Restaurant Gill, Rouen

Publié le 06 février 2012 par Chrisos

Restaurant Gill
8-9 quai de la Bourse, 76 000 Rouen.
Tél. : 02 33 71 16 14. Site Web.
Ouvert tous les jours, au déjeuner et au dîner, sauf dimanche et lundi.

En bref

Gill, c’est le restaurant gastronomique so chic de Rouen. Le chef Gilles Tournadre (deux étoiles Michelin depuis 1990) propose une cuisine de luxe, plutôt classique, qui met le produit en avant. C’est bon, parfois même très bon, mais j’ai trouvé que ça manquait un peu d’âme, que ce soit dans l’assiette ou en salle, très bourgeois en province. La salle du restaurant est assez grande, elle a du être refaite il y a quelques années, puisque la décoration est très contemporaine, avec des tons beige blanc et gris, qui manque un peu de chaleur

Menu déjeuner à 37€, menu dîner à 68€, dégustation à 95€ (menus homard ou truffe en saison). À la carte, compter une centaine d’euros sans les boissons.

Gill : Gilles Tournadre

Gill, c’est le restaurant gastronomique (affilié Relais & Châteaux) du chef Gilles Tournardre (2 étoiles Michelin depuis 1990, quatre toques G&M) et de son épouse Sylvie, depuis le milieu des années 1980. Le couple possède également un bistrot-gastro, un bistrot nippon à Rouen, et une annexe du gastro au Japon!

Peu d’avis en ligne.

On retrouve Gill sur les CityVox, TripAdvisor, Qype, Itaste, avec généralement des avis positifs ou très positifs. Dans la presse (parisienne) et sur les blogs, peu de mentions de Gill. Il faut croire que les deux étoiles Michelin et les toques G&M suffisent. L’excellent Pêcheur Life a moyennement aimé, alors que c’est un coup de cœur pour Pudlo. L’Ordre des Canardiers y a fait un diner amical. Mon p’tit guide y a pris des photos et « adore ».

Déjeuner du 14 mai 2011

Accueil agréable, service entre jeune et plus expérimenté, relativement distant et pas vraiment attachant. Pas de défaut majeur, mais pas vraiment d’attitude propice à l’échange et au partage. C’est le boulot, nous sommes les clients, ils font leur boulot, ni plu, ni moins ; et c’est comme ça. Dans la salle, pas beaucoup de clients en dessous de 40-45 ans, quelques enfants. Tous sont bien vêtus, ambiance parisien de l’ouest qui passe le week end à Deauville : pas de cravates, nous sommes samedi, mais des chemises fantaisie, quelques polos et des grands pulls en coton  épais aux couleurs pâles. Cela fait un joli tableau avec les tons de la salle. A étant gardée par sa mamie ce week end, nous avons le temps de prendre le menu dégustation (95€, sept services). Pour fêter ça, une bouteille de St Géron (6,5€) et une de Saint Joseph blanc (2009, 48€).

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Un menu qui défilera à rythme assez régulier (un peu de flottement à la fin). Près de neuf mois après, la mémoire a fait son travail. Je dois avouer que, si je n’avais pas pris de photos, j’aurais du mal à me souvenir en quoi consistait exactement de repas. Et certaines photos, hélas, n’évoquent plus grand chose. Vous verre dans ce qui suit que j’ai gardé peu de souvenirs impérissables!

Cela commence avec de petits amuses bouche présentés sur des petites cuillers en porcelaine. Du bon saumon mariné maison, au très bon goût et une bouchée de crème. C’était frais, bien pour commencer mais pas éblouissant (à l’image de l’ensemble du repas).

Maquereau : jolies couleurs, belle fraicheur de cette composition mer-terre (herbes+radis).

Foie gras : très belle cuisson, superbe texture, le reste sert à faire joli et n’apporte pas énormément.

Homard servi froid : pois gourmands, crème gouteuse et encore des herbes. Le homard est impeccable, bien mis en valeur dans cette assiette qu’on aurait bien aimé plus copieuse!

