[Critique] CONTRE TOI de Lola Doillon (2011)

Par Celine_diane

Après un Et toi t’es sur qui ? qui disséquait les troubles adolescents face au désir, Lola Doillon, fille et sœur de, réitère une approche clinique et froide de sentiments contraires. Ceux qui (dés)unissent une femme chirurgienne à son kidnappeur- endeuillé par la mort de son épouse à la suite d’une opération ratée. Contre toi, beau titre évoquant aussi bien l’opposition que l’étreinte à venir, s’attache à suivre l’évolution de la relation équivoque entre ces deux protagonistes, rapprochés par un sentiment d’exclusion sociale, de solitude et de détresse. Gros challenge pour Lola Doillon qui évite bien des écueils. Le huis clos respire, crédibilisé par le face à face d’un duo génial : Kristin Scott Thomas d’un côté, Pio Marmai (Un heureux évènement) de l’autre. Leur affrontement psychologique, pas évident à saisir en images, est retranscrit avec finesse par la jeune cinéaste, à l’aise lorsqu’il s’agit de manier des thèmes aussi complexes que syndrome de Stockholm, dépendance à autrui, ou besoin de vengeance.
D’une danse amour/répulsion, attachement/haine, Doillon tire un petit thriller ramassé, tendu, au montage pertinent, qui va droit au but. Même s’il prend son temps pour observer les fêlures, les renversements, les questionnements intérieurs de deux êtres à la dérive, le film n’essuie jamais de longueurs. Tout du long, il demeure captivant, et pour le moins original. Notamment parce que la réalisatrice ne cherche jamais à faire le procès de ses personnages (ni de l’indifférente médecin indirectement responsable du décès d’une femme, ni du geôlier qui enfreint la loi). Elle le rappelle, il la fuit, il lui fait l’amour, elle le piège. Sans jamais les juger, elle les observe comme l’on observerait des rats de laboratoire pris dans les filets d’une expérience (de vie) qui dérape. Le résultat est inédit, et contre toutes attentes, plutôt subtil.