Le Tueur, Tome 10

Publié le 18 février 2012 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Retrouvons “le Tueur” dans sa dixième aventure, encadré de 2 associés, Mariano et Haywwod. Ces trois là ont décidé de se ranger ou du moins d’arrêter meurtres, drogues et autres occupations à haut risque. Pour se refaire une façade “officielle”, le Bizness du pétrole si rémunérateur semble être le meilleur choix…


Edité chez Casterman,
Scénario de Matz,
Dessin de Luc Jacamon,
sortie le 25/01/2012

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Public conseillé : Adolescent / Adulte, homme ou femme

Style : Polar à tendance “intimiste”

présentation de l’éditeur

Flanqué de ses deux comparses Mariano et Haywood et contre toute attente, le Tueur a engagé une reconversion radicale : devenir, dans l’ombre, l’un des patrons d’une société pétrolière, Petroleo Futuro Internacional, chargée de valoriser pour le compte de l’état cubain les gisements off-shore récemment découverts dans les eaux territoriales de l’île. Un homme de paille mexicain, Aureliano Guzman, a été recruté pour servir de façade « présentable » à l’entreprise. Tout devrait s’annoncer pour le mieux, mais quelques détails restent… gênants. Mariano d’abord, qui parle de se reconvertir dans la politique. Et la sécurité des platesformes de forage ensuite, que menacent les exilés cubains de Floride, encouragés en sous-main par les autorités américaines. Il faut que « quelqu’un » aille faire le ménage à Miami. Un travail pour le Tueur, évidemment…

Ce que j’en pense

Déjà le dixième tome du tueur dans mes mains. C’est toujours avec un grand plaisir que j’entame la lecture de ce nouveau tueur. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas ce personnage, laissez moi vous brosser un rapide portrait. Le “tueur” (c’est son nom) est un professionnel de la gâchette, sans état âme, ni humeur qui exécute ses contrats avec le plus grand professionnalisme et froideur possible. Une horreur, pensez-vous ? Et bien non, car cet anti-héro pratique son métier avec cynisme et lucidité sur l’espèce humaine. Sans agressivité, ni haine. Il exécute adroitement ses contrats avec patience et détermination. un vrai “pro”. Dommage qu’il soit dans cette branche. Ce qui rend cet affreux tueur intéressant, voire attachant, c’est qu’il se confie à nous constamment. Matz nous livre ses sentiments avec franchise et simplicité. Comme un vieux copain, il nous explique ses aspirations, nous fait partager sans retenue sa vie intérieure.
C’est très troublant, car d’un personnage moralement odieux, il en fait un confident, un ami presque…
Il faut dire que Jacamon joue le même jeux. Exprimer l’intériorité d’un personnage, sans “ennuyer” son lecteur, c’est un véritable exercice de style. D’ailleurs, c’est un grand classique en école d’art, ou habituellement tout artiste débutant se casse les dents.
Pourtant, ces 2 là ont trouvé le juste équilibre. Ils déroulent les aventures du tueur, en nous rapprochant toujours plus de ses sentiments et de son raisonnement. Ce qui nous a permis durant les 9 tomes précédents de faire amplement connaissance avec “le tueur”. Ses motivations, sa vie parallèle, son organisation, tout ce qui construit ce personnage nous a été dévoilé petit à petit. avec tout ce qu’on sait sur lui, c’est presque un vieil ami de la famille…

