ces journalistes qui fusillent la démocratie

Publié le 16 mars 2012 par Mister Gdec

 

Cette connivence des élites journalistiques de plus en plus visible… et choquante.

 Dans son billet du jour, publié dans les coulisses de son blog habituel, Juan pose l’excellente question, centrale à mes yeux, du rôle des journalistes dans la campagne présidentielle, plus particulièrement. Il y dénonce par exemple l’étrange manque de pugnacité et de mordant de ceux qui ont interrogé Madame Le Pen au Grand Journal, comme si cette hégérie d’extrême-droite était une people comme les autres. Je rejoins l’indignation de mon ami blogueur.

 Autre exemple, Nicolas Sarkozy, invité de la Matinale d’Europe1 Mercredi dernier : « tout le monde se souriait (c’était filmé), rigolait, se chambrait à peine. Cette émission me mit mal à l’aise, vraiment mal à l’aise. Une impression de connivence, terrifiante ».

Dernier exemple enfin (il y en a d’autres chez Juan), hier, dont j’ai également  rendu compte ici : « Nicolas Sarkozy fut surpris en traitant un journaliste visiblement très jeune de couillon. Les quelques journalistes qui étaient là, filmés au moment de l’altercation, souriaient de surprise. Ils avaient raison. J’ai reconnu Nathalie Schuck. Elle a été surprise, c’était visible. Je demande à mes lectrices et lecteurs de comprendre qu’un(e) journaliste qui suit le président doit être proche sans être connivent.

L’opération drague version Sarko était évidente, grossière. Sarkozy a bien évidemment dérapé, mais pas comme on croit. Il a été grossier, vulgaire. Il s’est comporté comme ce jour où il traita un journaliste de pédophile, “pour voir” et choquer, au moment d’un des rebondissements de l’affaire Karachi. »

Voici le commentaire que je reprends ici mot pour mot adressé à la suite du billet de Juan :

« Tu as oublié de parler des (nouveaux, vraiment ?) chiens de garde…. de quel système politico-économico médiatique, qui arrange tous ceux dont tu parles ? Leur complaisance n’est pas idéologique, mais simplement d’intérêts matériels… Ils ne vont pas mordre la main de ceux qui contribuent si bien à leur donner à manger… Et tu as oublié également Barbier. J’ai vu des journalistes prétendre que Mélenchon était semblable à Marine Le Pen parce qu’il avait refusé de figurer dans une émission d’Ardisson aux côtés de Quatremer(de) et Barbier. Qui d’autre n’aurait fait la même chose s’il en avait le courage, en sachant que ces pseudo-journalistes ont un esprit si partisan, et qu’ils vont lui appliquer un traitement qu’ils se gardent bien de faire subir aux autres, même à Le Pen, qu’ils invitent plus volontiers, et se gardent bien comme tu le dis ici d’étriller, ce qui me choque profondément… Je sais bien que Mélenchon n’est pas tout blanc dans l’histoire, mais quand même, faut pas pousser. On attend des journalistes autre chose que la protection d’un système corrompu : de l’information, claire net, précise, et non orientée. Dut-elle déplaire aux politiques, ce que je conçois également, s’ils font bien leur boulot. Mais là, effectivement, ce n’est vraiment pas le cas. »

J’ajouterai pour terminer que si nous sommes de plus en plus nombreux à déplorer la médiocre qualité du travail journalistique actuellement, et que nous étrillons si volontiers certains journalistes coupables de complaisance, c’est justement parce que nous attendons davantage d’ eux que de les voir si pitoyablement servir de faire-valoirs à des politiques, dont certains si peu recommandables… et de s’attaquer à certains autres pour des raisons purement idéologiques et partisanes. Ils dépassent là leur rôle, et franchissent la ligne rouge (ou jaune ?).

Il serait temps que le monde des médias dans son ensemble se resaisisse, fasse le ménage dans ses rangs, et travaille à la définition d’un code de déontologie, voire d’un Conseil de l’ordre, comme les médecins qui n’hésitent pas quand à eux à exclure de leurs rangs les plus coupables de négligence et de pratiques contraires à la déontologie de leur profession. La fonction de journaliste est en effet à mes yeux tout aussi noble et nécessaire pour la santé de nos concitoyens, l’une physique et psychique, l’autre morale… La qualité de l’information est un enjeu démocratique fort.

Et pour l’instant, nous ne pouvons hélas que produire un constat détestable selon lequel le monde médiatique a sa part de responsabilité, tout comme les autres catégories d’acteurs publics, dans le sentiment d’affaiblissement de notre système démocratique, et d’équité dans ses rouages. je ne prendrai pour seul exemple que cette scandaleuse pléthore de sondages qui ne font qu’affaiblir notre démocratie et conditionner les citoyens à voter pour tel ou tel, ce qui est contraire à l’esprit démocratique et républicain. Qui en effet aurait envie, lorsqu’il n’est pas aussi politisé et déterminé que nous le sommes, parmi les blogueurs et journalistes politiques, de voter pour un candidat qui ne représente que 3 % des intentions de vote, et que l’on ne voit jamais sur les plateaux télé à une heure de grande écoute, quand nous sommes cependant matraqués par la présence de Holande ou Sarkozy, comme si  seulement de ux candidats se présentaient à cette élection ? Marre de leurs petites phrases à la con plusieurs fois par jour, comme si notre réalité politique  était exclusivement conditionnée par ces deux là….

Il est donc  urgent que les journalistes réagissent eux aussi,  en se remettant plus fortement en question qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent. Sous peine de voir perdurer l’analyse des Poinson-Charlot à propos des travers de l’oligarchie qui nous gouverne plus ou moins clairement… dans l’ombre des anti-chambres. Cela nous devient, démocrates de droite, du centre ou de gauche, de plus en plus choquant.