inspiration #4

Par Petroleuses
Il y a un moment que je ne vous avais proposé une ballade en images...
La série presqu'ïle de Cyrille Wiener, exposée à la Villa Noailles en 2009, posait la problématique de l'espace urbain, social, géographique à travers un regard très esthétique et poétique, presque comme une histoire qui nous est racontée, sensible et belle. J'aime beaucoup la façon dont ce photographe aborde la notion d'appropriation de lieux, le rapport qui se crée entre l'espace public et l'espace intime. Le banc des utopies m'a aussi beaucoup touchée avec ce regard posé sur "l’échappée d’une communauté d’hommes libres animés d’un esprit nomade. Ils traversent, comme nous, un monde où la catastrophe plane sur le lieu commun. Appelés à se rencontrer, leurs corps restent disponibles à toutes formes d'improvisation : franchissement, récupération, installation… Ils sont aptes à réinvestir les vides générés par le processus de construction - déconstruction de la ville".   
 
Autre regard, autre garçon, qui a lui aussi beaucoup de talent. Raphaël Dallaporta touche aussi bien à des sujets sur les conditions humaines que des univers plus intimes et personnels, comme la fragilité de la vie. J'aime vraiment sa manière d'équilibrer son regard photographique  avec l'écrit , tout en subtilité  ce qui donne une force saisissante à son propos.Son projet Domestic Slavery réalisé en collaboration avec la journaliste Ondine Millot est totalement déstabilisant et nous oblige à réfléchir sur l'interprétation d'une image, tout cela avec un regard très esthétique je trouve. L'esclavage domestique est donc une série de photos, à priori neutres, d'immeubles en région parisienne auquelles répondent  des textes en vis à vis nous livrant une histoire qui s'est déroulée dans ce même immeuble, celle terrible d'un esclavage domestique , de souffrances infligées à des femmes. Les images de Raphaël Dallaporta sont extrêmement bien construites, appuient incroyablement  bien l'importance du texte en nous mettant dans la peau du voisin qui aurait pu être témoin de cet esclavage. C'est déconcertant la force avec laquelle l'image et le texte  nous emmènent dans son propos, comment en tant que spectateur, on se projette dans ces histoires et comment il est important de ne jamais oublier que la façade de l'ordinaire peut cacher une cruelle réalité .