Fisher Price : Il n’y a pas de mal à faire du marketing !

Publié le 11 mars 2008 par Philippe Chouraqui

Au début de l’ère des blogs, quelques marques ont eu la curieuse idée d’essayer d’avancer masquées derrière de faux blogs anonymes vantant véritablement les produits de leur marque.

Aujourd’hui, avec l’avènement du web 2.0, les marques ont intégré l’importance de proposer un concept réfléchi, qui donne du sens aux internautes, et surtout celle d’un discours limpide, dans lequel la marque apparaît à visage découvert.

Dans ce domaine, Fisher-Price a eu l’excellente idée de développer la communauté des parents éveillés avec le site deboutlesparents.com, une plateforme sur laquelle les parents échangent toutes leurs expériences, partant du principe pertinent que, de nos jours, les jeunes mères recherchent moins la caution de leurs mamans que celle de leurs pairs.

Il est nécessaire de s’inscrire sur le site pour pouvoir communiquer, et là, surprise, on vous jure les grands dieux que vos informations personnelles ne seront pas utilisées à des fins marketing ou commerciales par Fisher Price. Au nom de quoi Fisher-Price se priverait de ces informations pour élaborer une relation de confiance avec ses clients ?

De deux chose l’une :

  • Soit Fisher-Price exploite ces informations pour envoyer des newsletter commerciales généralistes, et auquel cas, ils ont raison de ne pas le faire ! Tout comme, il devrait enlever le bandeau du bas proposant leurs produits qui ne colle pas du tout avec leur discours commercialement désintéressé.
  • Soit Fisher-Price en profite pour récolter un maximum d’informations personnelles de ses internautes de la plateforme pour leur envoyer des newsletters très personnalisées avec des offres commerciales qui correspondent parfaitement à leurs besoins.

Actuellement, sur le site, on vous propose de remplir un questionnaire qui concerne davantage ce que vous pensez des produits Fisher-Price que vos attentes de parents. Je trouve cette démarche beaucoup trop précoce, maladroite car brutale et inadaptée.

Imaginez que Fisher Price vous propose d’intégrer le Club des parents éveillés en remplissant un questionnaire qui ne concerne pas du tout la marque, mais uniquement vos attentes en tant que parents d’un tel site et dans la vie. L’animation suivrait ce process :

  • On vous envoie une première newsletter contenant des informations personnalisées selon vos premières réponses, une offre commerciale spécifique et une incitation à répondre à un nouveau questionnaire.
  • Envoi d’une nouvelle newsletter au contenu et à l’offre toujours plus personnalisés grâce aux réponses précédentes, et nouveau questionnaire.
  • etc…

Les parents seront ravis de répondre aux questionnaires, nécessairement courts et orientés vers leurs besoins, car ils savent qu’ils recevront en retour des informations sur des sujets qui les concernent directement, et des offres commerciales sur des produits dont ils ont envie ou besoin.

Si tout est bien réalisé, on pourrait même imaginer le bonheur absolu de tout marketer, les parents attendront avec plaisir votre newsletter et vous seront reconnaissants de prendre autant soin d’eux en s’intéressant véritablement à eux.

Lorsqu’on lit tous les avertissements de Fisher-Price sur la non-utilisation des données pour des animations marketing, je ne peux que regretter que le marketing puisse avoir une telle image de pollution.

Si on engage ce processus de confiance, dans lequel le client donne son autorisation à la marque de lui envoyer des newsletters le concernant en échange de renseignements sur ses besoins, l’image de la marque sera nettement renforcée et les taux de transformation en augmentation sensible. Mais surtout, la marque aura créé une véritable relation avec ses clients, qui penseront de moins en moins à la concurrence à mesure que cette relation s’installe.

Que les marques nous donnent la parole et nous écoutent, nous, consommateurs, et on leur rendra bien…

Source : Enjeux les Echos