Texte Jean-Yves Courageux - Photographies Jóhann Ísberg (article publié dans National Geographic de février 2012)L’Islande est l’une des plus jeunes terres de notre planète. Il y a environ 20 millions d’années, elle a surgi de l’Atlantique Nord, aux confins du cercle polaire arctique, entre la Norvège et le Groenland. Dès lors, elle n’a cessé de grandir, de s’étirer, de gagner du terrain, petite île émergée du manteau sous-marin de la Terre.
Depuis sa naissance, l’Islande, fille des volcans, s’est élargie de 400 km. Sa géographie vagabonde et capricieuse est dessinée par des soubresauts, des éruptions, des débâcles. C’est une orgie de nature. L’île abonde en phénomènes naturels très divers. Il faut donc prendre son temps et délimiter avec parcimonie les endroits à explorer. Il n’y a pas vraiment de saisons en Islande, il n’y en a jamais eu. Les Vikings avaient inventé un calendrier séparant l’année en deux semestres : un où la lumière monte, l’autre où elle décline. J’aime me rendre dans ce pays en hiver.
Si l’Islande a longtemps été la contrée la plus oubliée du monde occidental, ce n’est plus d’actualité. Thulé, comme la dénommaient les Anciens, fait souvent la une des médias. Depuis 2008, on évoque régulièrement les péripéties de son économie. En mars 2010, un volcan au nom imprononçable pour qui n’est pas Islandais, l’Eyjafjallajökull, lâche un panache de cendres qui paralyse tout le trafic aérien européen. En mai dernier, c’est au tour de la caldeira sous-glaciaire du Grímsvötn de se manifester par une puissante éruption. J’ai suivi tous ces événements sur place et en direct.
En avril 2011, une autre éruption, solaire cette fois, réactive intensivement et durablement le cycle du Soleil. En Islande, cela se traduit, dès qu’il fait nuit et clair, par l’apparition des aurores boréales, un phénomène familier des habitants des régions polaires. Pour moi, cela reste un événement prodigieux. Attiré par la promesse irrésistible de ce spectacle, je reviens dans mon pays adoptif au cœur de l’hiver. Je choisis deux points de chute, Reykjavík l’océanique et Mývatn la continentale.
Pour en savoir plus sur J.Y Courageux :
CAP COURAGEUX