Il faut donc passer outre un début de film un brin conventionnel, qui établit de façon légèrement voyante les liens unissant les différents membres de cette famille. C'est ensuite, une fois survenue la disparition de la doyenne, que L'heure d'été trouve son équilibre. Assayas filme cette maison si encombrée de trésors comme il dépeint les trois membres de la fratrie, qui peinent à se débarrasser de ce passé trop lourd pour eux. Mille petits détails entretiennent l'émotion palpable et empreinte de dignité qui pèse sur le film. La visite d'experts en art, émerveillés par les innombrables objets d'art accumulés par la défunte comme autant de souvenirs d'une vie des plus riches, est une petite merveille. Tout comme le week-end festif donné par les ados dans cette maison dépossédée de son esprit. Au prix d'une remarquable économie de mots, Assayas orchestre un poème nostalgique et un peu grave qui enjoint chacun d'entre nous à réfléchir sur sa propre condition ainsi que sur le regard qu'il porte sur les autres. Un grand film minimaliste, comme le cinéma français nous en offre trop peu. N'y voir qu'un contrepied pris par le réalisateur pour filer à des lieues du côté un peu hype de ses derniers (et excellents) films serait une insulte. En revanche, il convient de constater qu'il est aussi doué dans tous les registres, aussi opposés soient-ils. Cela mérite une admiration sans bornes.
8/10