Ils parlèrent encore beaucoup, disant des choses auxquelles ils n'avaient encore jamais pensé. Puis leurs voix s'éteignirent comme les chandelles célestes qui avaient éclairé leurs débats. Au petit jour, ils se quittèrent avec l'idée que peut-être ils ne se reverraient plus.
J'aime beaucoup lire des auteurs confirmés, mais j'aime également découvrir de nouveaux talents, les premières oeuvres d'auteurs en devenir, qui ne font pas beaucoup de bruit, restent confidentielles, mais valent souvent le détour. Aussi, lorsque Stéphane Chasteller m'a proposé de découvrir son roman, j'ai accepté avec joie.
Le héros, Solénoir, est une sorte de dilettante de 37 ans. Officiellement prof en lycée (mais je n'ai pas eu l'impression qu'il était très assidu), il semble prendre les choses comme elles viennent, un peu journaliste, comédien à l'occasion, d'autant qu'il a un peu d'argent lui venant de sa famille. Dans ce morceau de vie qui nous est conté, trois femmes passent : Louise, comédienne et metteur en scène, dont il tombe amoureux mais qui le reposse. Marina, complexe, romantique, mais possessive. Juliette, qui veut être dominée et humiliée...
C'est un très joli roman, tout en finesse, qui parlera surtout aux trentenaires et des poussières, un peu désabusés parfois par la vie, par l'amour, et qui ne savent plus vraiment où ils vont. On comprend donc Solénoir, même si au final on ne sait pas bien ce qu'il pense, et même, on ne sait finalement pas grand chose de lui : un vague enfant d'une précédente union qu'on ne voit jamais, une famille apparemment aisée, et une profession qui, comme je l'ai dit plus haut, reste mystérieuse. Mais ce n'est pas l'important, d'autant que je me suis surtout attachée à Marina, dont j'ai trouvé qu'elle me ressemblait beaucoup (je me suis totalement retrouvée dans ses préparatifs du premier rendez-vous avec Solénoir, dans la manière dont elle ne peut pas s'empêcher de se projeter) : si les personnages nous demeurrent mystérieux, ils n'en sont pas moins touchants, et ce d'autant plus que le roman est tout à la fois léger et d'une grande profondeur, servi par un style ciselé, parfaitement maîtrisé, de haute tenue, même s'il manque parfois de fluidité et de transparence à mon goût, mais c'est très personnel. En l'occurrence, il s'agit donc d'une très jolie découverte et d'un premier roman très prometteur, que je vous encourage à lire !
Merci à Stéphane Chasteller pour cette découverte !
Terre Promise
Stéphane CHASTELLER
Embrasure, 2011