[Critique DVD] 21/01/2012 La guerre des boutons

Par Gicquel

Je ne reviendrais pas sur la mascarade à laquelle se sont livrés Christophe Barratier et Yann Samuell, proposant le même mois à une semaine d’intervalle, leur propre remake. Le cinéma français a trop d’argent et de temps à perdre pour se permettre un tel gâchis. Un seul vainqueur,  l’original qui ressort en dvd, avec deux documentaires reprenant l’histoire de ce film extraordinaire.

Elle peut faire sourire, aujourd’hui, à l’heure de l’I Pad et du twitte international. Resituée  dans son contexte, c’est une grande page du cinéma français, et de l’histoire hexagonale qui s’affiche.. Un documentaire sur la France rurale des années 50 qui vivait à la petite semaine, pot de lait quotidien et bocage à perte de vue.

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Le remembrement n’était pas à l’ordre du jour, et le machinisme agricole balbutiait à peine. Ce qui nous vaut une scène drolatique de retour de foire, et puis une séquence virile où la bande de Velrans, attaque la maison de l’ennemi, en tête d’un tracteur flambant neuf.
Des anecdotes au cœur d’un récit épique entre deux bandes de gamins qui se font la guerre. L’affaire qui ne date pas d’hier est intelligemment calquée sur le monde des adultes. Mais en renversant la vapeur, en pointant du doigt  l’innocence des enfants, Yves Robert prend ce même monde à témoin et à rebrousse poil. C’est encore aujourd’hui  tout le bonheur de ce film dans lequel les gamins sont formidables.On verra bien sur le final les parents  tenter de raisonner cette marmaille qui leur ressemble tant  ( Jacques Dufilho , Michel Galabru  … ) .

Mais la fougue juvénile du dénommé Lebrac ( André Treton ) en chef du clan de Longeverne est un exercice de style autrement plus sympathique, et surtout moins stéréotypé .Plus extraordinaire encore la verve du petit Gibus que Martin Lartigue, joue avec une spontanéité vivifiante. Lui le porteur de la fameuse formule «  si j’aurais su, j’aurais pas venu » répétée (un peu trop) à loisir dans la cacophonie d’autres saillies, qui depuis ont fait leur chemin.

Le plus étonnant de l’histoire, c’est qu’une fois les chamailleries exécutées, on y découvre les valeurs pédagogiques d’une communauté en quête de reconnaissance. Pour se liguer contre l’ennemi, les principes de la République sont édictés. Avec ses bienfaits et ses travers. La seule femme de l’histoire (la petite copine de Lebrac) se voit attribuer, la couture et le ménage. Des tâches effectivement, exclusivement … féminines.

LES SUPPLEMENTS


- « La République des enfants » (58 min)
Documentaire de Dominique Maillet, avec le témoignages des gamins de l’époque dont Martin Lartigue, François Lartigue, André Treton, Michel Ladoux, Daniel Tuffier, Marie-Catherine Michonska-Faburel, Patrick Loiselet, David Ramolet, Jean-Denis Robert et Danièle Delorme.

Yves Robert a retrouvé son enfance passée dans la commune de Pouancé, située dans le Maine-et-Loire. Il  s’est souvenu des rapports conflictuels que lui et ses camarades de l’école privée entretenaient alors avec les enfants de l’école communale.

Le p'tit Gibus, impayable !

Devant le peu d’empressement des producteurs,  face à cette comédie qui ne met en scène aucune vedette, il  fonde avec son épouse Danièle Delorme une maison de production, Les Productions de la Guéville. Pour la distribution, les français sont également aux abonnés absents, ce qui fera le bonheur de La Warner. Avec près de dix millions d’entrées, c’est le deuxième plus gros succès de l’année 1962, juste après Le Jour le plus long.

- « Louis Pergaud, la politique de l’engagement » (17 min)
Par Pascale Salinier, secrétaire de l’Association des « Amis de Louis Pergaud ». Elle y dresse le portrait d’un écrivain animalier dont l’esprit a totalement été conservé dans le film. «  La fidélité au roman est totale »dit-elle en soulignant l’aspect particulier de ce récit d’enfance « tout à fait nouveau. Avant il s’agissait de monographie, là c’est le cas de toute une bande, un constat sur l’enfance, un moment que l’on ne retrouvera jamais« .

 19,99 € ttc