Juste et touchante, la belle incursion d'Huster dans le Bronx...

Publié le 27 février 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

De ce texte autobiographique de Chazz Palminteri, Robert De Niro avait tiré un film ("Il était une fois le Bronx"). Aux Bouffes Parisiens, Francis Huster s'empare de cette poignante partition narrant l'enfance et l'adolescence  d'un garçon élevé au coeur du Bronx, quartier new yorkais où la mafia prolifère dans les années 60-70, partagé entre les valeurs que lui inculque son père, honnête chauffeur de bus, et la fascination qu'il éprouve pour le caïd du coin qui a décidé de le prendre sous son aile.

Monologue à 18 voix, c'est une véritable pièce qui se joue sous nos yeux, grâce au talent incontestable d'Huster dans cet exercice. Il nous l'avait déjà montré il y a plus de vingt ans avec son adaptation de "La Peste", sa faculté à saisir un personnage en un geste et une intonnation, son aisance à passer d'un rôle à l'autre en un instant sont indéniables et assez bluffantes. Remarquablement dirigé par Steve Suissa qui lui permet de maîtriser un débit qui lui joua parfois quelques tours et lui évite de tomber dans un surjeu ou un cabotinage susceptible de lui nuire, le comédien se présente au public sous son meilleur jour.

Tour à tour enfant de neuf ans, mafieux, père de famille ou loubard, sans jamais chercher la performance et avec une grande humanité, il donne vie à tous les protagonistes de l'histoire. 

Par ailleurs, une superbe scénographie réaliste (éclairée avec soin) signée Stéphanie Jarre représentant une rue aux immeubles et commerces abandonnés, délabrés, nous plonge merveilleusement dans l'ambiance adéquat. Ambiance renforcée par une bande son pour le moins envoutante, composée entre autres de standards de l'époque, qui ponctue efficacement le spectacle.

Un texte dense, vif, nerveux, émouvant sur l'éducation, la transmission de valeurs et ce qu'un enfant devenu adulte décide d'en faire. Un acteur talentueux dont la passion et le plaisir de jeu transpirent une heure vingt durant. Une esthétique séduisante enfin. Autant d'éléments qui font de "Bronx" un spectacle populaire de très belle facture.

A voir.


Photo : Ingrid Mareski