MAINSTREAM ou la culture qui plaît à tout le monde?

Par Citoyenhmida

Depuis quelques temps, le vocabulaire français s’est enrichi d’un nouveau mot qui circule dans le microcosme intellectuel et médiatique: MEANSTREAM, littéralement “courant dominant”.

Ce vocable d’origine américaine recouvre dans son acception actuelle un sens plus large : on utilise  “culture mainstream” pour parler  soit la “culture pour tous” soit de la “culture hégémonique; un” film mainstream” vise un large public ; un “media mainstream” désigne un média de masse ; un “produit mainstream” se vend massivement et  si “quelqu’unveut être mainstream” veut en fait plaire à tout le monde.

Partant de ce constat, Frédéric MARTEL, cheurcheur et journaliste, s’est lancé dans une “enquête sur cette culture qui plait à tout le monde”.

Le résultat de cette recherche qui a duré cinq ans, qui a couvert 150 villes trente pays, qui a nécessité des entretiens individuels avec 1.250 personnes est consigné dans son livre “MAINSTREAM” publié chez dans en juillet 2010.

Un pavé de 450 pages, sans compter les sources, les références, les index,  la biographie, les  données statistiques  et les notes qui sont accessibles sur le site de l’auteur www.fredericmartel.com.

Pour se préparer à la lecture de cet ouvrage, il est impératif, pour les non anglophones ou simplement les non initiés, de consulter au préalable le lexique des termes et expressions techniques  utilisés par l’auteur.

Une enquête de ce genre et surtout  de cette ampleur ne peut intéresser tous  les lecteurs lambda.

Je me suis perdu – et j’ai renoncé à suivre – les dédales de “l’entertaitement américain” qui fait l’objet de la première partie : je n’ai vu aucun intérêt dans les développements de Frédéric Martel sur le cinéma américain, ni sur ceux de la musique américaine, sur leurs problèmes de marketing et de distribution à l’intérieur des USA, pas plus que je n’ai été attiré les méthodes de formation dans les spécialités du cinéma. Ce monde m’est complètement étranger et inaccessible.

Par contre, la seconde partie de l’enquête portant sur le “la guerre culturelle mondiale” m’a fortement interpelé.

Frédéric Martel y aborde des problèmes qui me concernent, nous concernent en fait, plus directement.

Il explique comment la Chine fait face à Hollywood, avec la complicité active et quelque peu malheureuse du magnat de la presse Rupert Murdoch.

Le succès extraordinaire des films indiens, depuis des décennies dans notre pays, et la folie populaire provoquée à  Marrakech par la présence de l’acteur indien Shah Rush Khan, m’ont invité à lire avec intérêt le chapitre sur “le nouveau Bollywood“.

Les séries, venues soit d’Amérique latine (telenovelas) , soit des pays du Moyen orient (mousalsalat), soit même de Corée (drama), et la place qu’elles prennent dans le paysage télévisuel mondial sont également abordées.

Mais la dernière partie du livre qui m’est apparue la plus attractive, parce qu’elle décortique la phénoménale expansion des chaines satellitaires arabes, comme d’une part AL JAZERA pour l’information  et d’autre part  ROTANA pour le divertissement (musique, cinéma et télévision).

La conclusion de Frédéric Martel se révèle d’un  très grand pessimisme pour l’Europe qui “cumule les problèmes de l’Asie (langue dominante rejetée), de l’Amérique latine (faible culture populaire commune) et des pays arabes (vives tensions sur les valeurs communes)”  sans que cela soit “compensé par un dynamisme économique et démographique (Brésil, Asie) et des ressources financières inépuisables (Pays du Golfe)”.

Cet ouvrage n’est pas à lire d’un traite : cela est impossible. Mais il est utile de l’avoir sous la main et de l’ouvrir, selon l’intérêt du moment et les événements touchant le monde de la culture et du divertissement  ou plus exactement  ce que les américains appellent “entertainement”.