I didn’t know Lana del Rey before it was cool

Publié le 15 décembre 2011 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Depuis quelques mois, les réseaux sociaux et les journalistes arty ne semblent se débattre que sur un phénomène musical : une petite fille de 25 ans à la moue exagérément boudeuse (ce qui nous rappelle que 2011 restera dans les annales comme l’année du duck face), aux cheveux ondulés et aux yeux de poupée. Certes.

Lana del Rey, donc. C’est vrai qu’Elizabeth Grant, ça faisait tellement mainstream pour une demoiselle que sa maison de disques veut à l’image d’une diva hollywoodienne. Je ne m’étais jamais intéressée au phénomène avant que Loou poste le prequel de son clip Born to die. Autrement dit, la demoiselle câlinait un beau jeune homme tatoué devant un drapeau américain qui flottait. Et cette musique… Hypnotique. Malgré tout, un sentiment d’ennui profond m’avait gagnée lors de ce dépucelage de phénomène. Mais je voyais Loou et Rose H. se déchaîner : Ouais, comment tu peux dire ça… et Jean-Philippe argumenter sur mon compte Twitter que c’était déjà trop mainstream et que, par conséquent, pour lui, il fallait arrêter d’en parler pour ne pas lui faire un excès de publicité.

Jean-Philippe, je ne suivrai donc pas ton conseil. Je vais plutôt m’intéresser à cette question :

WHYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY ?

Qu’est-ce qu’elle vaut, musicalement ?

Parce que c’est quand même la première question à se poser, lorsqu’on parle d’une chanteuse. Parce qu’elle a beau vouloir développer l’univers le plus arty possible, si musicalement, elle est merdique, ça se saurait. Et ben justement, ce n’est pas le cas. Déjà, en termes de production musicale, les instrumentaux sont très travaillés, plutôt en piano-voix ou avec des orchestres à cordes de dingue. Donc on sent qu’on est loin de l’artiste qui braille avec nappages de claviers Bontempi et de boîtes à rythmes.

Car Lana del Rey, c’est avant tout une voix de fou. Cette voix langoureuse et grave, un peu comme une Marlene Dietrich sans la clope. Certes, le peu de prestations live qu’elle a fournies montre une voix mal assurée, mais son timbre est bien intact. Donc elle a donc beau chanter faux de temps en temps, cela reste extrêmement hypnotique. Et celle particularité de partir dans le timbre de fillette lorsque qu’elle gagne les aigus, cela reste très intéressant, même si cela peut en agacer plus d’un. Donc oui, je l’affirme, Lana del Rey, sur le plan musical, mérite à mon sens tout le foin que l’on fait autour d’elle. Parce que cela reste tout de même extrêmement qualitatif, même si naturellement, je n’écouterais pas vraiment ce style de musique.

Mais alors, pourquoi tout le monde se déchaîne sur elle ?

Madonna nous l’a appris il y a bientôt trente ans : faire de la musique, c’est bien, mais faire de l’entertainment, c’est mieux. Et la demoiselle dont nous parlons depuis tout à l’heure l’a très bien compris (ou on le lui a très bien fait comprendre) : sans identité visuelle forte, point de salut. Son identité, elle l’a construite avec son clip Video Games : un mélange d’archives un peu surannées et d’autoportraits à la webcam. C’est arty et ça ne coûte pas trop cher. Tellement arty que toute la toile a crié, au choix, au génie ou au scandale.

Pour Born to die, étant donné le buzz qu’elle a fait, elle a quand même eu droit à deux tigres et au château de Fontainebleau. On n’est pas loin d’un clip de Lady Gaga, sérieusement.

Surtout, ce qui fait parler, c’est sa bouche. Qu’elle se teigne en blond pas trop platine et qu’elle se fasse faire des wave chez Jean-Louis David, passe encore. Mais fallait-il en plus qu’elle se fasse greffer un pneu pour faire encore plus star hollywoodienne ? De cette manière, elle ruine toute sa belle mise en scène fifties et passe de glamour à morue. C’est bien joli de vouloir ressembler à tout prix à B.B. avec tes micros shorts, mais au moins chez elle, c’était naturel. D’après ma Siamoise, l’amie Lana serait une pâle copie d’Arielle Dombasle période Eric Rohmer. C’est moche.

Tiens, puisqu’on en parle, c’est bien beau d’être maniérée, mais point trop n’en faut. C’est surtout cet air de Non, moi, je ne fais pas caca, je suis une princesse et ce qui sort de mon anus, ce sont des paillettes multicolores qui fait rêver les vieilles petites filles et agace sérieusement les autres. On aurait presque envie de lui dire : Va régler ton complexe d’Œdipe et reviens avec un putain d’album, ça coûtera quand même moins cher à ta maison de disques. Je comprends désormais pourquoi Video Games a tout de suite été choisi comme bande-son pour Gossip Girl.

Lana del Rey a donc choisi la voie de l’entertainment mais par le biais de l’underground. Le mainstream aura eu l’impression d’une déferlante soudaine, alors que la vague sourdait depuis quelque temps en sous-sol. C’est intelligent. C’est la voie marketing du XXIe siècle. Mais désolée, ça ne me touche pas. Sur ce, je retourne écouter le dernier Amy Winehouse.