Entre Italie et Russie, entre chaud et froid : éveil à la sexualité

Publié le 07 mars 2008 par Didier T.
Comme je ne suis ni :
- acheteuse chez Saks à New York ou chez Mitsukoshi à Tokyo
- Anne Wintour du Vogue américain, Michael Roberts de Vanity Fair (quel joli nom pour un magazine de mode quand on y pense) ou Susie Menkes du International Herald Tribune.
- richissime cliente liftée ou richissime cliente rebelle non liftée.
- cliente obstinée d’une classe moyenne ayant économisée des mois pour un sac ou une veste.
- actrice de cinéma ou vedette de la chanson ou femme de télévision ou d’affaires.
Je ne tiens même pas un blog de fille amatrice de mode. Je ne suis pas apprentie styliste, je ne prends pas de cours à la Chambre syndicale de la couture.
Je n’ai pas eu d’invitation pour le défilé Chloé.
Mais j’ai tout de même un avis que je tiens à partager avec, entre autres, les lecteurs (branchés) de Clamecy. Clamecy dont le maire fait de la résistance, en ces temps d’élections municipales, pour conserver un temple de la Femme : la maternité locale.
Non présente le jour J. Je ne sais pas quelle musique était proposée aux spectateurs.
J’ai donc choisi par moi-même et je me suis passée en boucle la chanson L’odalisque de Claire Diterzi dont je vous livre quelques paroles « tes pieds mon amour à tout jamais je baiserai ta voix de velours je m’incline et j’y obéirai telle une pompadour enfarinée rococo parée des plus beaux atours à tes pieds je me jetterai ». J’ai regardé ainsi 32 photographies de vêtements. Et il faut bien dire que dire quelque chose n’est pas simple. Cela l’est d’autant moins que je n’y étais pas pour de vrai. Dans ces cas-là, on peut toujours- certes personne ne le fait jamais, mais personne n’est réellement audacieux- trouver de bons mots pour se moquer d’Anne Wintour ou de Michael Roberts, ou d’une richissime cliente liftée ou d’une actrice. 
Au défilé Chloé, les stores vénitiens jouent coquinement avec la lumière, d’un jaune très doux propice au voyage érotique. D’ailleurs les jeunes filles qui marchent sur le parquet thaïlandais (thaïlandais, c’est un ton de jaune, blanc, marron clair qui répond au jaune des stores vénitiens) ont les cheveux emmêlés comme après une nuit avec un délicieux amant. Parce qu’elles sont devant un parterre de gens sérieux, elles essaient de faire bonne figure et de jouer les ingénues. Elles ont revêtu à la hâte des manteaux stricts noirs. Elles veulent absolument faire oublier leurs folles virées dans la chaude Italie. Elles veulent faire croire aux gens sérieux qu’elles reviennent de quelques steppes froides de Mongolie. Elles disent qu’elles en ont rapporté quelques fourrures et broderies russes. Mais personne n’est dupe ; on voit bien les délicates et lunaires déchirures sur les collants transparents. Et puis quelques unes de ces ingénues ont revêtu à la hâte la veste de leur compagnon italien. Pourtant elles persistent à affirmer leur irréprochabilité en avançant vêtue de mousseline pâle et crémeuse. Elles excitent les visions romantiques des spectateurs en usant d’étoiles et de milles perles scintillantes qu’on dirait héritées de tantes, fées bienveillantes et complices dans la dissimulation de l’accès des Cendrillon à une sexualité moderne.



Photos du défilé Chloé PAP automne-hiver 2008/2009Photo 1 : Manteau strict, broderies russes, collants déchirés lunaires
Photo 2 : Morceaux de fourrures des steppes
Photo 3 : Veste chipée à un amant italien délicieux
Photo 4 : Etoiles et brillants divers pour faire oublier
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu