[Critique] AU PAYS DU SANG ET DU MIEL (In the land of blood and honey) d’Angelina Jolie

Par Celine_diane

[AVANT-PREMIERE]
Malgré un engagement revendiqué pour les causes humanitaires et féministes (ses nombreuses adoptions d’enfants défavorisés ou son combat en tant qu’ambassadrice de l’ONU en témoignent), Angelina Jolie se traîne encore l’image d’une sulfureuse femme fatale, une Madame Tomb Pitt Raider trop glamour pour se permettre d’être sérieuse. Pour le coup, sa première œuvre en tant que réalisatrice (et scénariste, et productrice) risque d’en faire taire pas mal, puisqu’il aborde de plein fouet le conflit en Bosnie-Herzégovine. Pour évoquer cette guerre sanglante et meurtrière, elle choisit deux points de vue : celui d’un couple, un soldat serbe et une bosniaque musulmane (superbes Goran Kostic et Zana Marjanovic), et celui des femmes bosniaques, violentées, violées, bafouées dans leur chair. L’ouverture, saisissante, résume à elle seule ses intentions : le couple, amoureux, presque insouciant, s’étreint langoureusement sur une piste de danse. Lorsqu’une bombe explose, elle vient faire voler en éclats à la fois les murs, leur amour, le pays tout entier.
En temps de guerre, plus de lois. La barbarie humaine se dévoile, les atrocités restent impunies, et, les instincts dominateurs masculins refont surface. C’est ce que choisit d’exposer Jolie au grand jour : les tortures, tant physiques que psychologiques, faites aux femmes, les viols répétés dont elles furent les victimes, les ravages d’une guerre, trop complexe pour que les rouages soient ici étudiés. D’ailleurs, quoiqu’en disent les critiques dont elle est l’objet, Angelina Jolie n’a nullement l’intention de prendre parti ou de disserter sur les causes et contextes du conflit. Ce qu’elle montre, c’est la souffrance féminine. Point barre. Evidemment, et ce même si la cinéaste a du mal à rendre fluide ses basculements entre art de la mise en scène (parfois poseuse, souvent remarquable) et horreur du réel, le film est véritablement bouleversant. Jusqu’au crescendo final, clôture malsaine aux allures de tragédie grecque, elle assène de grandes claques au spectateur. Impossible d’en sortir indemnes.

Sortie : le 22 février 2012.