Faut-il croire les chiffres de l'économie ?

Publié le 16 mars 2012 par Vindex @BloggActualite

-Les chiffres aux Etats-Unis traduisent-ils la réalité économique de la première puissance au monde ?-
Tauxde chômage, inflation, taux d’activité, taux d’endettement, PIB, PNB…l’analyseéconomique nécessite l’utilisation de chiffres qui donnent un aperçu de lasituation. Mais ceux-ci, par leur fausseté, peuvent mettre à mal lesraisonnements économiques les plus logiques venant des économistes les plusbrillants…
Cetarticle a pour but de prendre quelques exemples qui montrent dans une certainemesure la manipulation plus ou moins habile des chiffres de l’économie par lesinstituts officiels, notamment concernant l’inflation et le taux de chômage,deux données clefs en terme de macroéconomie.
L’inflationen France : sous-évaluée selon Philippe Herlin :
Chercheuren finance, Philippe Herlin tente de repenser l’économie et la finance selon unnouveau système basé sur l’étalon or notamment. Il prône également undémantèlement de l’euro pour le transformer en monnaie commune et non plusmonnaie unique. Ilcritique par le biais d’un article sur Atlantico les chiffres que l’INSEEobtient pour son calcul de l’inflation, qui est d’environ 2,3 pour cent pourl’année 2011.
Surquelle base critique t-il ?  Sur uneétude très concrète faite par des journalistes de France 2 qui ont comparé lesprix en faisant des courses dans un supermarché. Résultats ? Les prix ontaugmenté d’environ 9 pour cent pour les grandes marques, et 11 pour cent pourles marques distributeurs. Bien entendu, le prix des énergies (pétrole, gaz,électricité) augmente aussi.
Commentexplique t-il les écarts entre cette étude et les calculs de l’INSEE ?Philippe Herlin évoque trois grandes raisons. D’abord parce que l’immobiliern’est pas pris en compte dans les calculs. Seuls les loyers sont pris en compteet le fait que l’Etat les contrôle entraîne une augmentation moindre des loyerspar rapport au prix des valeurs immobilières. Or, selon Philippe Herlin, sil’immobilier peut être un investissement, il est aussi un bien de consommation.Ensuite parce que l’INSEE considère que le progrès technique fait baisser lesprix. En effet, lorsqu’un bien de haute technologie est vendu au même prix pourune nouvelle version, l’INSEE considère que l’on en a plus pour notre argent,et donc que le prix baisse. De même, la baisse considérée de tous ces produitspèse trop dans le calcul de l’INSEE, car ce ne sont pas des biens consommés demanière très fréquente (sauf si pour vous l’inflation ne posera jamais deproblème car vous êtes riches…). Enfin, l’INSEE considère que la baisse deconsommation d’un produit correspond à baisse de son prix dans le panier de laménagère alors même que cette baisse de consommation du produit en lui-même aété entraînée par la hausse de celui-ci… C’est l’effet pondération.
SelonPhilippe Herlin, cette inflation réelle d’environ 10 pour cent est dues au faitque les banques centrales monétisent (créent des grosses masses de monnaies).Cela a deux conséquences : une inflation directe (les billets valentmoins, il en faut donc plus pour acheter autant) et une inflation indirecte,due au fait que pour conserver leur pouvoir d’achat, les producteurs de matièrepremière augmentent leurs prix.
Leschiffres du chômage en France et en Allemagne : masqués selon PhilippeMurer :
PhilippeMurer est professeur de finance à la Sorbonne et souhaite qu’ait lieu un débatsur le libre échange. Il évalue le chômage à environ 15 pour cent en Allemagneet à 16 voir 20 pour cent en France, alors que les chiffres officiels sont de 6pour cent pour nos voisins et de 10 pour cent dans l’Hexagone.
Pourquoide tels écarts ? D’abord parce que tous les chômeurs bénéficiant des aidesne sont pas recensés sur les listes, notamment dans les personnes âgées prochesde la retraite car ceux-ci sont dispensés de recherche. Ensuite parce qu’ilfaut aussi compter les chômeurs qui bénéficient du RSA socle en France et lestravailleurs précaires des deux pays, soit parce qu’ils sont à temps partiel,soit parce qu’ils ont un emploi ne payant pas plus de 6 euros par heure(seulement pour l’Allemagne où le salaire minimum n’existe pas).
Leschiffres du chômage aux Etats-Unis : sous-estimés  selon Olivier Delamarche :
OlivierDelamarche est un analyste financier sur BFM Business et un gérant deportefeuille boursier. Il est connu par les milieux financiers français pour sesanalyses fracassantes et ses prédiction souvent peu enthousiastes voirdénoncées comme pessimistes. Toutefois, il nous aide à lire les chiffres duchômage américain. OlivierDelamarche s’appuie sur l’étude du Bureau of Labor Statistics sur lechômage américain. Cette étude donne ses résultats : 8,3 pour cent desactifs américains sont au chômage. L’analyste financier se penche alors sur lesméthodes de calcul utilisées par le BLS. Il dénonce le fait qu’en un mois(celui de Janvier 2012), plus d’un million de personnes sont sorties desstatistiques. Il soulève aussi un paradoxe intéressant : la populationaméricaine augmente mais la population active américaine diminue. Pourtant lesEtats-Unis ne sont pas connu pour leur manque de dynamisme démographique ouleur vieillissement. C’est simplement, selon Olivier Delamarche, que lesstatisticiens jouent sur le taux d’activité des américains, qu’ils font baisserdepuis environ 2008. De même, il pense qu’il faut rajouter les travailleursprécaires et temporaires, à temps partiels, et ceux qui sont sortis desstatistiques parce qu’ils sont sortis de la période d’indemnisation. Au total,on obtient donc 20 pour cent de chômage selon le gérant financier, qui recoupeaussi avec d’autres chiffres l’utopique 8,3 pour cent : par exemple, 15pour cent des américains bénéficient de l’aide alimentaire pour se nourrir.Quand on sait que beaucoup de gens qui en bénéficient travaillent et que cesgens qui mangent grâce aux bons alimentaires sont plus nombreux (officiellement)que le nombre de chômeurs, on comprend que les chiffres du chômage américainsont très sous-estimés. Il ajoute que le chômage devient un chômage de longuedurée dépassant de plus en plus la période d’indemnisation.   

Sources :
L'Observatoire de l'Europe
Atlantico
BFM Business
Vincent Decombe