Les nouveaux chiens de garde

Par Sergeuleski

Même si... pas si nouveaux que ça tous ces chiens de garde ! Pensez à Alain Duhamel, Elkabbach - véritables épurateurs médiatiques et pourfendeurs impitoyables depuis plus de 40 ans de toute pensée économique et politique alternative d’où qu’elle vienne !

N'empêche... les connivences, le consensus et le conformisme prospèrent dès qu'on cesse de les dénoncer.

Les Nouveaux Chiens de Garde : à propos de la sortie du film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat le 11 janvier 2012.

Les médias se proclament "contre-pouvoir". Pourtant, la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations pré-mâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur.


En 1932, l’écrivain Paul Nizan publiait Les chiens de garde pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en véritables gardiens de l’ordre établi.

 


Aujourd’hui, les chiens de garde sont journalistes, éditorialistes, experts médiatiques, ouvertement devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social. Sur le mode sardonique, LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE dénonce cette presse qui, se revendiquant indépendante, objective et pluraliste, se prétend contre-pouvoir démocratique. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d'une information produite par des grands groupes industriels du Cac40 et pervertie en marchandise.

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"Si vous voulez connaître la vérité sur quoi que ce soit, enquêtez donc auprès des professionnels de l’information, chroniqueurs et tâcherons de l’analyse frileuse et lâche ! On juge ces preneurs d’otages de l’information intelligente et courageuse, ces racketteurs de l’analyse impartiale, pédagogues de la résignation, sur leur capacité à pouvoir tuer l’information pour nous passer l’envie de rechercher quelque vérité que ce soit, parce que comprendre, c’est chavirer et chavirer, c’est remettre en question un monde qui a de bonnes raisons de marcher sur la tête, tout comme nous qui allons bientôt mourir idiots, atterrés et rongés par mille questions restées sans réponses.

Aussi...

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs les journalistes, qu'il soit ici rappelé ce qui suit : informer, c’est résister et préparer la riposte ! Informer, c’est faire la guerre à tous ceux qui paieraient cher pour ne plus vous voir faire votre travail.

Tout est fait pour divertir et faire diversion : on relativise, on décontextualise, on obscurcit pour empêcher toute analyse courageuse. Si l’info en continu est au journalisme ce que le spot publicitaire est au Septième Art et la restauration rapide à notre belle et grande tradition culinaire : qu’est-ce qu’une information événementielle ? Une part d’audience et une part de marché, et rien d’autre.

Votre information ne sera pas un spectacle, une vitrine, un tremplin, mais une libération : pas de mise en scène donc ! Car l’information événementielle est au journalisme ce que la messe est aux enterrements : elle n’explique rien cette messe et cherche à faire de nous des êtres résignés face à l’inéluctable.

Votre métier ne consiste pas accompagner les événements pour mieux les tenir en laisse et faire en sorte qu’ils n’échappent pas à la censure mais... à les prévoir et à les dénoncer, tous ces événements et apporter la contradiction à tous ceux qui... une nouvelle fois, paieraient très cher pour que tous ces événements demeurent inaccessibles car... incompris.

Un journaliste n'a pas à rassurer et à fabriquer du réel qui n‘a de réel que le somme de toutes les manipulations face auxquelles, noyés dans des “pourquoi” et des “comment” restés sans réponses, on s’interdit tout questionnement.

N’hésitez pas à froisser toutes les susceptibilités et à gêner tous les intérêts ! L’information qui sortira de votre rédaction révélera au monde le réel tel qu’il est.

Ne cherchez pas l’émotion car l’émotion est le pire des mensonges quand il s’agit d’éclairer la vérité. Cherchez une prise de conscience, lucide et déterminée. Votre information réveillera les consciences endormies ; et si vos lecteurs en perdent le sommeil : eh bien, tant mieux !

Votre information ne soumettra personne. Sachez que vous ne vous adressez pas seulement à des consommateurs mais aussi... à des êtres doués de raison. Vous n'êtes pas là pour asservir, ni pour servir qui que ce soit et vous servir au passage.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, vous savez maintenant ce qu'on attend de vous : faites la guerre à l’information désincarnée et faites la crever une bonne fois pour toutes les fois où cette information, fruit d'un système hautement civilisé mais barbare dans ses fins, a tenté de nous prendre, encore et toujours, pour des demeurés."

(Extrait d'une conférence donnée par un dénommé Matthieu, le coude bien haut, entre deux rots, et ce qui n'arrange rien : dans une langue totalement inconne - transcription-traduction de Serge ULESKI)