John Locke, l'exemple à suivre

Par Eguillot

L'auteur américain John Locke a vendu plus d'un million d'ebooks en les autopulbiant sur le Kindle d'Amazon. Ce n'est d'ailleurs pas le seul autoédité à avoir dépassé ce chiffre symbolique sur Kindle. La nouveauté, c'est qu'il vient de dévoiler les détails de son accord d'impression/stockage/diffusion/distribution de ses ouvrages autoédités avec Simon & Schuster, l'un des "Big Six" américains, c'est à dire l'un des six plus gros éditeurs outre-atlantique. Et devinez quoi ? Il garde tous ses droits sur ses ebooks et livres papier. Je répète, il garde tous ses droits sur ses ebooks et livres papier, tout en étant imprimé, diffusé et distribué par une grande maison d'édition. L'article dont il est question se trouve sur le site Indie Reader.com. Un exemple à suivre !

Le deal traditionnel de l'édition, c'est : "on prend le risque financier d'imprimer votre livre à plusieurs milliers d'exemplaires, de le distribuer, de faire passer un commercial pour qu'il soit bien placé en librairie (diffusion), et en échange, non seulement nous récupérons la majorité des bénéfices sur les ventes pour toute la durée de vie de l'oeuvre (vous n'aurez plus le droit de publier l'ouvrage ailleurs tant qu'il sera exploité), mais en plus, vous nous cédez les droits numériques sur votre livre dans les mêmes conditions, 50% des droits sur les adaptations cinéma ou audiovisuelles (même si on ne fait aucune démarche en ce sens), les droits sur les traductions, les produits dérivés", etc. (Et, si possible, des droits sur vos futures oeuvres, pour les plus requins parmi les éditeurs. C'est illégal mais certains n'en ont cure.)

L'exemple de John Locke est évidemment atypique. Il n'a réussi à obtenir ce formidable deal que parce que Simon & Schuster savait qu'ils avaient des ventes assurées en livres papier avec lui. Et John Locke a eu l'intelligence de conclure ce marché parce qu'il sait que deux tiers des lecteurs américains ne sont pas encore équipés en lecteur d'ebooks.

John Locke a donc obtenu le meilleur des deux mondes, la diffusion numérique sur Kindle et consorts en autoédition, et l'impression/stockage/diffusion/distribution gérée par Simon & Schuster, avec un partage des revenus (dont j'ignore la teneur exacte), bien sûr, sur les revenus papier. Ce deal qu'il a obtenu pourrait être le New Deal idéal pour tous les autoédités. Notre objectif commun, à nous autres auteurs.

Pour ce qui me concerne en tous les cas, je ne me vois plus signer un contrat traditionnel avec un éditeur. Le business model traditionnel de l'édition est brisé ou en passe de l'être aux Etats-Unis, et le sera sans doute en France. Quand ? Le plus tôt possible, j'espère. Les éditeurs devront dans un avenir très proche conclure de nouveaux marchés avec les auteurs. Le terrain d'essai idéal sera le numérique, et ceux qui marcheront le mieux sur ces plates-formes se verront distribués. On aura enfin en librairie, non pas les livres que les éditeurs ont choisi ou imposé, mais ceux que les lecteurs veulent lire. CQFD.