François HOLLANDE : "On me dit : c’est trop. Non, je dis : ce n’est peut-être pas assez."

Publié le 10 février 2012 par Letombe


"On me dit « c’est trop ». Non, je dis « ce n’est peut-être pas assez »" expliquait François Hollande à la tribune du Bourget, au sujet des 60 000 professionnels supplémentaires qu'il souhaitait déployer dans les écoles. Les enseignants ont besoin de renfort. La France occupe le dernier rang du classement de l'OCDE qui comprend 34 pays (voir infographie plus bas) si l'on considère le nombre d'encadrants pour 100 élèves. Seuleument 5 adultes sont aujourd'hui présents dans les écoles en France pour le suivi et l'éducation de 100 élèves.

Ces cinq dernières années, ce sont près de 77 000 postes qui ont été supprimés dans l'éducation nationale, alors que dans certains quartiers, les élèves ont besoin plus que jamais d'être encadrés ou soutenus. C'est pour cela que François Hollande ne parle pas simplement de 60 000 enseignants, mais de 60 000 adultes. Il est nécessaire de constituer des équipes éducatives capables de répondre aux attentes et aux problèmes des jeunes générations: medecins, psychologues, éducateurs complèteront ainsi l'equipe de professeurs dans les établissements les plus difficiles.

 Le candidat à la présidentielle souhaite également mener "une bataille contre l’échec scolaire, qui fait chaque année plus de 150 000 victimes, 150 000 jeunes qui sortent sans diplôme,  sans qualification aucune, de l’école". La jeunesse est aujourd'hui une priorité pour François Hollande, qui l'a placée au coeur de son projet pour la France.

Ces sujets seront évoqués à Orléans, jeudi 9 février, à l'occasion d'une réunion publique et après un hommage rendu à Jean Zay, grand résistant français.

>> Education : un système scolaire en échec

>> Déplacement à Orléans sur l'Education

>> Hommage à Jean Zay

>> Ce que propose François Hollande en termes d'Education

Déplacement à Orléans

François Hollande s'est rendu ce jeudi 9 février dans le chef lieu du Loiret, à Orléans. Il a reçu Christophe Paris, directeur général de l'AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville), ainsi qu’une délégation au Conseil Régional du Centre. L’AFEV est une association qui contribue à la lutte contre les inégalités dans les quartiers populaires, en mobilisant des étudiants bénévoles dans des actions d’accompagnement individualisé de jeunes en difficulté : 7 500 bénévoles dans 280 villes en France et en Espagne (Barcelone). Cette association fonde son projet sur la volonté de créer un lien entre deux jeunesses qui ne se rencontrent pas ou peu : les enfants et jeunes des quartiers en difficulté scolaire ou sociale et les étudiants.

François Hollande a visité par la suite le Centre d’études sur le camp d’internement et de la déportation juive, qui perpétue la mémoire des camps d'internement de Beaune-la-Rolande, de Jargeau et de Pithiviers. Ce centre s’est engagé dans une mission pédagogique envers non seulement les étudiants mais aussi les parents et les grands-parents.

Enfin François Hollande a rendu hommage à Jean Zay, en présence de sa famille, et a déposé une gerbe au lycée Jean Zay.

Le candidat a conclu la journée en prononçant un discours sur l’Ecole et la Nation à la Salle des fêtes de Saint Jean de la Ruelle. Vous pouvez le retrouver ici.

Education : un système scolaire en échec

Les inégalités explosent

Aujourd’hui la France est devenue l’un des pays ou les inégalités sociales ont l’impact le plus fort sur les inégalités scolaires. Aussi la suppression progressive de la carte scolaire depuis 2008 n’a fait que renforcer la ségrégation sociale.

Les élèves en difficulté scolaire abandonnés

Entre 2000 et 2009, les élèves français sont passés, dans les enquêtes PISA de la 12e à la 18e place en lecture ; entre 2003 et 2009, de la 13e à la 16e place en mathématiques. À ce jour 15 % des élèves sont toujours en échec scolaire en fin de CM2, et 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans qualification ni diplôme.

Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement actuel a supprimé 1 500 postes d’enseignants spécialisés dans l’accompagnement et le soutien des élèves en difficulté (RASED).

Violences scolaires

Les violences scolaires ont également augmenté. Au cours de l’année scolaire 2008 – 2009 on comptait 10,5 incidents pour 1 000 élèves, et 12,6 incidents en 2010-2011

>> Retrouvez la tribune de Vincent Peillon dans Libération « L’autre dette éducative » le 27 janvier 2012

Ce que propose François Hollande en termes d'Education

François Hollande proposera au monde éducatif une "refondation", une "réforme globale", qui passera, notamment, par des créations de postes et des réformes dans l'enseignement primaire, la formation et le métier d'enseignant, ou encore les rythmes scolaires.

"L'école maternelle et l'enseignement primaire" seront "une priorité" pour François Hollande, qui veut "remonter le taux d'encadrement" des élèves par les professeurs, "remonter le taux de scolarisation chez les enfants de moins de trois ans" ou encore créer une "obligation d'accueil pour le service public à partir de l'âge de trois ans".

Je veux remettre l'éducation et la jeunesse au coeur de l'action publique

Hommage à Jean Zay

Jean Zay était un homme politique français, né à Orléans en 1904. Élu député à l’âge de 27 ans, il devient ministre de l'Education nationale et des Beaux-Arts de 1936 à 1939, soutenu par Léon Blum.

Un homme engagé qui a combattu le nazisme.

Après s’être engagé sur le front, Jean Zay s’est rendu en Afrique du Nord au côté de Pierre Mendès France. En 1940, il s’oppose au régime de Vichy et est arrêté et incarcéré à Riom. Jean Zay a été kidnappé et assassiné par des miliciens à Molles (Allier) le 20 juin 1944, pour ses convictions et son combat contre le nazisme.

Un ministre pour éduquer et cultiver le peuple

Jean Zay en tant que ministre de l’Education et des Beaux Arts a su réformer l’éducation nationale malgré la crise économique de l’époque. Il a surtout mis une grande volonté à intégrer la démocratie dans le domaine scolaire. Il a mis en place le système d’ « école unique », et a ainsi mis fin à la division, purement sociale, de l’école primaire. Jean Zay, grand défenseur d’une éducation globale, ne réduisait pas l’éducation à l’intelligence. Il a d’ailleurs introduit l’éducation physique et sportive en Primaire, et d’autres activités extra scolaires. Il a aussi créé, en collaboration avec Léo Lagrange, l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré (USEP). Jean Zay a également rétabli l’importance des Beaux Arts dans l’éducation, en exerçant une politique en faveur des arts et de la culture.

« Pour Jean Zay, la République repose avant tout sur le civisme et l'intelligence des citoyens, c'est-à-dire sur leur éducation intellectuelle et morale. […] Contre la conservation sociale mais aussi contre les utopies révolutionnaires, la politique est ce mouvement par lequel l'humanité s'approfondit et devient en quelque sorte plus digne d'elle-même. »

- Antoine Prost

Infographie : Sarkozy en chiffres, «L'éducation sacrifiée»