Filet de bar : jus au cidre, marmelade d’oignons et de pommes, crème mousseuse au Calvados. Mois visuel que ce qui précède. Je ne vous étonnerai pas en écrivant que le bar est cuit comme il faut, et que cette composition aux accents locaux est réussie. Encore une tige verte!

Agneau : quelle surprise! Pas de feuilles vertes sur le dessus pour ce plat! Non, le vert est la couleur primaire de cette joli composition printanière. L’agneau se cache derrière les asperges, les fèves et quelques feuilles de truffe. Le vert est également présent sous forme de mousse-purée décorative, avec une trainée sur le côté de l’assiette. Le chef ne se contente pas de bien travailler les produits de la mer, il maitrise aussi la viande fraiche et tendre des jeunes agneaux.

Ce qui a précédé était bien servi, bon, mais sans quantités excessives. Nourrissant mais pas roboratif, ce qui laisse de la place pour profiter du riche plateau de fromages : profusion en version locale ou inter-régions.

Ce pré-dessert, sorbet fraise-basilic, avec ses fins fils de sucre, est pour moi le point culminant et LE souvenir le plus fort de ce repas. Une claque de fraicheur, de jeu de textures et de goût, obtenu à partir d’une composition simple, voire classique, revue et interprétée de manière sublime! C’est là que l’on se dit, que, si tout ce qui avait précédé avait été du niveau de pureté et avec l’éclat de ce sorbet, les trois étoiles auraient été amplement méritées!

Les mignardises nous font retourner à terre : très classique (en présentation, même si certaines recettes sont customisées, avec un emploi original de produits), très bon, mais pas époustouflant.

Le mille-feuilles minute à la vanille Bourbon (le feuilletage est encore tiède) est classique et de très bon niveau, mais pas extasiant pour autant. Il manque un peu de je ne sais quoi dans la crème, qui aurait pu avoir plus de goût ou être plus légère.

Les fruits et sorbet sont une belle façon de terminer. Fraicheur, saveurs, goûts sont au rendez-vous, assurément. Du très bon niveau, mais il n’y a plus l’effet de surprise après avoir goûté le pré-dessert superstar. Et si l’on est content de retrouver le même esprit (avec les fils de sucre) et la même qualité, on est aussi un peu déçu de ne pas voir plus de nouveauté.

Une bonne infusion (6€, indiquée sur l’addition comme « thé, infusion et mignardises », faut-il comprendre qu’il n’y a de mignardises que si l’on prend une boisson chaude? pas certain, puisque je pense que les mignardises sont arrivées avant qu’on ne commande la tisane) pour terminer ce déjeuner, commencer à digérer. On paie et on va se promener dans la veille ville (avec un aller-retour inutile pour retrouver l’appareil photo perdu dans une poche intérieure).

Bilan : très bien, mais pas particulièrement marquant!

Deux menus dégustation (2*95=190€), une bouteille de St-Géron (6,5€), une de St Joseph Blanc (2009, 48€) et une tisane (6€), cela nous fait 250,50€. Un budget assez raisonnable pour un deux étoiles de province. Néanmoins, c’est tout de même un sacré budget et le rapport émotions/prix n’est pas très bon. Deux heures et demie agréables, au cours desquelles s’enchainent les créations du chef, toujours bonnes, parfois très bonnes. Pour autant, nous n’avons pas été touchés par la grâce. C’est léger, bien dosé. Le meilleur souvenir que j’en garde, 9 mois plus tard, c’est ce pré-dessert fraise basilic, époustouflant de fraicheur, de goût et de légèreté.

Gill était sur mon radar depuis plusieurs années (en fond, et pas forcément au premier plan). Je suis content d’y avoir déjeuné et je n’ai aucun regret. Le cadre, le standing, la qualité des assiettes lui valent deux étoiles bien méritées. Autant j’ai envie (même si j’ai un peu d’appréhension) de retourner une troisième fois au Sa.Qua.Na. d’Alexandre Bourdas (pour y avoir été très enthousiaste les deux fois), autant je pense que je ne chercherai pas à retourner de si tôt au Gill de Gilles Tournadre. Si l’occasion de déjeuner à Rouen se présente à nouveau, pourquoi ne pas essayer ses « petites » adresses (bistrot gastro, japonais).

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Rédigé par chrisos