La tour de la Bourse de Montréal fermée par des manifestants

Publié le 17 février 2012 par Plusnet

Quelques centaines de manifestants provenant de divers groupes sociaux et syndicaux ont crié leur opposition aux tarifs imposés par le gouvernement Charest, jeudi matin, en plus de bloquer les accès à la tour de la Bourse pendant plusieurs heures, à Montréal.
La manifestation a aussi donné lieu à quelques incidents entre manifestants et policiers, mais aussi entre manifestants, journalistes et caméramans. Le Service de police de la Ville de Montréal a rapporté quatre arrestations. Certains «pourraient être accusés d'entrave ou de refus d'obtempérer» aux ordres, a fait valoir le SPVM en après-midi.
Les accès au Centre de commerce mondial, où la coalition devait manifester à l'origine, avaient été verrouillés à l'intérieur et à l'extérieur, et étaient surveillés par les policiers avant même l'arrivée des manifestants à 7 h 30 jeudi matin.
Les protestataires se sont donc tournés vers la tour de la Bourse, située en face. Les personnes qui y travaillent ont pu y entrer jusqu'à 7 h 45 environ, mais chaque porte a ensuite été bloquée par des dizaines de manifestants et une longue banderole.
La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics dénonce plus particulièrement la hausse des tarifs d'électricité, la hausse des droits de scolarité universitaires de 325 $ par année pendant cinq ans, et la contribution santé, que chaque citoyen doit payer dans sa déclaration de revenus — soit 50 $ en 2010, 100 $ en 2011 et 200 $ en 2012.
Parmi les manifestants, on reconnaissait des gens du Front d'action populaire en réaménagement urbain (Frapru), de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), de comités logement, de la Fédération étudiante collégiale du Québec, de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante, du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA-FTQ), de la Fédération nationale des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) et de la Fédération des femmes du Québec.
«On est ici, notamment, pour protester contre l'augmentation des frais de scolarité, a commenté en entrevue Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale. On est inquiet des impacts que ça va avoir, non seulement sur les étudiants, mais également sur les familles de la classe moyenne qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts.
«On a fait plusieurs manifestations de petite envergure; aujourd'hui on hausse le ton — non seulement les étudiants mais aussi les groupes communautaires, les groupes de femmes, les syndicats. On a décidé de s'unir en équité intergénérationnelle», a ajouté M. Bureau-Blouin.
Même si certaines de ces «taxes» ont déjà été implantées, comme la contribution santé, ces groupes estiment qu'il n'est pas trop tard pour protester. «Pour moi, il n'y a encore rien de joué. On a encore le temps. Et le prochain budget de M. Bachand peut réparer tout ça, s'il le veut, en se tournant vers les contribuables qui ont plus d'argent et vers les entreprises, aussi, qui doivent faire leur part», a commenté en entrevue François Saillant, coordonnateur du Frapru.
Les syndicats d'infirmières disent voir quotidiennement les effets de la pauvreté sur la santé des gens. «On ne pensait jamais, quand on préparait ça, qu'on arriverait à bloquer la Bourse. Et on est arrivé quand même à bloquer les entrées de la Bourse. À chaque fois, on se dit: c'est l'énergie des vainqueurs, l'énergie des gens qui se disent 'je n'ai rien à perdre, mais tout à gagner'. Alors, on va continuer de le faire, parce que ce n'est pas possible qu'on élise un gouvernement et qu'ensuite, il ne nous écoute pas», a plaidé la présidente de la FIQ, Régine Laurent.
À Québec, le ministre Raymond Bachand semblait trouver que les manifestants dépassaient les bornes. «Les gens ont le droit de manifester et d'exprimer leurs droits, mais ils n'ont pas le droit d'empêcher les autres de travailler. Tout le monde a des droits dans la société et ça doit se faire avec respect. Ils ont le droit de manifester, mais de bloquer le centre-ville, ça, c'est interdit et c'est inacceptable dans une société», a-t-il objecté.
Bousculades
Les manifestants n'ont pas bloqué le centre-ville, mais ont certes ralenti la circulation sur leur passage. Ils se sont mis à marcher dans des rues achalandées du centre-ville, spontanément, sans itinéraire précis, causant des maux de tête aux automobilistes entre lesquels ils circulaient.
Pendant que les manifestants de la coalition continuaient de scander des slogans devant l'entrée principale de la tour de la Bourse, quelques dizaines d'autres, plus jeunes, vraisemblablement des étudiants, se sont rendus devant l'hôtel Delta, qui communique avec la tour de la Bourse et le Centre de commerce mondial par des tunnels.
Des dizaines de policiers, casqués et matraque en main, ont dû encercler l'hôtel. Ils ont utilisé du gaz poivre à quelques reprises. Parfois, les protestataires empêchaient même les clients de l'hôtel d'entrer. Les policiers ont dû aider certains clients à franchir des cordons de manifestants qui se tenaient par les coudes. Les policiers ont demandé aux manifestants de s'éloigner de l'entrée de l'hôtel et, comme ils restaient sur place, un policier a vaporisé du gaz poivre.
Une empoignade a aussi eu lieu entre des manifestants et un caméraman qui les filmait. Ceux-ci criaient aux journalistes et caméramans «Crisse ton camp!», pendant que ces derniers leur disaient d'enlever leur masque et de ne pas toucher aux reporters.
À un autre moment, les policiers ont procédé à l'arrestation de deux jeunes manifestants. Après qu'ils les aient fait monter à bord du fourgon, les policiers ont tenté de mettre le véhicule à l'abri, plus loin, dans un stationnement privé. Quelques dizaines de manifestants se sont alors déplacés pour encercler le fourgon, et les policiers ont dû utiliser du gaz poivre pour éloigner les manifestants et laisser le fourgon circuler.
Source : JournalMetro