Byetone – Symeta

Publié le 04 février 2012 par Hartzine

Ce troisième album du projet d’Olaf Bender était particulièrement attendu après un somptueux Death of a typographer sorti en 2008. Co-fondateur de l’excellent label Raster-Noton, qui défend avec conviction et audace une certaine vision des musiques électroniques, Bender est aussi le graphiste du label. Ses pochettes minimalistes et épurées ont certainement contribué à renforcer l’approche sans compromis que défendent Alva Noto, Kangding Ray ou encore Emptyset. Mais Byetone lui même n’est pas en reste comme le prouve ce nouvel opus qui creuse le sillon d’une musique aussi abstraite qu’évocatrice. Ce qui frappe une fois de plus chez Byetone c’est la force de construction de ses morceaux: la richesse des textures sonores est impressionnante et crée une sensation de densité quasi-charnelle. A ce titre le morceau d’ouverture Topas est emblématique: à la syncope du micro-bleep s’ajoutent, par moment, des strates suprenantes qui massifient et élargissent l’approche initiale. Toute la force de Byetone est donc, sur des structures rythmiques d’acier, de nous faire découvrir des aspérités, des recoins, des angles qui, d’une certaine façon, s’opposent totalement à la sobriété de la structure générale. C’est un travail d’architecte, aussi poète que perfectionniste, qui s’étend et se contortionne entre le général et le particulier. Ce parti pris apporte un spectaculaire sens du mouvement qui propulse l’album vers des sommets.
Après l’hivernal et méditatif Neuschnee, les flocons s’accumulent et tout semble sonner différemment. Opal nous plonge avec une gravité sourde dans un bain de suées kafkaïennes, encerclé par des empilements de messages en morse avortés. La frénésie communicative et l’emballement des systèmes nous guettent. Le 10-18 s’affole et grille les connexions neuronales. Puis il y a ce réveil brutal, Brazil-esque, avec Helix, démonstration de force inattendue. Une véritable cassure vient de se produire, une sorte d’heureux accident industriel qui fait franchir au disque un nouveau cap. Si les morceaux se font plus durs, ils semblent paradoxalement plus faciles à apprivoiser. Dans la ligne de basse de Black Peace on trouve soudain une tentative de dialogue. Il serait plus précis de dire qu’il s’agit de poches de civilités qui éclatent rapidement sous la tension d’une agitation rythmique phénoménale. On se prend vite dans ce grand jeu, séduit par ces appels d’air qui complexifient encore les trajectoires et les mouvements. Le morceau final, « Golden Elegy » est un faux plat magistral qui laisse entrevoir, entre deux kicks, des perspectives quasi hip-hop. Comme quoi Byetone nous réserve bien des surprises sous son manteau d’austérité germanique.

Audio

Vidéo

Byetone (Raster Noton) live @ MNAC from veioza arte on Vimeo.

Tracklist

Byetone – Symeta (2011, Raster-Noton)

1. Topas
2. T-e-l-e-g-r-a-m-m
3. Neuschnee
4. Opal
5. Helix
6. Black Peace
7. Golden Elegy