Nouveau Job [PouletteBooks - C'est l'histoire d'une fille]

Par Poulettenela

Pour vous occuper un peu ce week-end, voici une petite nouvelle !
Ça va devenir un nouveau rendez-vous !!

En voici une qui est très proche d’une réalité que j’ai vécue, même si le tout est évidemment amplifié et romancé !

Bonne lecture à vous.

NOUVEAU JOB.

6h30

Le réveil n’a pas encore donné signe de vie.

J’ai encore un bon quart d’heure devant moi pour profiter de ce grand lit.

C’est tellement bon de s’étendre de tout son long…

Hum…

Les grasses mat’ vont se faire de plus en plus rares…

Aujourd’hui est un grand jour !

J’attaque un nouveau job !

Pour l’occasion, j’ai déniché un petit tailleur noir, sobre au premier abord, mais la jupe est sensiblement inspirée de celles portées par Ally Mac Beal. J’ai hâte d’y être.

Je me vois déjà, déambulant dans les couloirs avec mes dossiers plein les bras.

Et le patron du service voisin… Je l’ai croisé lors de mon dernier entretien : un beau brun ténébreux… J’espère bien en faire mon quatre heures.

Bon, un peu de sérieux, arrêtons les fantasmes.

J’ai décroché ce job pour faire mes preuves et montrer de quoi je suis capable.

N’oublions pas la priorité numéro 1 : décrocher un contrat fixe.

Quand j’ai frappé à la porte avec mon DESS de marketing, ils m’ont tous regardée un peu méfiants.

Il faut avouer que du haut de mes 25 ans, je postulais pour un poste de cadre alors que mon unique expérience professionnelle se limitait à la friteuse chez Mac Do…

Mais ma persévérance a fini par payer.

Une de leur responsable est tombée enceinte et le poste est vacant pour les 6 mois à venir.

Dans moins de deux heures je serai responsable de la communication de la meilleure crème anti-ride qui soit sur le marché !

Ok, elle n’est pas encore très connue et les ventes ne suivent pas réellement, mais je vais mettre mon talent en oeuvre pour la rendre immensément célèbre.

7h00

Zut !! Je suis en retard : le réveil ne s’est pas déclanché !

Allez ! A la douche ! Je dois faire vite.

La pièce est toute embuée et mon miroir inutilisable.

Un coup de serviette éponge et le tour est joué.

Mais qu’est ce que c’est que cette petite tache blanche sur le miroir ?

J’ai beau frotter, elle ne part pas.

J’avance mon visage pour la regarder de plus près…

Horreur !

Cette tache blanche n’est pas sur le miroir mais en plein milieu de mon front : c’est un bouton énorme !

Impossible à cacher !

C’est un cas d’extrême urgence.

Il me faut ma trousse des grands jours.

Une couche de vert pour masquer la rougeur du bouton, une couche de ce truc rose pour cacher le blanc, une couche de fond de teint pour  atténuer le tout, un peu de poudre, un peu de blush… et me voilà sans bouton mais avec une bosse sur le front !!

Bon, j’étale le tout avec la main, je me regarde de loin… d’un peu plus loin encore… l’illusion est presque parfaite.

Allez… zou !!

Je maquille bien mes yeux et on ne sera pas tenté de regarder au milieu du front.

7h30

Il ne me manque plus que ma tenue de business woman !

J’enfile mon collant, ma jupe… ouf ! un peu serrée quand même…

Je n’aurai pas dû prendre une taille de moins en prévision de mon régime (qui a échoué…).

La veste, où est ma veste ?

8h00

Vite vite… je vais être à la bourre !

Un pschitt de parfum, mon sac à main et c’est parti !

Une nouvelle vie s’annonce à moi !

8h15

Mais qu’est-ce qu’il fait ce taxi ?

Je l’ai commandé depuis 15 minutes !

Si je suis en retard, ce sera à cause de lui !!

Il va m’entendre !!

8h20

Le voilà !

Il a 20 minutes pour me déposer au bureau.

Ensuite, je dois passer au Service du Personnel récupérer mon badge, puis aux Services Généraux pour les fournitures, à l’Informatique pour inscrire mon login et mon mot de passe et je devrai être à 9h15 dans le bureau de mon nouveau chef pour la réunion de service.

J’ai préparé un petit discours de présentation, juste au cas où il me serait demandé d’intervenir.

J’exposerai mon parcours, mes hobbies et ma motivation à travailler dans une telle entreprise devant le service Marketing au grand complet.

Je fouille dans mon sac : ma disquette est bien là.

J’ai passé le week-end à peaufiner une présentation Power-Point de ma personne.

Je vais leur en mettre plein les yeux !

8h40

Mais c’est quoi tout ce monde sur le périf ?

Ils peuvent pas prendre les transports en commun ?

Ils se rendent pas compte que j’ai une journée pleine de responsabilités qui m’attend ??

