Lois antipiratage: sous la pression, Washington recule

Publié le 20 janvier 2012 par Plusnet


Face à la levée de boucliers sans précédent contre des lois antipiratage controversées à l'examen au Congrès des États-Unis, le pouvoir politique à Washington a prudemment fait marche arrière.
L'influence des géants d'internet Google et Wikipédia et de plusieurs dizaines d'autres sites est parvenue à entraver des projets de loi américains controversés destinés à combattre la piraterie en ligne.
«À la lumière des événements récents, j'ai décidé de reporter le vote de mardi» sur le PIPA («Protect Intellectual Property Act»), a annoncé vendredi le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid dans un communiqué.
M. Reid espère un «compromis» dans les semaines qui viennent. Il a ajouté que «la contrefaçon et la piraterie coûtent à l'économie américaine des milliards de dollars et des milliers d'emplois chaque année» et qu'il revient au Congrès de légiférer sur la question.
Dans la foulée, le président de la commission Judiciaire de la Chambre des représentants Lamar Smith -auteur du SOPA («Stop Online Piracy Act»), le pendant du PIPA à la Chambre basse- a annoncé que sa commission allait «reporter tout examen du projet de loi jusqu'à ce qu'un consensus plus large sur une solution se dégage».
Ces rétropédalages interviennent après une vague de protestation en ligne inédite mercredi, qui a vu notamment la version anglaise de Wikipédia afficher un écran noir et Google.com masquer son logo.
Plusieurs sénateurs des deux partis, qui avaient accepté au départ d'associer leur nom à PIPA, ont demandé à ce qu'il soit retiré cette semaine. C'est le cas du républicain Orrin Hatch, qui dit avoir «écouté les inquiétudes» soulevées au sujet des projets de loi.
La Maison Blanche avait pris ses distances par rapport à ces textes dès le week-end dernier. Mercredi, le porte-parole de la présidence, Jay Carney, a défendu une lutte contre le piratage en ligne qui «ne vienne pas empiéter sur l'accès ouvert et gratuit à internet».
Jeudi soir, les quatre candidats à l'investiture républicaine pour la présidentielle de novembre 2012 -Mitt Romney, Newt Gingrich, Rick Santorum et Ron Paul- se sont aussi démarqués des deux projets de loi lors d'un débat télévisé.
Mais jeudi, la justice américaine a ordonné la fermeture du site Megaupload.com, plateforme emblématique et controversée du téléchargement direct sur l'internet.
Cette initiative a été applaudie par le sénateur Patrick Leahy, chef de la commission Judiciaire du Sénat, qui évoque la nécessité de rédiger «une loi significative» pour faire cesser la piraterie.
En représailles, les pirates informatiques d'Anonymous ont affirmé avoir bloqué jeudi des sites internet américains, dont celui du FBI.
De son côté, la commissaire européenne aux Nouvelles technologies Neelie Kroes a qualifié vendredi de «mauvais» les projets de loi antipiratage aux États-Unis, ouvrant un débat féroce au sein de l'exécutif européen avec le Français Michel Barnier, partisan de la répression.
Vendredi, Google a annoncé avoir collecté plus de sept millions de signatures pour sa pétition qui demande au Congrès de voter «non» aux projets de loi antipiratage.
Google, Wikipédia, Facebook, Twitter, Yahoo!, ou encore eBay, jugent que les textes donneraient suffisamment de pouvoir aux autorités américaines pour faire fermer à leur guise des sites accusés de piratage.
Face aux géants de la Silicon Valley, PIPA et SOPA ont en revanche reçu le soutien de Hollywood, de l'industrie musicale et de la Chambre de commerce américaine.
L'ex-sénateur démocrate Chris Dodd, désormais président de la Motion Picture Association of America qui défend les intérêts d'Hollywood, en a fait les frais, son site ayant été visé par un acte de représailles, selon Anonymous.
Source : Cyberpresse