Perfume Genius – Put Your Back N 2 It

Publié le 29 février 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Vous vous sentez d’humeur mélancolique ? Très bien ma chérie, si toi aussi tu fais partie des nanas qui aiment écouter de la musique triste quand tu apprends que Ricky ton petit ami passionné par les chevaux et les voitures tunnées décide de te larguer, cette chronique d’album est faite pour toi.

 Plus sérieusement, Mike Hadreas aka Perfume Genius est bien loin d’être un pantin désarticulé et vide d’esprit. Parmi les Bon Iver, Youth Lagoon, Thomas Azier et autres coqueluches actuelles, Hadreas siège également dans l’enceinte détentrice de la flamme Dream Pop Coldwave.

 Un an et demi après son premier album Learning (2010), Perfume Genius lance à nouveau les dés sur la table de la verve artistique. Le résultat n’en est pas moins un album synonyme d’accomplissement musical mais est aussi à la pointe du romantisme et du sadisme émotionnel. Du reste, lorsqu’on en sait un peu plus sur la playlist qui égaie les journées d’Hadreas on est bien moins surpris par un tel résultat. Des Cocteau Twins en passant par des énergumènes comme Elliot Smith ou encore The Animals il paraît dès lors difficile de s’imaginer que la silhouette filiforme de Mike puisse déambuler de manière vive et enthousiaste.

 En clair, l’influence Brit Pop & post-rock alternatif des 80’s a largement su charmer le songwriter de Seattle, au point même qu’il reprend nombres de caractéristiques bien propres à cette dernière. En effet, dans Put Your Back N 2 It, l’artiste nous fait découvrir ses variations d’humeur et sa vision du monde saccagée par les aléas d’une vie trouble. Un conditionnement qui met en exergue des vocals presque murmurées, un corps synthétique quasi-omniprésent et une guitare usant de son côté sensuel. De ce fait, les lyrics introspectifs et existentiels de l’américain se fondent à merveille dans ce monument artistique qui paraît robuste mais qui cache une fragilité subtilement exploitée. La mid 80’s touch n’est pas oubliée non plus en ce qui concerne le covert art de l’album. Corps dénudés pastels et minimalisme provocateur, de quoi rabibocher le mausolée de This Mortal Coil.

 Si sur Learning, on pouvait presque croire que Mike Hadreas et son allure chétive avait pour cœur de cible les personnes désespérantes en quête de variations émotionnelles en dent de scie ; dans ce deuxième opus plus franc, ce même homme nous montre sans équivoque son intérêt pour la recherche musicale poussée et à des années lumières du mouillage de culotte One Directionnesque.

 L’ajout de certains instruments tels la guitare ou encore une légère batterie feutrée donne du coffre à une production musicale d’emblée méticuleuse pourvue de textes sulfureux et efficaces. On ne tombe jamais dans l’acharnement sur soi-même avec Hadreas qui pourtant après avoir affronté de bien difficiles épreuves, notamment un certain problème d’alcool, n’est pas tombé dans la caricature autobiographique désabusée et fait seulement transparaître certaines facettes de son caractère anxiogène (17, Take Me Home).

Take Me Home by Perfume Genius :

All Waters by Perfume Genius :

Le looké-décalé pourtant bien ancré dans une culture pop undergound et floue nous délivre de potentiels tubes comme Dark Parts, All Waters ou encore Hood qui on l’espère ne viendront pas en aide au Sheitan Twilight. Bon au fond ce ne serait peut être pas si grave car il faut bien avouer que même les meilleurs peuvent fauter. N’est ce pas Bon Iver et St Vincent ?

NOTE  :