Le ministère de l'Ecologie n'existe plus

Publié le 23 février 2012 par Bioaddict @bioaddict

Nathalie Kosciusko-Morizet démissionne de son poste de ministre et ne sera pas remplacée. Elle quitte le navire écologie en laissant sur le pont trois dossiers clés.  

Pour justifier son choix de se représenter aux élections présidentielles, et illustrer son propos, Nicolas Sarkozy a choisi l'image du capitaine courageux qui ne doit pas abandonner son vaisseau pendant la tempête. Mais il n'a pas hésité à demander à Nathalie Kosciusko-Morizet d'abandonner le sien pour devenir la porte parole de sa campagne, alors que des dossiers brûlants sont sur la table. Elle n'a pas hésité non plus à quitter l'écologie pour laquelle elle se sera pourtant battue. Et comme elle n'a pas été remplacée, les dossiers vont donc, désormais, être sous-traités par les services du Premier ministre... qui vont attendre la nomination du prochain gouvernement.

Mais trois dossiers sont actuellement sur la sellette et les vents contraires à l'écologie vont continuer à souffler. Il s'agit des OGM, des gaz de schiste et du nucléaire.

OGM : le Bras de fer tiendra -t-il ?

L'un de ces dossiers brûlants est la culture d'OGM en France. Le 20 février, nous avons appris que le ministère de l'Ecologie associé au ministère de l'Agriculture, avait demandé une nouvelle fois à la Commission européenne la suspension de la culture du maïs OGM MON 810, car de nouvelles études, publiées en décembre 2011 auraient prouvé que ces OGM font courir des risques importants pour l'environnement.

Nathalie-Kosciusko-Morizet s'est indéniablement battue contre la culture du maïs OGM. Et elle est en Europe une des rares à l'avoir fait. Mais maintenant qui va vraiment mener le combat, contre la Commission européenne qui n'entend pas se laisser dicter la loi par la France, contre les lobbies pro-OGM, et contre beaucoup d'agriculteurs qui piaffent d'impatience de se lancer dans la culture de céréales OGM pour augmenter leurs rendements...On pourrait compter sur Bruno Le Maire , mais il doit aussi défendre les intérêts des agriculteurs...

Gaz de schiste, qui l'emportera ?

Le dossier gaz de schiste ne cesse de connaître lui aussi des rebondissements. Il faut reconnaître que le dossier a été bien mal géré par l'ancien ministre de l'Ecologie Jean Louis Borloo qui avait accordé, sans bien comprendre les risques, des permis d'exploration et d'exploitation de ces gaz sur notre territoire. Devant la levée de boucliers des associations et de beaucoup d'élus, NKM a retiré les permis. Mais l'une des sociétés, Total, ne l'entend pas de cette oreille et continue à défier l'Etat en contestant la validité juridique de ce retrait. Et quand on connaît les moyens de pression de l'industrie pétrolière on mesure les risques de revirements sur ce dossier.

Nucléaire : l'écologie passe au second plan

Le troisième dossier concerne le nucléaire. La bataille actuelle fait rage entre ceux qui disent n'importe quoi sur notre soi-disant indépendance énergétique grâce au nucléaire, sur le coût de cette énergie, (en oubliant par exemple le coût du retraitement des déchets), sur la sûreté des centrales... et ceux qui demandent à se préparer à la sortie du nucléaire et d'accélérer le développement des énergies renouvelables, non pas en dépensant plus, mais en transférant des budgets alloués au nucléaire vers les nouvelles énergies et les économies d'énergie.

L'absence de ministère de l'écologie va maintenant laisser la voie libre au ministre de l'industrie Eric Besson. Ainsi il pourrait être question de faire tourner les centrales, non plus pendant 40 ans, la durée de vie raisonnable, mais pendant 60 ans.

Il reste à espérer qu'aucune décision interministérielle concernant ces dossiers, ou en rapport avec l'environnement, ne soit prise pendant la campagne présidentielle et que les engagements du ministère de l'Ecologie et du développement durable ne soient pas remis en cause, ou tout simplement abandonnés, en attendant la nomination d'un nouveau gouvernement.

Hervé de Malières