Le havre

Publié le 25 janvier 2012 par Lorraine De Chezlo
de Aki Kaurismäki
Comédie dramatique - 1h30
Sortie salles France - 21 décembre 2011
avec André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Daroussin, Blondin Miguel...
Marcel Marx est un pauvre cireur de chaussures à la gare du Havre. Son quotidien est rythmé par son boulot ingrat, ses apéros au bar et heureusement, ses moments avec sa très douce et très dévouée épouse. Malheureusement, celle-ci va tomber malade et être hospitalisée. Mais ce qui va le plus chambouler ses jours, c'est sa rencontre inopinée avec un jeune garçon clandestin fraîchement débarqué d'Afrique Noire. Celui-ci, reconnaissant de l'aide reçue par Marcel, poli et serviable, trouve refuge chez le vieux et bénéficie également du soutien des habitants du quartier. Mais la police des frontières fait son travail, rôde, et resserre l'étau auprès de la menace qu'il représente pour l'Etat... Le petit Idrissa veut aller à Londres rejoindre sa mère. Marcel va s'employer à lui filer un coup de main pour traverser la Manche.
Un peu comme avec les films de Dominique Abel et Fiona Gordon (Rumba, La fée), on se trouve face à un beau paradoxe : autant les décors du passé pour une histoire du présent, les personnages à la diction ultra articulée et aux phrases rares, tout cela semble totalement irréel, naïf et décalé, autant le film progresse en nous faisant adhérer de plus en plus à ces personnages étranges. Et à la fin, ils nous sont familiers, lui le héros malgré lui, lui l'enfant modèle perdu, elle, la boulangère humaniste...

D'ailleurs, cette humanité, ce retournement de situation avec un voisinage tout à coup désireux de sauver Idrissa (sans le connaître plus que ça) d'un retour sous forme d'expulsion, ça pourrait être le principal ressort burlesque, tellement cela paraît impossible dans les faits. Impossible de ne pas penser alors que le réalisateur Aki Kaurismäki nous donne à voir un idéal généreux humain, tel qu'il aimerait le voir dans notre Europe d'aujourd'hui. Aucune crainte face à des migrants, une aide apportée sans contrepartie, une solidarité spontanée et humble. Quelle bonne idée aussi d'avoir pris Le Havre comme port d'attache pour ce film, une ville emblématique du contraste de froideur architecturale et de chaleur humaine.
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