Equipe de France : Pas de surprise !

Publié le 27 janvier 2012 par Lben

Chronique du 27 janvier 2012.

Première annonce pour Philippe St André et pas de surprise à se mettre sous la dent. A tel point que même Jo Maso est encore là pour faire l’annonce à la presse. Surprenant ? Non pas vraiment, le rugby est un monde conservateur comme le dit à sa façon Mourad Boudjellal. Explications…

Les nouveaux ? Quels nouveaux ???

Les plus optimistes d’entre vous diront qu’il n’y a QUE 17 mondialistes sur un total de 23. Ce qui sous-entendrait que 6 nouveaux joueurs sont présents dans le groupe. Factuellement, c’est vrai. Par contre, la réalité des choses est beaucoup plus nuancée. Malzieu et Beauxis auraient pu participer à la Coupe du Monde 2011 car déjà sélectionnés par Marc Lièvremont. Debaty et Attoub sont des piliers trentenaires qui profitent des difficultés physiques de Ducalcon, malade en ce moment, et Barcella, dont le retour à son meilleur niveau n’est pas simple et prend du temps. En fait, seuls Yoann Maestri et Wesley Fofana sont de nouveaux joueurs et peuvent, comme aiment le faire les journalistes, être considéré sous le label « génération St André ». C’est quand même très peu et, si c’était le reflet de la réalité du rugby français, très inquiétant. Heureusement, là encore, la réalité est beaucoup plus nuancée.

Tout pour le grand Chelem :

La vérité est ailleurs. Elle est très simple. Philippe St André est obnubilé par ce qui peut être un Grand Chelem à peu de frais. En effet, cette année, la France va recevoir l’Irlande et l’Angleterre en plus de l’Italie et jouera son dernier match au Pays de Galles. Un scénario idéal pour se retrouver à 4 victoires avant le déplacement à Cardiff. Et ce d’autant plus que le niveau de l’équipe de France lors de la finale de la Coupe du Monde 2011 laisse penser que les 4 premiers matchs devraient être des formalités. En s’appuyant principalement sur les points forts de l’équipe, conquête, défense et occupation du terrain, ce que Marc Lièvremont se refusait à faire, et en corrigeant légèrement ce qui était sa faiblesse chronique, l’axe de jeu, 9, 10, 12, 13, Philippe St André pense pouvoir profiter d’une équipe performante sans avoir beaucoup d’efforts à faire. Et, en profitant d’un calendrier on ne peut plus favorable, commencer son mandat par un Grand Chelem, Graal dévalué du rugby français.

Philippe St André a totalement raison mais pourrait complètement se tromper ! Je m’explique. Il a totalement raison de vouloir engranger des victoires là où le calendrier le lui permet ( grâce à quoi l’équipe de France est généralement triomphante APRES les Coupes du Monde ). Si le Tournoi est devenu maintenant une compétition désuète, sans grand intérêt sportif et seulement utile au folklore et au pittoresque du rugby, ce n’est pas à l’entraîneur de l’équipe de France qu’il faut le reprocher. Si un Grand Chelem est théoriquement facile les années paires, autant se l’approprier et engranger un capital confiance toujours utile pour la suite. Dans ce sens, j’adhère totalement avec la démarche de l’ancien capitaine de l’équipe de France. Par contre, je trouve qu’il le fait d’une manière très frileuse. Avec le seul Maestri comme nouvelle tête dans une équipe type ( Fofana sera certainement remplaçant au centre et à l’aile ) qui comptera Servat ( 33 ans ), Poux (32), Mas (31), Bonnaire ( 33 ans ), Harinordoquy ( 31), Yachvilly ( 31), Rougerie (31) plus 4 trentenaires, le manque de vision à long terme est flagrant. Ce Tournoi ne servira aucunement à préparer l’avenir de l’équipe. Plutôt à garantir l’avenir de son manager.

Par contre, il existe le risque que Philippe St André se trompe complètement. En effet, son équipe est quasiment exclusivement bâtie avec des joueurs qui ont depuis le 1er juillet 2011, un programme copieux : préparation à la Coupe du Monde, Coupe du Monde jusqu’à la finale après une crise de nerf couteuse en énergie, retour en France et reprise après une petite semaine de coupure pour les plus chanceux, en Top14 et HCup. Ces joueurs ne pourront pas tenir à ce rythme jusqu’à la fin de la saison. On a vu les Toulousains marquer quelques signes de lassitude à Gloucester, vendredi dernier. Il ne peut pas en être autrement. Et le risque est grand que tous connaissance un passage à vide au coeur de l’hiver, c’est à dire en plein Tournoi. Autant dire que l’effet en serait désastreux face, par exemple, à des Ecossais qui, avec un système de province, où les matchs de HCup et de Ligue Celtique laissent du temps pour récupérer et retrouver de la fraîcheur physique. Espérons pour l’équipe de France que ce danger, bien réel, ne se produise pas et ne vienne briser la note positive de fin de Coupe du Monde.

La morale Attoub :

Le cas de David Attoub est anecdotique, il remplace Luc Ducalcon, malade, mais il rappelle une loi éternelle dans le rugby que les joueurs ne doivent jamais oublier : le joueur est performant parce que l’équipe est performante. C’est parce que le Stade Français a su se relever, dès cette saison, et gagner des matchs tests, c’est parce que le pack Parisien est, en quelques mois, redevenu performant que David Attoub a été rappelé par les sélectionneurs. Cette une loi intangible que les joueurs doivent toujours avoir à l’esprit même s’il est, pour eux, souvent difficile de choisir entre les objectifs du club et ceux de l’équipe nationale. En tout cas, Philippe St André a envoyé un message fort en sélectionnant David Attoub et pas Alexis Palisson, par exemple. C’est au travers des performances réalisées en club que sa place en équipe de France se gagne. Ce qui a aussi l’inconvénient de faire comprendre aux joueurs qu’il vaut mieux signer à Toulouse et à Clermont, où le niveau de performance de l’équipe est toujours proche de l’excellence, qu’à Lyon, Bayonne ou Perpignan, où les résultats peuvent être beaucoup plus incertains. Mais tout ne peut pas être toujours parfait…

REAGISSEZ A CET ARTICLE ET ENVOYEZ-MOI VOS COMMENTAIRES…