Interprète en langue des signes : une espèce en voie de disparition ?

Publié le 14 mars 2012 par Stéphan @interpretelsf

En lisant l’actualité des rubriques “nouvelles technologies” on pourrait penser que les chercheurs du monde entier n’aiment pas les interprètes en langue des signes et qu’ils ont décidé de se liguer afin de les faire disparaitre à tout jamais.

En effet, je vous avais parlé, il y a quelques mois, de ce projet développé au Japon qui voulait convertir des chaînes de mots japonais en signes via un avatar virtuel.

Plus récemment, trois chercheurs (Oleg Imanilov, Zvika Markfeld et Tomer Daniel) ont présenté un gant qui offre la possibilité de rédiger des SMS et des e-mails sur un smartphone sans avoir à taper sur un clavier mais en utilisant la langue des signes. Chaque mouvement est traduit en texte, le gant étant pourvu de capteurs gyroscopiques, d’accéléromètre etc.

Enfin, hier, on apprenait que des scientifiques développaient un programme informatique permettant de traduire les langues des signes en texte écrit. Cela “révolutionnerait la vie des personnes sourdes et malentendantes” croient-ils utile de préciser.
Le logiciel serait utilisable via des appareils portables (ordinateur ou téléphone) et fournirait une traduction simultanée vers la langue écrite.

Ernesto Compatangelo, maître de conférences en informatique à l’université d’Aberdeen en Ecosse nous présente ce “traducteur de langue des signes portable (pSLT)” : “l’utilisateur signe devant une caméra standard intégrée dans un ordinateur portable, netbook, smartphone, tablettes… Les signes sont immédiatement traduits en texte et ainsi la personne avec qui il veut communiquer peut lire le texte traduit et comprendre son discours”.
Le chercheur ne précise pas comment celui-ci lui répond mais j’imagine que c’est à cet instant que l’interprète-avatar japonais entre en scène.

Cette nouvelle technologie serait compatible avec une large gamme de langues des signes et est d’abord destinée aux jeunes sourds (âgés de plus de 16 ans) dans les domaines de l’éducation ou de la formation.

“L’objectif essentiel est de permettre aux utilisateurs qui s’expriment en langue des signes à surmonter ce handicap de communication qu’ils éprouvent afin qu’ils puissent réussir leur parcours éducatif puis leur arrivée sur le marché du travail. L’un des aspects fondamental de ce nouveau logiciel est qu’il permet de personnaliser les signes/vocabulaire à traduire. Par exemple pour un étudiant qui suit une formation en menuiserie, il n’existe pas de signe en BSL (British Sign Language) qui signifie ” une queue d’aronde”
[précision : je ne connais pas non plus le signe en LSF !].
Un étudiant en utilisant le pSLT pourra créer ses propres  signes pour signifier “queue d’aronde” et ainsi communiquer aisément avec son tuteur ou ses camarades de classe”
.

Par ailleurs, les scientifiques précisent que ce logiciel de “reconnaissance des signes” pourrait être utilisé à d’autres fins comme permettre à une personne à mobilité réduite de contrôler les appareils dans sa maison, par exemple l’ouverture des rideaux ou tout simplement zapper devant sa télévision.

Ce service devant être mis sur le marché vers la fin de l’année prochaine, dois-je alerter Pôle Emploi qu’il faudrait réfléchir dès à présent à la reconversion professionnelle des interprètes (humains) en langue des signes ?