Petites & Blanches

Par Dindiu @Din_Diu

Le printemps pointe le bout de son nez et aussitôt certaines plantes en profitent pour sortir. Ainsi le chemin est constellé de petits points blancs, des fleurs d'à peine quelques millimètres de large. Puis en regardant de plus près, un point blanc ne ressemble pas forcément au point blanc voisin.
Elles sont blanches, font à peine 4-5 mm de large et pourtant ces fleurs sont différentes.

L'érophile ou drave printanière (Erophila verna) est une petite fleur qui culmine à 2 à 5 cm de hauteur, au bout d'une fine tige. On ne fait pas spécialement attention à elle. A la limite, on voit un tapis de minuscules fleurs apparemment en lévitation à 2 cm au-dessus du chemin. Ne mentez pas, je suis sûr que vous l'avez déjà piétinée au moins une fois. J'en sais quelque chose ...

Comme son nom l'indique (en grec er = printemps, et philos = ami), elle montre dès les premiers jours du printemps ses huit pétales, qui en sont en fait quatre, profondément divisés. Il faut profiter de sa présence parce que si elle fait copain-copain avec le printemps, l'été n'est pas trop sa tasse de thé.

 

De la même famille que l'érophile, c'est à dire celle des brassicacées ou crucifères, et également annuelle, la cardamine hirsute ou encore cardamine hérissée (Cardamine hirsuta),  peut aller jusqu'à 30 cm de haut. Mais ça arrive de la voir très près du sol, pas loin de sa cousine l'érophile, à un peu plus de 10 cm du sol.

La fleur est à peine plus grande que celle de l'érophile, 4-5 mm tout au plus. Une fois la fleur pollinisée, un fruit se développe sous la forme d'une capsule allongée contenant les graines et appelée silique. Ces siliques dépassent alors les fleurs.

On a alors l'impression que les fleurs tentent de se cacher derrière une flopée de bras. Arrivée avant l'érophile, la cardamine hérissée s'en ira après, bien après, à la fin de l'été.

   

Toujours de la même famille des Brassicacées, et toujours annuelle, ce qui me semble être le tabouret perfolié (Thlaspi perfoliatum) viendra un peu plus tard, tandis que les dernières érophiles feront encore de la résistance.

 

A mi-chemin entre l'érophile et la cardamine, le tabouret culmine à 20 cm. Mais, toujours pareil, les fleurs dépassent guère 5 mm de large.

   

C'est parce que ses graines sont très prisées par les oiseaux que la stellaire intermédiaire (Stellaria media) est aussi appelée mouron des oiseaux. On laisse ici tomber la famille des brassicacées pour se joindre à celle des caryophyllacées.

Cette stellaire est annuelle, "toute l'année", de mars à octobre. Et ce n'est pas dix mais bien cinq pétales (cf. érophile).
Non seulement elle est médicinale (tonifiante, diurétique, ...), mais en plus elle est l'une des meilleures plantes de base pour les salades, ainsi qu'un excellent légume cuit.

   

La seule vivace de cette galerie de fleurs blanches est le plantain lancéolé ou oreille de lièvre (Plantago lanceolata) de la famille de plantaginacées. C'est le dernier à apparaître, courant mai, et sans doute le plus simple à reconnaître :  un épi ovale couvert de petites fleurs et au bout d'une longue hampe, avec à la base des feuilles en rosette et en forme de lance (d'où le nom).
Plus que les autres espèces de plantain, cette plante est médicinale et a des propriétés dépuratives, calmantes et cicatrisantes.

Difficile de marcher sur ces fleurs-là quand elles atteignent facilement les 60 cm de hauteur.
Je l'aime bien ce plantain lancéolé : une année, je me suis retrouvé avec un coin de pelouse à nu. Avec les graines des plantains voisins, j'ai improvisé un semis. Cette été-là, tout le reste de la pelouse était grillé sauf cet endroit où les rosettes de plantains restaient bien vertes.
Puis au fil du temps, ces plantains se sont dispersés, laissant la place aux autres herbes.