Maquillage des années trente

Publié le 11 février 2012 par Cameline

Voici le premier d'une petite série d'articles sur le maquillage inspirés de conseils trouvés dans des journaux féminins des années trente.

Dans les années 1930, le maquillage n'est plus à l'heure de la condamnation chez les élégantes.

Les fards n'abîment plus la peau, cette époque de progrès ayant mis à leur disposition des produits plus perfectionnés.

Le maquillage évolue depuis quelques années vers plus de discrétion. « Plus de ces visages saupoudrés de blanc, soulignés de noir et barbouillés de rouge, masques blêmes et durs des coquettes d'antan, mais traits merveilleusement rehaussés par des coloris naturels et fondus. Les fards ne dénaturent plus les visages, mais accentuent leur éclat et leur beauté. »*

« Un peu d'habileté, de goût, de patience et d'intuition, vous permettront d'en connaître toutes les merveilleuses ressources, propres à vous embellir tout en gardant votre personnalité.

Car c'est là le point essentiel. Si le maquillage est un art, cet art est fait de discernement et de sagesse.

Aussi tentants que puissent être les fards par toute la gamme de leurs chauds coloris ou de leurs nuances suaves, il faut que la femme élégante sache choisir judicieusement les plus seyants à son teint, ses cheveux, ses yeux, et tout l'ensemble d'elle-même. Son coup d'oeil doit être aussi juste, aussi subtil, que celui de l'artiste-peintre qui cherche sur sa palette les couleurs nécessaires à la vie de son oeuvre. »*

« L'harmonie du maquillage tient souvent à peu de chose, mais ce peu de chose est essentiel pour les gens de goût. Un détail de raffinement sur lequel on ne saurait trop insister consiste à assortir au plus près le rouge des joues, des lèvres et des ongles, alors que trop souvent, de ces trois tons, l'un est cerise, l'autre orangé, et le dernier violacé. »**

« Le maquillage est une arme à deux tranchants : il peut embellir, il peut enlaidir, suivant les conditions dans lesquelles il est effectué.

Vous vous devez de souligner des vérités charmantes, de corriger certains défauts, de dresser un voile léger sur les marques des années, des vicissitudes, des souffrances, des ennuis … Encore faut-il y arriver en sauvegardant votre fraîcheur, votre charme, votre personnalité, votre type. »***

Poudre, fards, bâtons et crayons sont alignés sur les coiffeuses. La toilette terminée, ils offrent leurs services.

Les poudres. Il vous faut deux sortes de poudres : l'une pâle, l'autre foncée. Trempez la houppette dans le poudrier et appliquez-la avec soin sur le visage, en tamponnant. Une houppette neuve ou un tampon d'ouate en enlève ensuite le surplus.

Les fards. Un rouge à lèvres. Fard-crème pour les joues que vous appliquez et estompez avec le bout des doigts ; fard-poudre de même teinte pour les raccords dans la journée à l'aide d'une petite houppette ; fard pour paupières, étendu en touches légères ; mastic pour cils, utilisé avec une fine brosse humide.****

Pour qu'un maquillage soit parfait***

Ayez un bon éclairage. Le meilleur est celui que vous donne le miroir d'une coiffeuse exposée au nord, car il ne laisse aucun détail dans l'ombre. Mais pour la lumière artificielle, mieux vaut une lampe vous éclairant par derrière.

Votre maquillage de jour serait dur, votre maquillage du soir serait fade, si vous négligiez ces considérations.

Prenez votre temps. Etendez avec soin crème, poudre, fards, et ne faites pas application, couche sur couche.

Les jours où vous êtes pressée, ne vous maquillez pas, plutôt que de bâcler ce soin délcat dont les résultats sans homogénéité, sans « fondu », seraient lamentables.

Soyez minutieuses. La crème de jour doit être appliquée d'une main experte pour que le fond de teint présente beaucoup de légèreté ; vous vous poudrez en abondance pour vous brosser ensuite et n'en garder qu'un fin duvet.

Estompez les fards ; faites des traits impeccables et purs. Un maquillage maladroit ridiculise le visage.

Si vous êtes novice dans l'art de vous maquiller, confiez-vous une première fois à une spécialiste et procédez par essais successifs et prudents.

Pour qu'un maquillage fasse jeune

Qu'il soit discret. Il ne doit ni épaissir le grain de la peau, ni enfariner le visage, ni tartiner les joues, ni barbouiller les lèvres, ni alourdir les paupières et agglutiner les cils.

Si vous adoptez cette manière, vous vous vieillissez, car votre maquillage date d'avant-guerre quand cet art n'en était qu'à ses premiers bégaiements.

Pour qu'un maquillage soit seyant.

Respectez la personnalité et le teint.

Etes-vous d'allure sportive ? Créez-vous une expression franche : fond coloré, joues sans fard, paupières brillantes, rouge à lèvres tirant sur le brun.

Avez-vous un air romantique ? Auréolez-vous de mystère : fond pâle, joues à peine nuancées de rose, bouche et yeux maquillés avec art, l'une dans les tons pourpre, les autres en brun chaud ou en vert.

Pour une frimousse ingénue ? Douceur : poudre ivoire, fard rose, mauve ou bleu, rouge clair.

Pour une mine éveillée ? Eclat : des rouges frais, des fards neutres.

Pour un visage classique ? Naturel : teint mat, des fards pâles, des roses légers.

Ne vous avisez pas de rechercher un maquillage clair, si vous avez le type particulier des Asiatiques, Martiniquaises, Balinaises et autres.

Agissez avec beaucoup de mesure, si vous désirez rehausser votre pâleur nordique.

Souciez-vous de l'état de santé. Après une maladie, dans une période de dépression, l'excès d'artifice nuit.

Ayez une poudre de la couleur du teint, que vous appliquez sur un peu de crème ; rien aux joues, aux cils ; un corps gras sur les paupières, un rouge moyen sur les lèvres.

Sources :

Les modes de La Femme de France, 1934 à 1937 :

* 10/02/1935 – L'art de plaire : le maquillage, par Sylviie

**16/09/1934 - Conseils de Monelle

***01/11/1937 Maquillage, par Sylvie

**** 24/01/1937 Votre nécessaire de beauté, de Pierre de Trévières