Sepalcure – Sepalcure

Publié le 01 février 2012 par Lcassetta

Sepalcure, c’est la rencontre des très talentueux Machine Drum et Braille. Reprenant les éléments qui ont fait le succès de chacun et arrivant à un travail beaucoup plus abouti, leur production réussit à aller plus loin que là où la leur, individuelle, s’arrête. Ainsi, Sepalcure réinventent les mouvements actuels en y infusant beaucoup d’éléments divers avec une touche d’émotion et de romantisme époustouflante. Chronique de leur premier album !

Le meilleur des deux mondes. Machine Drum est loué pour sa maîtrise des samples vocaux qu’il a parfaitement mis en place sur son dernier album, Room(s). On pourra cependant dire que ce dernier n’est pas totalement abouti… A force de mettre l’emphase sur les vocals, il en oublie presque de rendre le beat cohérent. Cependant, il est sûr et certain que son travail ne manque pas de talent ni d’originalité. Braille, quant à lui, est moins connu pour son originalité mais surtout pour son talent et ses basses phénoménales. Ainsi, l’un rattrape les erreurs de l’autre et le tout consolide totalement les fossés qu’il peut y avoir entre eux… Et ça va même encore plus loin. Ce n’est même plus une question de “travail bien fait, sans erreurs”, la dimension de leur rencontre amène de nouveaux défis à leur musique. Leur production a la prétention d’être une sorte de “revival” du garage tout en y mélangeant énormément d’éléments. La vigueur du D’n'B, la passion de la deep house, la fraîcheur du future garage… Sepalcure réinventent la musique actuelle avec brio. Chaque élément est à sa place et est parfaitement bien mené. On ne regrettera aucune basse, aucune structure, tout est mis en place avec une maîtrise exceptionnelle.

Tout l’album prend une dimension supérieure à celle que l’on attend d’un album couvrant ces genres. Il est entièrement beau, profond, atmosphérique et romantique. Cela garde le même côté hanté et profond de la musique de Burial sans pour autant en être calqué. On retrouve les mêmes samples sans corps, mais avec beaucoup plus de basse et de 2-step. Ça sample presque de la house et ça se ressent… Mais surtout, ce n’est pas pour créer une ambiance fantomatique (qui est cependant présente) : c’est surtout pour le ressenti émotionnel direct.

Sur toutes les chansons, on retrouvera beaucoup de variété. Il y a bien des chansons purement orientées dancefloor comme The One ou Breezin, comme des chansons beaucoup plus expérimentales et atmosphériques. On appréciera alors dans le second cas le travail exceptionnel sur les vocals de Carrot Man ou la beauté ambiante de l’outro : Outside. Des sons comme Hold on ou Yuh Nuh See ont été infusés d’une bassline divine. Mais surtout, chaque chanson a un potentiel émotionnel énorme. Les samples torturés, distordus et bourrés d’échos résonnent puissamment sur les basses fluides du duo. Souvent explicites, comme sur See Me Feel Me ou The One, ils relèvent toujours du même mystère expérimental que la majorité des samples utilisés en post-dubstep : courts, avec un sens caché mais toujours profonds. Et ces derniers relèvent d’un certain romantisme très bien exploité : You are the one, ou encore See me, feel me.

Cependant, le stand out track est sans aucun doute Pencil Pimp. Construit progressivement sur plusieurs synthés, il a l’air très doux au début, avec son sympathique sample féminin… Pour accélérer et intégrer de plus en plus de snares, de claps, de samples vocaux déchirés et pitched down. On en arrive presque à ce que Sepalcure font de mieux : les moments d’intensité. Ainsi, en plein milieu, le synthé devient aigu, éthéré et presque poignant. C’est bourré d’émotion, on a l’impression qu’il se passe quelque chose d’horrible, une sensation très intime et qu’on est les seuls à ressentir, comme une sorte de paranoïa inexpliquée. Chaque string du synthé nous perfore.

Ainsi, Sepalcure réussissent à s’imposer comme des vétérans de l’électro, en mélangeant D’n'B, post-dubstep, future garage, deep house, dubstep et j’en passe. Apès deux EPs, leur premier LP est l’aboutissement non pas simplement de leur travail en duo, ni celui de leur travail solo, mais de toutes les déviations de ce mélange de genres. Leurs sonorités sont parfaitement exploitées, très riches et avec un effet très puissant. Leur album réussit à mettre en place une esthétique qui leur est désormais propre. On ne cherchera aucun headbanger sur cet album… Mais on arrivera quand même à danser dessus sans trop de problèmes.

Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Etudiant de 17 ans passionné de musique underground. Je connais la musique comme ma poche et des trucs que même Discogs ignore... Je te fais découvrir les meilleures et les pires sorties, je façonne ton goût. C'est moi qui analyse la musique actuelle et qui vous cultive. Pour vous servir.