"Pour en finir avec l'idéologie antiraciste" de Paul-François Paoli

Publié le 15 mars 2012 par Francisrichard @francisrichard

Le livre de Paul-François Paoli est-il définitif sur l'idéologie antiraciste ? Son titre le laisserait supposer, Pour en finir avec l'idéologie antiraciste.

Mais cette idéologie, néfaste comme toutes les idéologies, a encore de beaux jours devant elle, particulièrement en France, où les idéaux de liberté sont tombés dans les oubliettes.

Qu'est-ce que le racisme ? L'auteur nous en donne plusieurs définitions, dans lesquelles se retrouve toujours la supériorité ou la primauté d'une race sur les autres :

"L'idéologie qui consiste à déshumaniser un être humain au nom d'une origine prétendument indigne et à magnifier de prétendues races supérieures."

"Le racisme suppose deux conditions : l'idée selon laquelle le spirituel est l'expression du biologique, ou si l'on veut que la culture n'est que le prolongement de la nature, et la primauté de telle race sur telle autre."

"Le racisme implique toujours, nous semble-t-il, non seulement la substantialisation de l'identité, mais aussi et surtout une supériorité de type métaphysique qui suggère la minimisation des autres peuples et de leurs mythes nationaux."

Une telle idéologie est désormais bannie et c'est bien ainsi. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait plus de racistes, mais "ils ont perdu droit de cité et ne se proclament plus comme tels".

Le racisme tel que défini plus haut est complètement déconsidéré :

"La notion de "surhumanité", fondée sur une forme ou une autre d'hérédité biologique ou spirituelle, ne peut plus être défendue par des esprits qui prétendent à une quelconque rigueur."

Aussi bien l'idéologie antiraciste ne combat-elle pas ce racisme-là. Elle se sert de l'opprobre jeté sur l'idéologie raciste pour taxer de racistes tous ceux qu'elle veut déconsidérer, lyncher médiatiquement ou tuer symboliquement :

"L'idéologie antiraciste n'est pas dangereuse parce qu'elle est antiraciste, mais parce qu'elle aboutit à réinstaurer le délit d'opinion et à fixer des limites arbitraires à la réflexion."

Cette idéologie totalitaire est, comme les autres idéologies totalitaires, manichéenne et dualiste, je dirai même simpliste :

"Elle divise le monde en bons et méchants, en amis et ennemis. Elle ignore la complexité du réel, ses ambivalences, car cette complexité la détruirait."

Cette ignorance du réel va jusqu'à nier l'existence des faits eux-mêmes. Dans ce sens-là, pénurie et absence de liberté n'étaient pas réelles dans les pays communistes. Elles n'étaient qu'"illusion liée à de mauvaises pensées".

Or, comme le dit l'auteur, exception faite des appels au crime ou à la haine raciale, la liberté d'opinion suppose de pouvoir tout dire, sinon on se situe dans un régime policier :

"Ou chacun jouit d'une liberté maximale sur le plan du langage, ou rien n'est autorisé à personne."

L'idéologie antiraciste, parce que ses adeptes sont au-dessus de ces contingences, nie que l'immigration puisse ne pas être positive, nie qu'absolutiser le droit du sol pour devenir citoyen puisse poser des problèmes.

Cette idéologie nie que les hommes aient besoin d'identité et pas seulement de valeurs, fussent-elles universelles, et qu'ils ne sont pas seulement des êtres de raison mais des êtres affectifs, héritiers d'une langue et d'une histoire :

"Les valeurs universelles proclamées n'annulent pas les différences de culture, ni les oppositions religieuses."

Cette idéologie nie que l'islam, récusant le doute, ne permet que difficilement le dialogue :

"Le christianisme, comme l'a mis en évidence toute une tradition, depuis Pascal jusqu'à Kirkegaard, repose sur un pari métaphysique. Rien de tel en islam, où il est naturel de croire au message du prophète et déviant de s'y opposer."

On ne peut qu'approuver Paoli quand il dit :

"Nous avons besoin du regard des autres pour nous appréhender nous-mêmes sans nous confondre avec eux"

Ou quand il dit :

"Pour parler à l'autre en tant qu'autre, il faut savoir qui l'on est."

On regrettera d'autant plus qu'il cède, comme bien d'autres, à la tentation de caricaturer le libéralisme :

"Le libéralisme [...] se résigne à ce que l'humain ne soit que ce qu'il est : marqué par la finitude, habité par la convoitise et l'envie. Mieux, ses faiblesses et ses vices, ce que la tradition chrétienne considère comme la marque indélébile du péché originel, il en fait des principes vitaux qui vont servir "la main invisible du marché"."

Paoli semble ignorer que la liberté, qui a donné son  nom au libéralisme, se trouve dans la propriété naturelle, que je définirai en ces termes :

"J’ai le droit de faire ce que je veux avec ce que j’ai. Il va de soi que ce que j’ai n’a pas été volé à autrui, sans quoi ma propriété ne serait pas légitime et, partant, je ne pourrais pas en faire ce que je veux. Corollaire : je ne peux faire ce que je veux avec le bien d’autrui que si celui-ci m’a donné son consentement."

Cette définition objective de la propriété naturelle découle du droit naturel. Lequel repose sur quatre des dix commandements du décalogue :

- tu ne voleras pas

- tu ne convoiteras pas le bien d’autrui

- tu ne mentiras pas

- tu ne tueras pas.

Il est curieux que Paoli, qui fustige le libéralisme, s'en prenne dans le même temps à ce qu'il faut bien appeler une des manifestations de l'Etat-Providence, qui lui est pourtant antinomique, et qu'il affuble d'un nom convenu :

"C'est toujours à cet être-là, particulier, que je donne, qu'il soit mendiant ou nanti. Et c'est ici qu'est la faiblesse de la fraternité républicaine : s'adressant à tous, elle ne s'adresse, à vrai dire, à personne."

Nobody is perfect, comme on dit en bon français...

Francis Richard

Pour en finir avec l'idéologie antiraciste, Paul-François Paoli, 192 pages, François Bourin Editeur ici