Batman - La nouvelle aube (David Finch et Jay Fabok) – Urban Comics

Par Bande Dessinée Info

Au-delà de l’affrontement entre Batman et l’association de malfaiteurs voyant s’acoquiner le Pingouin et Killer Croc, affrontement somme toute assez classique à Gotham, cet album fait surtout resurgir quelques images du passé, histoire d’étoffer encore un peu plus l’histoire du Chevalier Noir.

Les premières pages nous ramènent tout d’abord à l’enfance de Bruce Wayne, juste avant l’assassinat de ses parents, à l’occasion de sa rencontre avec celle qui deviendra son premier amour d’adolescent, Dawn Golden. Pour l’heure Bruce et Dawn ne sont encore que des enfants, et Dawn se révèle surtout être plus proche de la petite peste que de la charmante fillette qui pourrait devenir l’amie du petit Bruce.

En même temps, la petite Dawn a des circonstances atténuantes, on le découvrira au fil de l’histoire, je ne vous révélerai donc rien, je ne veux pas gâcher votre plaisir.

Plusieurs années après cette première rencontre, Dawn est enlevée par le Pingouin et Killer Croc. Certes, si l’histoire d’amour entre Dawn et Bruce a fait long feu, ce dernier ne peut cependant pas oublier si facilement celle qui lui a apporté ses premiers émois amoureux. Et puis, de toute façon, Batman ne peut décemment pas laisser un crime impuni dans sa bonne ville de Gotham, surtout quand celui-ci est perpétré par deux de ses plus vieux ennemis. Mais, si affronter le Pingouin reste somme toute une formalité pour Batman, il en va tout autrement de Killer Croc. Au passage nous assisterons à une perte de self-control assez surprenante de la part de Batman, qui va laisser le Pingouin dans un état physique lamentable. Mais là aussi il y a une explication à ce comportement pour le moins inhabituel chez notre héros. Pour ce qui est de Killer Croc, le combattre au corps à corps est déjà une autre paire de manche, qui va d’abord tourner au désavantage de Batman. C’est que le vilain est plutôt costaud et qu’il encaisse les coups comme personne...

Malgré tout, il sera aisé pour Batman de venir à bout de ses ennemis et de retrouver Dawn Golden... En fait, le véritable ennemi se trouve ailleurs... Est-ce la jeune voleuse qui est parvenue à casser les codes de sécurité de la Batmobile et à la dérober ? Est-ce le jeune inspecteur de police, tout juste muté à Gotham en provenance de Metropolis et qui parvient, à force de manigances « politiciennes », à prendre la place du Commissaire Gordon ? Ou bien est-ce une menace bien plus vicieuse, plus sournoise et, surtout, plus puissante ?

Car à peine Batman est-il parvenu à retrouver Dawn que celle-ci est aussitôt enlevée sous les yeux de son sauveur... qui se retrouve aux prises avec une nuée de petits démons, sous les ordres d’un revenant, en l’occurrence le démon Etrigan, une vieille connaissance de l’univers DC. Le démon a beau avoir été déchu, chassé de l’Enfer, exilé sur Terre, non sans avoir, au passage, perdu l’essentiel de ses pouvoirs, il n’en reste pas moins encore très dangereux, surtout quand une partie de ses pouvoirs lui est temporairement rendue par une autre démone, encore en « activité » elle, Blaze, et elle aussi extirpée des archives DC par les auteurs de cet ouvrage. Et ce n’est pas fini puisqu’un autre personnage, le Loqueteux, aux pouvoirs tout aussi surnaturels, est également de la partie. Ça ne rigole plus pour Batman, qui va devoir faire preuve de psychologie plus que de force pure pour se sortir de ce guêpier.

Etrigan est apparu dans l’univers DC en 1972. Le personnage fut créé par rien moins que Jack Kirby. Il fait, aujourd’hui encore, partie du casting de l’éditeur américain, dans les pages de « Demon Knights », après avoir été soutenu, au fil du temps, par des gens aussi talentueux que Alan Moore, Garth Ennis ou John Byrne, excusez du peu. Le Loqueteux, quant à lui, a été créé par Joe Kubert et Robert Kanigher en 1976. A ses débuts il fut l’un des justiciers de Gotham, mais sa personnalité fort complexe, qui l’a longtemps fait osciller entre le bien et le mal, semble l’avoir définitivement fait basculer du côté obscur, Blaze n’étant pas totalement étrangère à cet état de fait, c’est du moins ce qui apparaît dans cet album.

Cette histoire de Batman, en cinq épisodes, est essentiellement due à David Finch, qui en a écrit le scénario et qui a dessiné les trois premières parties, laissant les pinceaux à Jason Fabok pour les deux derniers volets. Une histoire qui fait évoluer Batman dans un monde où l’occulte et le surnaturel sont omniprésents, une situation assez éloignée de son univers habituel, pourtant déjà bien sombre ces dernières années. Le scénario est fort bien ficelé, avec de nombreux rebondissements, et le dessin, hyper réaliste, très dynamique, sans complaisance, rend parfaitement la complexité de la situation à laquelle est confronté Batman. Avec, de plus, une fin ouverte laissant présager de futures aventures pour le héros masqué.

Parution le 9 mars 2012