Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes femmes.
1° Ne confondez pas romance et mariage
C’est l’écueil sur lequel buttent la plupart des jeunes filles trop imprégnées de lectures romantiques. La moindre flamme déclarée par le premier prétendant qui passe devient une promesse d’amour éternel et un gage d’union heureuse et sereine. Femmes avisées que vous êtes, vous ne tomberez pas dans le même piège que Frederica, la fille de Lady Susan. Le mariage est un contrat social, pas une histoire d’amour! Vit-on réellement de passion et d’eau fraîche? Que nenni. Le mariage doit vous apporter l’aisance matérielle, un statut social élevé et une relative indépendance.
2° Méfiez-vous de l’amour
On ne le répétera jamais assez : l’amour est un bien mauvais conseiller! Si vous vous laissez aller à de telles inclinations, vous perdez de vue la règle susmentionnée : un mariage réussi n’est pas un mariage d’amour. Ne réduisez pas vos efforts à néant en succombant au charme des troubadours qui vous chantent leur sérénade. Au pire, trompez l’ennui dans les bras d’un homme marié. Votre relation restera secrète (vous y veillerez) et n’entravera pas vos desseins.
3° Agissez pour le bien de vos enfants…
… et faite-le savoir. Pas d’enfant heureux sans une mère épanouie, qui pourrait nier cette règle élémentaire? Commencez donc par assurer votre bien-être, le leur en découlera. Les adolescentes plus particulièrement ont besoin de cadre et de stabilité : si votre vie sociale ne réunit pas ces conditions, placez les en pension. Cette séparation, ô combien douloureuse pour le coeur d’une mère aimante, sera une preuve supplémentaire de l’amour que vous portez à votre progéniture, si toutefois certaines femmes malveillantes venaient à en douter.
4° Faites des autres femmes vos meilleures amies
Soyez vigilantes : les femmes excellent dans l’art de décrypter leurs semblables. La moindre œillade appuyée, le moindre sourire inopportun seront soumis à la moulinette de leurs critiques acérées. Surtout si l’objet en est leur mari. La gent féminine est votre pire ennemi, assurez-vous d’en faire une alliée compatissante à votre veuvage, à la douleur d’être séparée de vos enfants, à votre solitude sociale. Alors que vos intentions sont nobles et pures, elles ne manqueront pas de supposer que vous ourdissez de sombres projets, leur nature est ainsi faite. Admirez-les, flattez-les, c’est le plus sûr moyen de vous les attacher.
Si Lady Susan pose, avec une certaine dose de cynisme, les bases de cet art ô combien délicat qu’est l’intrigue, assurément le modèle de toute femme, en la matière, reste Madame de Merteuil. Si vous n’avez pas encore lu ses aventures, précipitez-vous sur Les liaisons dangereuses, de Pierre Choderlos de Laclos!
Retrouvez les billet sur Lady Susan chez les participantes du Blogoclub organisé par Sylire Enfin un livre pour le challenge Un classique par mois organisé par Cécile!