Tendances philanthropiques au Québec en 2012

Publié le 09 février 2012 par Philanthropie

Si vous êtes intéressé à connaître l’état de la situation en matière de philanthropie au Québec, lire l’Étude sur les tendances en philanthropie au Québec en 2012 est un must. Cette étude est menée par Léger Marketing et Épisode. Le rapport de recherche en couvre large et mon intention ici est de faire ressortir les points qui retiennent mon attention et de les commenter. Il est fort possible que vous soyez intéressé par d’autres aspects de l’étude, c’est pourquoi je ne prétends pas résumer ton son contenu.

Méthodologie :

Quand on parle de Léger Marketing et d’étude de marché, on a automatiquement un sentiment de crédibilité. Mais pour rassurer les sceptiques, précisons que 2035 individues canadiens, dont 1018 québécois, ont été sondés par un questionnaire en ligne à la fin octobre 2011.  Pour les PME, ce sont 203 propriétaires et hauts dirigeants qui ont rempli le sondage en ligne alors que des responsables de dons de 30 grandes entreprises se sont prêtés à l’exercice.

Les tendances au niveau des individus :

  • C’est la 2e fois que je lis ce rapport (le précédent en 2010) et encore une fois je ne suis pas fier de la performance des individus québécois. En fait, c’est assez douloureux comme constat.
  • Même si un % similaire de québécois ont fait des dons en 2011 (63% vs 68% dans le reste du Canada), la moyenne pour la valeur monétaire des dons des québécois est à 231$ vs 517$ pour le reste du Canada. Soir deux fois moins.
  • Précisons que cette valeur monétaire moyenne des dons prend en compte autant les dons déclarés que les non-déclarés. L’argument selon lequel les québécois demandent moins de reçus d’impôt ou font plus de don spontané (à la caisse du supermarché ou sur la rue) ne tient pas la route.
  • Il faut l’admettre, le Québec arrive bon dernier en matière de dons de charité parmi les province québécoise, et de loin. On peut invoquer notre taux de taxation, le poids de notre état providence, notre histoire où le clergé occupait un rôle très important et tout autre argument culturel … le constat de demeure et je le trouve difficile à accepter.
  • Est-ce que les québécois sont vraiment moins généreux? Donnent-ils autrement? Les OSBL sont-ils moins efficaces à convaincre les donateurs?
  • Le seul point positif au tableau est que la tendance philanthropique est à la baisse dans le reste du Canada alors que le Québec maintient ses indices au même niveau.
  • Il est intéressant de noter que le Québec se distingue au niveau des types d’organismes les plus populaires alors que la santé, l’enfance et la pauvreté obtiennent plus la faveur des donateurs ici que dans le reste du Canada. À l’opposé, les organismes communautaire, ceux liés aux animaux, à l’éducation, à l’environnement et à la religion sont moins populaires.

Les tendances au niveau des PME et des grandes entreprises :

  • Cette section en contient pas de comparatif Québec vs reste du Canada, impossible de juger de l’indice de charité des entreprises québécoises.
  • Je suis un peu déçu de constater que parmi les motivations de dons, les goûts personnels des dirigeants demeurent important à 20% pour les grandes entreprises et 27% dans les PME. Selon moi, ces chiffres démontrent une absence grave de vision stratégique en matière de philanthropie corporative. Je suis sûre que favoriser l’image de l’entreprise et mobiliser les employés vont gagner en importance dans les prochaines années.
  • La crédibilité des OSBL est de loin le critère le plus important dans le choix des entreprises. Voilà qui est important pour les dirigeants d’organismes. Je suis surpris de voir que le lien entre les OSBL et les marchés ciblés par les entreprises ne semble pas avoir être considéré sérieusement par les dirigeants d’entreprise.

Les classements d’organismes, des personnalités québécoises et des entreprises :

  • Le seul secteur de cette étude pour lequel je suis resté sur ma faim, ou devrais-je dire pour lequel j’entretiens le doute, concerne les divers classements proposés.
  • Par exemple, aux niveaux des classements des organismes de santé et du domaine des services sociaux/communautaires, je vois certaines anomalies qui me font soulever les sourcils. Je ne nommerai pas d’organismes précis, mais quand vous verrez la liste, vous trouverez peut-être vous aussi que la position de certains organismes en haut des classements est surprenante ou encore que l’absence totale d’autres organismes est pratiquement pas explicable.
  • Ce classement des OSBL est très important à mon avis car il est un indicateur des de la perception du public face à l’image de marque des organismes. Ce critère devrait primer dans les décisions de dons, plus particulièrement en philanthropie corporative. Voilà pourquoi je souhaite vraiment que ce type de mesure soit élaborer davantage dans les prochaines années.
  • Le classement des personnalités publiques me semble plus recevable dans la mesure où les facteurs de popularité, de présence médiatique, de fortune personnelle peuvent venir brouiller les cartes. En ce sens, la présence de Céline Dion en première place n’est pas si surprenante. J’avoue que j’avais bien aimé voir Dan Bigras en 1e place dans l’étude précédente, il tombe en 5e place cette année.
  • En terminant, le classement des entreprises est celui qui me semble le plus difficile à prendre totalement au sérieux. Je n’ai rien contre le fait que Tim Hortons, le Cirque du soleil ou Jean Coutu soient les trois entreprises considérées les plus généreuses au Québec. Mais quand Telus arrive au 41e rang, malgré tous ses efforts concrets et sa communication de contribution sociale, y a quelque chose qui cloche.