Autant le dire tout de suite, la Cité de la Musique a réussi là un véritable tour de force : on évolue en même temps que le personnage dont on retrace la vie au fil de l'exposition. La musique change en même temps que le parcours de Klee se précise, qu'il mûrit dans sa peinture. L'enfance et l'adolescence se déroulent aux rythmes des compositeurs classiques qu'il admirait, pour mûrir ensuite, se tourner vers la peinture, et cette maturité s'accompagne alors de mélodies plus complexes, plus modernes, reflétant bien les changements que le peintre et son environnement connaissent.
Puis vient le moment des révélations. Avez-vous déjà vu une polyphonie ? Une fugue ? Non, bien sûr... Mais si vous deviez les représenter, leur donner une persistance dans le temps, que feriez-vous ? Klee, lui, transcende les limites de la musique et parvient devant nous à peindre ces sons et ces structures de composition, à les coucher sur la toile, à leur donner une existence visuelle. Bluffant, à tel point qu'on arriverait presque à "écouter" ses peintures. Et grâce aux croquis et aux notes de Klee, au moins aussi intéressants que les tableaux, l'exposition creuse loin, réussit à amener le visiteur jusque dans les pensées de Klee. On comprend alors que le temps qui porte les notes de musique devient espace sur les toiles, les mélodies elles-mêmes deviennent aplats, couleurs...(Sauf qu'elle a fermé ses portes... Mais elle valait le déplacement)