[Critique] THE FLOWERS OF WAR de Zhang Yimou

Par Celine_diane
[AVANT-PREMIERE]
Toute la presse américaine semble s’être liguée comme le pauvre Zhang Yimou (La Cité Interdite, Hero, Le secret des poignards volants). Bizarre. Avec son acteur américain, Christian Bale, en tête d’affiche, Yimou a pourtant tout mis en œuvre pour leur plaire : héroïsme exacerbé, thématiques fortes (horreurs de la guerre, tragédie amoureuse) et budget conséquent (100 millions de dollars, le plus gros qu’ait jamais connue l’industrie cinématographique chinoise par ailleurs). S’il a été pré sélectionné pour représenter la Chine aux Oscars, le film n’a pas par la suite concouru pour la statuette, a fait un bide au ciné, et s’exporte plutôt mal hors frontières chinoises (où il fait, en revanche, un carton). Et pourtant, même s’il pèche par des excès regrettables d’américanisation (la love story tirée par les cheveux entre l’américain et la chinoise, incarnée par Ni Ni, était franchement dispensable), The Flowers of war est bien plus honnête, et bien moins chargé visuellement qu’un Mémoire d’une Geisha de Rob Marshall par exemple. Le sujet, faut dire, est poignant.
Yimou revient sur le massacre de Nankin, en 1937, où des centaines de milliers de chinois ont été sauvagement tués, femmes et enfants violés par l’armée japonaise. A l’instar d’Angelina Jolie dans son récent In the land of blood and money, il s’intéresse aux dommages collatéraux de la guerre. Ici, un groupe de jeunes adolescentes et une bande de prostituées, qui ont trouvé refuge dans une église. La seule erreur du cinéaste chinois est d’avoir succombé aux travers de ce type de productions : l’introduction d’un protagoniste américain pour fédérer les spectateurs du monde entier, et, une surcharge évidente dans l’émotion. Autrement, pour le reste, le film ose la violence frontale, éclairs sanglants au coeur d'une stylisation constante de l’image (marque de fabrique du réalisateur au passage) et se révèle in fine bouleversant. Les "fleurs de la guerre", titre-symbole de ces héroïnes courageuses, est également un joli résumé de ce qui se côtoie artistiquement tout du long : brutalité et poésie, ombres et lumières. Bale, lui, s’en sort encore une fois haut la main, rendant crédible la brusque mutation d’un anti-héros alcoolique et lourdingue en sauveur au grand cœur, et, incarne à l’image ce que le film dit de mieux : en chaque homme, se cache le pire et le meilleur, l’ange et le démon.

Sortie en salles: prochainement.