Il ne faut surtout pas porter de jugement moral sur ce film qui agace plus qu'il ne heurte. Mais à tout prendre, un bon documentaire sur la prostitution estudiantine aurait été préférable à ce film trop circonscrit socialement. Anne est une journaliste de Elle, est une femme débordée par sa progéniture et qui délaisse un mari cadre sup +++. L'appartement haussmanien révèle un confort bourgeois et déjà là, ça ne passe pas. Le personnage de la journaliste est trop bobo, trop identifiée socialement (jusqu'à la caricature) pour permettre l'identification. Et ses états d'âme ne nous concernent absolument pas. Anne enquête sur la prostitution estudiantine dont on sait qu'elle est une réalité sordide. Deux jeunes femmes sont interviewées: l'une se prostitue pour échapper aux HLM, aux pulls en acrylique, à ses origines sociales qui lui font honte tandis que l'autre s'est retrouvée progressivement embarquée dans cette impasse. Toutes deux assument sans vraiment assumer.
La réalisatrice filme des corps, de la chair et la caméra ne cache rien du visage marqué de Juliette Binoche, ne cache rien des fantasmes de ces mâles en quête de pouvoir et cyniques à souhait. Les scènes sont crues comme la réalité est glauque. Les hommes ne sont pas à la fête dans Elles. Film féministe?
Et la fin du film? Cela semble s'arranger entre Anne et son époux. Que fait-elle de ses émotions, de ce qu'elle a vu de la prostitution estudiantine? Rien si ce n'est un texte de 8000 signes.