Cuba, un pays vieillissant

Publié le 12 février 2012 par Quiricus

Après l'Uruguay, Cuba est le pays le plus vieillissant d'Amérique latine. Les jeunes Cubains qui ont combattu pour la Révolution et construit le pays de leurs enfants arrivent maintenant au terme de leur vie, empreints de doutes quant à leur avenir. Le passage vers le troisième âge est de plus en plus délicat.
Certes, les anciens sont protégés par de nombreux programmes spécifiques et bénéficient d'une couverture sanitaire gratuite comme tous leurs concitoyens. Cependant, le déséquilibre croissant de la pyramide des âges conduit les autorités à réfléchir rapidement à des solutions pour pérenniser le système actuel.
Au milieu de la grave crise économique touchant Cuba, les plus anciens n'ont plus les moyens de bénéficier d'une retraite honorable pour réaliser les activités qu'ils n'ont pas pu faire plus tôt. Sans une jeunesse active pour les remplacer, beaucoup devront continuer à travailler encore quelques années.


 

Les causes du vieillissement


Depuis plus de dix ans, des experts cubains mettent en avant l'urgence d'une réorganisation du pays pour supporter les conséquences économiques découlant d'une population vieillissante et d'une absence de génération de remplacement. À la fin 2010, 17,8% des 11,2 millions d'habitants que comptait l'Île avaient plus de 60 ans selon le Bureau Nationale des Statistiques (ONE). Bien que cette tendance globale soit présente dans la plupart des pays développés, le vieillissement des Cubains impose aux autorités une réforme profonde du modèle socio-économique actuel.
Ce que les universitaires avaient prédit dans les années 80 est aujourd'hui une réalité palpable. La société cubaine vieillit à un rythme accéléré. On estime que 26,1% de la population aura plus de 60 ans en 2025. La tendance devrait se maintenir jusqu'en 2050.

Les causes du vieillissement démographique sont nombreuses : l'augmentation de l'espérance de vie durant les 20 dernières années (en 1959, la moyenne s'établissait à 59,9 ans), la chute de la mortalité infantile ou encore l'accès aux techniques de planification familiale. En outre, certains faits secondaires accentuent cette tendance : une diminution de la natalité, de multiples carences de vie ou encore le manque de soutien aux jeunes couples.

D'après Otilia Z. Barros, expert auprès du Centre des Études Démographiques (CEDEM) de l'Université de La Havane, l'effet des migrations n'est pas à minorer dans l'explication de la situation actuelle. Plus particulièrement ces dernières années, Cuba n'a pas réussi à convaincre ses jeunes de développer un projet de vie sur l'Île.

Quand accoucher n’est pas si facile


Depuis 1978, le taux de renouvellement démographique (établi à une fille par femme) n'est plus atteint. Ceci s'explique par l'accès des Cubaines au marché du travail autant que par les difficultés économiques que subissent les ménages.
Cela coûte de plus en plus cher de se nourrir, de se chausser, de s'habiller ou même de s'instruire
. Un grand nombre de couples reportent leur volonté de procréer dans l'attente d'une amélioration des conditions de vie (salaires et logements), au delà de simples considérations biologiques.
Même si les femmes enceintes reçoivent une attention particulière et un suivi rigoureux quant à la santé
du futur nourrisson, les besoins économiques sont tels que les familles cubaines hésitent à assumer cette responsabilité.
L'État offre aux nouvelles mères une trousse de soins pour le bébé. Cependant, comme pour d'autres produits subventionnés, cette aide diminue d'année en année. Les parents doivent alors acheter au marché noir ou en pesos convertibles divers items en sachant que le salaire moyen ne dépasse pas 25 pesos convertibles : landaus, berceaux, couches jetables, lait...

La question reste la même pour toutes les familles cubaines : comment garder un niveau de vie convenable?