Hommage à Antoni Tàpies, mon guide en art

Publié le 07 février 2012 par Alexia Guggémos @alexia_guggemos

Antoni Tàpies est décédé ce lundi 6 février 2012, à l'âge de 88 ans, et j'en suis profondément affectée. Le peintre catalan était sans contexte l'un des plus grands artistes du XXe siècle, et celui qui a motivé mon premier choc esthétique et à qui je dois la passion qui m'anime depuis tant d'années pour l'art contemporain.

On le connaît pour ses graffitis, entailles, lacérations et autres "champs de bataille", et surtout l'utilisation qu'il faisait des matériaux pauvres : poudre d'argile, tissus, cordes, collages et papiers déchirés. Avec les années, il s'était mis à intégrer dans ses œuvres des matériaux plus volumineux.

Lorsqu'Antoni Tàpies a inauguré sa fondation à Barcelone en 1984, j'ai économisé jusqu'au dernier sou pour me rendre dès que possible en Catalogne apercevoir avec l'émotion de ma jeunesse la sculpture sur le toit : "Nuage et chaise". Un émerveillement, qui me fait battre le cœur chaque fois que j'y reviens, aujourd'hui encore. Comme un signe dans le ciel, une route tracée.

Quelques années plus tard, en 1996, à l'occasion d'une exposition de dessins à Aix-en-Provence, j'ai eu la chance de pouvoir assister au vernissage et le plaisir inestimable de déjeuner avec lui. J'en garde le souvenir d'un artiste souriant et accessible, et je conserve depuis cette photo qu'il m'a autorisée à prendre de lui. "La vraie intuition est dans le dessin", m'avait-il dit ce jour là. Depuis que j'ai découvert ses œuvres à la galerie Lelong à Paris, jamais je n'ai eu de désamour à l'égard de son travail dont j'ai toujours été à l'affût.

La première œuvre d'art que j'ai acquise est d'ailleurs de lui, en toute logique : une simple gravure, payée difficilement en 5 fois car bien au-dessus de mes moyens. C'est la pierre angulaire de mes coups de cœur, celle dont je ne me sépare jamais et sur laquelle je dois à tout instant pouvoir poser mes yeux éblouis. La séduction reste la même, vingt ans après. J'aimais son trait rapide, découpant l'espace, laissant flotter une âme. J'aimais ses bistres sourds et ses notes colorées. A, pour Art. T pour EterniT...

Antoni Tàpies, vous allez manquer au monde de l'Art. Mais vous allez me manquer bien plus cruellement encore, comme un vide dans ce monde que vous saviez illuminer d'un simple geste.


A lire : Tàpies, de Roland Penrose, ediciones Poligrafa