Mais revenons à ce nouvel opus. Le tueur est encadré de 2 associés : Mariano, un filleul de son ex-employeur, parrain de la mafia formé par ses soins et Haywwod ex-agent secret. Ces trois là ont décidé de se ranger, ou du moins d’arrêter les opérations illégales de meurtres, drogues et autres occupations à haut risque. Par pur bon sens. rien d’autre. Ils ont constaté que le gain maximum n’est plus possible faute de concurrence et les risques trop gros. Estimant qu’un plus gros poisson ou plus affamé peut les descendre au coin d’une rue, ils jugent plus prudent d’arrêter leurs activités et décident de se construisent une image “officielle”. Une nouvelle société pétrolifère sera le parfait vitrine dans le Bizness. Quoi de plus juteux comme bizzness ? Avec les banques et les assurances, c’est à n’en pas douter le parfait investissement. Mariano se paie même le luxe de rêver de politique aux sociale. Entre une belle image publique et un maximum d’argent officiellement gagné, la vie rêvée des cadres supérieurs d’entreprise leur tend les bras. Mais ce rêve “Corporte” a un prix, car le projet d’extraction pétrolifère dans les eaux cubaines, à une encablure des côtes américaines ne plaît pas à tous le monde. Les américains ne digèrent pas ce manque à gagner.
Heureusement, sous leurs déguisements costard-cravate, ces 3 la ont toujours leurs compétences si particulières. Une escouade américaine approche pour saboter la plate-forme : pas de soucis. on les attends en embuscade et armes de guerre. Ce n’est pas de la politique. C’est du profit et donc du pouvoir qui est en jeux. Pour eux, les moyens ne comptent pas. Ils faut dire que tuer sans sourciller un concurrent ou un prestataire indélicat fait réfléchir les “partenaires” encore en vie. Ce n’est pas négligeable, quand on négocie des gros contrats. Donc, nos 3 associés commencent leur Bizness avec cynisme, sang froid et coups de feu si besoin, tout en devisant sur la politique mondiale. les situations s’enchaînent, et c’est un réel plaisir de suivre ces trois là, aux motivations différentes, mais aux méthodes similaires. Tuer ou être tué. Ou plutôt, puisque le “tueur” fait souvent référence à la nature sauvage : Manger ou être mangé.

Coté graphisme, comme dans tout les tomes précédents, Jacamon assure le spectacle haut la main. Son dessin si particulier est reconnaissable entre tous. En jouant avec de multiples outils (pinceau-feutres, feutres de tailles différentes…) il obtient un encrage dont la graisse (la largeur du trait) varie sans cesse. Le résultat est un contour nerveux, dynamique, tortueux, mais qui respecte les bases du dessin académique. En gros, il dessine de façon classique, mais avec une technique personnelle.
Dans les premiers tomes, Jacamon ne dessinait que peu de décors, et peu détaillés. Il est indéniable que sa technique s’améliore avec le temps. Dans ce dixième tome (essentiellement en zone urbaine) les arrières plans sont détaillés et les perspectives complexes abondent.
l’autre caractéristique de son dessin est l’utilisation de la couleur de façon très audacieuse. Ce dessinateur est exceptionnellement doué pour “peindre” une atmosphère grâce à l’utilisation des couleurs et des lumières. En employant beaucoup de jeux d’ombre, il “habille” les scènes et les enrichis d’une atmosphère très présente. Les décors de ce tome 10 s’y prêtent moins : salle aseptisés de grandes sociétés, rues de cuba… malgrès cela, Jacamon continue d’exploiter sa technique avec bonheur. Son style est sans doute moins personnel que dans les premiers tomes, mais le dessin est vraiment agréable.

Le découpage, lui aussi est réussi. Matz fournit un matériau riche et dense (beaucoup de dialogues et de pensées en voix Off) et Jacamon l’exploite parfaitement. La lecture de l’ensemble se fait tout en douceur. Aucune hésitation dans l’enchaînement des cases n’est possible. tout est sous contrôle.

Pour résumer, j’ai pris un grand plaisir à retrouver “le tueur” dans sa tentative de reconversion. Si comme moi, vous êtes entiché de cet animal à sang froid désabusé et cynique, foncez lire votre ration annuelle. Si vous n’avez pas encore croisé la route de ce prédateur, tentez l’expérience. Matz et Jacamon vous dépayseront par des aventures pleines de fureur, tout en vous faisant réfléchir sur la nature humaine, les faux semblants et l’hypocrisie commune de notre jungle urbaine.

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