Dans les années 20, l'Europe était un beau havre pour les noirs qui espéraient vivre avec décence.
En Allemagne qui allait devenir Nazie, le traitement des noirs dépendait de la caste duquel ses noirs étaient issus. Il y avait les enfants des diplomates africains qui étaient arrivés durant la période coloniale. Il y avait aussi les artistes afro-américains, la chanteuse d'opéra Marian Anderson, Josephine Baker, Arthur Briggs, Bill Coleman et quelques autres qui fuyaient du même coup le racisme du Sud des États-Unis. Les lois Jim Crow y faisaient rage en interdisant aux gens de couleur d'avoir une participation active dans la société. Ces lois instaurées dans les années 1800 dureront jusque dans les années 50 aux États-Unis.
Dans les années 20, l'Europe était encore un endroit où les artistes noirs pouvaient s'y produire et y gagner dignemnent leur vie. Particulièrement en Allemagne où les frontières étaient ouvertes aux étrangers depuis le traité de Versailles. De plus, depuis la défaite allemande de la Première Grande Guerre, toute une panoplie de nouveaux artistes émergeait dans la culture allemande. Le monde du jazz a, entre autre chose, pris beaucoup d'ampleur à cette époque.
Les enfants de femmes allemandes et d'hommes noirs étaient toutefois considérés commes des insultes à l'Allemagne d'Adolf et ses amis. Des croisements impurs. Des taches culturelles. Des indésirables.
Elle navigue entre 1992 à 1939. Baltimore et Berlin. La Pologne un peu aussi et Paris. Avec les survivants et les fantômes du passé. La culpabilité, dans une ville (Berlin) qui ne la connaîtra que trop bien, est un thème important de ce livre. Le deuxìème roman d'Esi Edugyan. Si joliment écrit que depuis sa sortie, récolte les mises en nominations pour toute sorte de prix.
Ceci étant dit pas besoin d'être un fin connaisseur de jazz pour apprécier ce livre. Ces témoins d'un moment tragique de l'histoire de l'Homme nous offrent de grands moments de confrérie dans la misère. Et de trahison aussi.
Je vous suggère la lecture de ce livre en anglais pour la musicalité qui ne pourrait pas offrir le même effet en français.
La langue originale étant trop pure, j'aurais l'impression de faire une mauvaise publicité d'informercial avec la voix de Serge Bélair.
Half-Blood Blues, un original portait de gens apatrides, unis par le son, dans les coins noirs de l'histoire de l'Homme. La véritable beauté de ce livrese trouve dans le côté bâtard de ses héros atypiques, qui ont fait durer la musique d'une langue, encore aujourd'hui bien vivante.
Chip (le batteur) "But what it gives, it gives in spades"
Sid (le bassiste) "What do it give, Chip? You a great artist, but you a miserable man"
once again, à lire idéalement en anglais.