J’ouvre mon poudrier et vérifie mon apparence générale.

Aaaaaaaaaah ! C’est quoi ce truc au milieu de mon front ?

Ah oui ! Je l’avais oublié celui-là !

En fait il est plus visible que je ne l’imaginais.

Il faudrait que je pense à changer l’ampoule de la salle de bain qui ne fonctionne plus, parce qu’avec une seule ça reste léger.

8h50

Mais c’est pas possible toutes ces voitures !

Je devrai être au bureau depuis 10 minutes déjà.

Je hais le lundi !

Je hais ce taxi !

Je hais les gens !

9h00

Je saute de la voiture, paye le taxi, et me précipite vers les portes coulissantes.

Une hôtesse de 50 ans est derrière l’accueil, le téléphone greffé à l’oreille. Elle me regarde de haut en bas sans sourire, puis me dit

- « Vous êtes la nouvelle pour le marketing ? Ils vous attendent depuis 10 minutes au Service du Personnel. »

Mais de quoi je me mêle ?? C’est quoi cette mégère ?

9h10

Je sors du bureau de la Directrice des Ressources Humaines, mon badge de cadre à la main.

Une fierté emplit soudain mon esprit : « ça y est : tu as réussi ».

9h15

J’ai enfin trouvé mon bureau !

C’est quoi ce bâtiment de M…  ?

Des étages, des demi-étages, des ascenseurs en panne, des escaliers de service mal éclairés…

Bref, pas le temps de passer à l’informatique.

J’irai en sortant de réunion.

Pour les fournitures, je demanderai à ma secrétaire.

J’ai bien une secrétaire, non ?

Pas mal ce bureau : spacieux, jolie vue, déco sympa…

9h20

- « Hum…   Hum… »

Un homme vient de passer la tête dans l’entrebâillement de la porte de mon bureau.

- « Je vous dérange peut-être ? »

Mince, mince…   mon patron !

- « Pas du tout, Monsieur Martin, j’admirais ce bureau, ainsi que le goût fabuleux de votre décorateur d’intérieur et je me réjouissais de rejoindre votre équipe car, comme j’ai pu le lire dans Le Monde d’aujourd’hui…

- Oui, oui, nous en parlerons un autre jour. En attendant : réunion de service dans la salle du bas. Vous avez 5 minutes ».

Et il a disparu aussi vite qu’il est venu…

9h30

Bon, la salle du bas… ça doit vouloir dire qu’elle est en bas, non ?

Alors pourquoi j’ai le sentiment qu’il n’y a pas d’étage inférieur ?

Je suis passée par là au moins 3 fois, et je ne vois rien.

Je tends l’oreille.

Des rires et des voix s’élèvent du fond du couloir.

Je continue mon chemin pour voir un petit escalier de 4 marches qui donne sur une porte vitrée.

Le staff est à l’intérieur.

Ne pourraient-ils pas mettre des panneaux indicateurs ??

Bon, je souffle un bon coup, tire un peu sur ma jupe et lisse mes cheveux. On y est : l’heure de vérité !

Je pose mon pied sur la première marche et…

Le monde s’écroule autour de moi !

Ce n’est pas un jeu de mots, non : il s’écroule réellement autour de moi.

Mon talon s’est coincé sur la bande anti-dérapant de la marche.

Je dévale les 4 marches sur les fesses, les jambes écartées et finis ma chute le visage plaqué sur la porte vitrée.

Un bruit monstrueux accompagne mon passage.

Tous les regards sont tournés vers moi.

Mon patron déboule de la salle.

Mon visage est endolori, mon fessier en feu, ma jupe relevée et mon string à la vue de tous.

J’éclate en sanglot.

- « Appelez une ambulance ! Elle est blessée ! Vite ! »

Mais c’est quoi ces bureaux de Merde !!

C’est quoi ces marches de Merde !!

C’est quoi cette journée de Merde !!

Les pompiers arrivent et aident à me relever.

Je ne peux pas poser mon pied par terre : ma cheville fait le triple du volume habituel.

- « Je pense que vous vous êtes cassé quelque chose, Mademoiselle. Nous allons vous emmener aux Urgences ».

Ma journée de Responsable International de la Communication de la meilleure crème anti-rides de l’Univers se termine par un plâtre monstrueux, un visage tuméfié et une jupe de tailleur déchirée.

Mais le meilleur reste à venir…

Quelques jours plus tard…

« Mademoiselle,

Je tiens à vous informer que ce courrier ne fait pas suite au fâcheux accident survenu dans nos locaux.

Toutefois, après discussion et mûre réflexion, il semblerait que vous ne correspondiez pas tout à fait au profil recherché pour le poste de Responsable Communication.

Nous vous souhaitons un prompt rétablissement ainsi que des résultats positifs dans vos démarches futures.

Cordialement.

Le Service du Personnel. »