.
Parce qu’elle redonne à Freud sa place incontournable, cette biographie, psychanalytique et critique, est indispensable à qui veut penser le monde contemporain.