[Critique DVD] La charge de la brigade légère

Par Gicquel

Quand il projette ce film à grand spectacle, en 1968, Tony Richardson, entend poursuivre l’œuvre de rénovation du cinéma britannique, entrepris une dizaine d’années auparavant. Ce que l’on appela alors « la nouvelle vague anglaise » a aujourd’hui pris  un bon coup de vieux. On s’étonne ainsi d’une certaine naïveté dans la mise en scène, ou de magnifiques plans de champs de bataille, malheureusement filmés en dépit du bon sens. Enfin, l’interprétation, légère et anticonformiste pour l’époque, prête à sourire.
Sur ce point, cette relecture d’une direction d’acteurs, qui s’accorde profondément à l’humeur du sujet, est intéressante . La charge de la brigade en question fut un désastre, et ce, bien avant qu’elle fut menée par un commandement hétéroclite, qui se bouffait le nez.

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Dès sa constitution en effet, la tension entre les alliés (Anglais, Français et Turques) est palpable. Richardson ne s’embarrasse pas alors pour forcer le trait, caricaturant à l’extrême le personnage de Lord Cardigan , qui sous les traits de Trevor Howard , s’amuse comme un petit fou. Une gueule à la Monty Python, dont l’esprit semble habiter notre réalisateur. Débonnaire et sarcastique, il concocte un mélange sinon explosif, du moins savoureux, où l’humour à l’anglaise trouve un champ d’action à sa mesure.
Avec le must, qui aujourd’hui encore fait merveille : l’utilisation à plusieurs reprises de longues séquences animées, dessin hautement expressif . Économie de moyens,  pour certaines scènes exigeant la grosse artillerie  (le départ de la flottille, son débarquement …) mais surtout un subtil artifice du scénario. En quelques coups de crayons, l’Histoire prend toute sa place dans le dispositif scénique. L’allégorie est puissante et gomme les rides du temps assassin.

LES SUPPLEMENTS

La version muette de 1912, restaurée par le British Film Institute. 13 mn.
Un excellent document, sur cette fameuse charge. Une première cinématographique.

L’introduction au film, par Christophe Champclaux, historien du cinéma. 7 mn

Il évoque le premier film sur le sujet ,de Michael Curtiz en 1936, puis le fond du problème. Cette charge, ordonnée sur une erreur de commandement, est l’exemple de ce qu’il ne fallait pas faire. Elle est toujours étudiée dans les écoles militaires.  L’historien développe ensuiteles tenants et les aboutissants d’un film qui loin d’un remake, se rapproche de la vérité historique. Passionnant.

Le poème d’Alfred Tennyson
Le texte intégral et sa traduction française. Il s’agit d’une œuvre écrite en mémoire des disparus de la bataille de la Balaklava.