SebastiAn, un coup de coeur

Publié le 25 février 2012 par Lcassetta

Égocentrique, audacieux, voire avant-garde. SebastiAn intervient là où la musique électronique française devient lisse pour remettre tout en question. SebastiAn est une sorte de retour aux sources et un saut dans le futur. Vous comprenez ?

Quoique pas très médiatisé, comme un David Guetta ou un Bob Sinclar qui deviennent des icônes de la musique éléctronique française (malheureusement), SebastiAn n’est pas à son premier essai. Depuis son premier EP chez Ed Banger Records en 2005, notre bonhomme a fait du chemin : Avec à son actif plusieurs EPs, deux soundtracks et un album controversé, SebastiAn plait ou fait horreur, mais ne laisse jamais de marbre.

La musique de SebastiAn est sombre, limite dérangée. Répétitive et stressante, elle ne manque pas de musicalité pour autant. Les remixes que l’artiste a sorti en donnent un charmant avant-goût, à l’image du Testarossa de Kavinsky remis à la sauce SebastiAn qui prend une toute autre dimension, ou encore le très sexuel Cheap and Cheerful de The Kills auquel il a ajouté un brin d’énergie qui n’a fait que le rendre plus addictif. Lorsque la plupart des DJs font de leurs remixes de simples versions club des titres retravaillés, SebastiAn les revisite de façon très personnelle pour leur redonner une nouvelle identité.

Mais tout ce que touche notre jeune parisien n’est pas noir et déprimant par définition, SebastiAn a aussi l’art de concocter des sons tout en sensualité et des hymnes à la bonne humeur, en témoigne notamment C.T.F.O., sa collaboration avec M.I.A ou encore le Sexual Sportswear de Sebastien Tellier remixé par ses propres soins. On aurait presque l’impression d’écoute du Justice, mais avec un côté plus novateur, plus grave, moins mou.

Autre aspect intéressant de la musique de SebastiAn est, bien entendu, ses origines et inspirations. Et là, nous pouvons dire que l’artiste a un background bien riche ! D’origine turque, Sebastian Akchoté est né en France mais grandit en Yougoslavie. Une fois de retour en France, il prend gout au rap et au hip-hop, travaille avec des MC français avant de rencontrer Pedro Winter, DJ français avec lequel il désirait collaborer, mais ce dernier rejette l’offre sans pour autant le laisser tomber : Il le fera signer, en effet, chez Ed Banger Records, et c’est là que Smoking Kills, son premier EP verra le jour.

En 2011, après près de 6 ans de travail acharné, SebastiAn sort son premier album, un album qui ne fait pas l’unanimité mais qui ne passe pas inaperçu. Pas moyen en tout cas de passer à côté de la pochette où l’artiste, au summum de son égocentrisme, se roule une pelle et de la vidéo de promo de l’album, collage porno-gore classé x, mêlant femmes en burqa, monstres, filles à visage de vagin, Oussama Ben Landen et autres charmantes illustrations.

Tous ces éléments ont été, bien sûr, mis en avant pour assurer le buzz d’un album très attendu par les fans de la scène électronique underground française, mais c’est en allant dans l’essence de l’album, c’est à dire sa musique, que l’on butte contre une véritable déception.

Total n’est pas mauvais, mais Total n’est pas à la hauteur de ce qu’on attendait de SebastiAn. Total dérange, laisse sceptique par sa composition musicale comme par sa forme. Contenant 22 titres (qui devaient être 66 à la base !), dont 6 interludes, une intro et une outro, l’album déstabilise, fait perdre à l’auditeur tous ses repères et ne lui laisse aucune chance de se concentrer sur le fond même de l’album. Il reste qu’en gardant l’essentiel de ce qui compose la galette, on peut se surprendre à apprécier des sons totalement révolutionnaires, de véritables hymnes électroniques. C.T.F.O. ou le spectaculaire Tetra en sont des exemples perspicaces. SebastiAn ne s’arrêtera pas là vu que, juste après la sortie de son album, le jeune artiste part en tournée en révélant le Primary Tour, un live fortement politisé qui ne fera que raviver les polémiques.

Notre parisien sort un maxi au courant de l’année, un CD que nous avons, bien entendu, hâte d’écouter et dont nous vous parlerons dès qu’on en aura plus d’infos. En attendant, découvrez ou redécouvrez l’OVNI musical de la scène électro française qu’est SebastiAn.

Youssef Roudaby (Youssef Roudaby)

Étudiant architecte. Avide de découvertes musicales et littéraires. Cinéphile passionné. Rédacteur en chef de Lcassetta.com


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